Visite des Catacombes de Paris, musée insolite sous la ville


Aujourd’hui, nous allons plonger au cœur de la capitale pour une visite des Catacombes de Paris, un gigantesque ossuaire dans les sous-sols de la ville. L’occasion de vivre une balade dans la pénombre aux côtés de quelques millions de Parisiens qui trouvent dans la fraîcheur de ces galeries souterraines le repos éternel.

Les Catacombes nourrissent mille légendes, leur histoire fascinante ne cesse d’intriguer touristes et passionnés, preuve en sont les milliers d’avis postés sur TripAdvisor au sujet du lieu… mais que vaut vraiment la visite officielle ? Pourquoi a-t-on déposé des ossements sous la ville de Paris ? Pourquoi a-t-on décidé de transformer l’endroit en musée ? Et qui sont tous ces gens ?

Dans cet article, je vais vous emmener avec moi à la découverte des galeries souterraines, vous donner un avis sur l’endroit et des conseils si vous envisagez de le visiter !

Les Catacombes de Paris, petit musée au cœur d’un labyrinthe souterrain

L’entrée pourrait presque passer inaperçue, au beau milieu de la place Denfert-Rochereau et sa dense circulation. Nous sommes dans le 14e arrondissement, à 10 minutes à pied de la Gare Montparnasse.

Pourtant, c’est bel et bien ici, au cœur de l’agitation d’une capitale de France en mouvement, que nous allons quitter la lumière du jour et descendre dans les entrailles de Paris, à 20 mètres de profondeur environ, pour la visite de l’un de ses monuments les plus célèbres : les Catacombes.

Derrière cette appellation se cachent en réalité deux lieux bien différents :

  • Un musée « officiel » qui occupe environ 11000 m² et permet de parcourir environ 1.7km de galeries souterraines, dont l’ossuaire municipal de Paris (les ossements d’environ 6 millions de Parisiens) ;
  • Un immense réseau de carrières souterraines qui s’étend sous la capitale et n’est pas accessible au public, avec le GRS (Grand réseau sud) et ses 100 km de galeries sous les 5e, 6e, 14e et 15e arrondissements, le « Treizième » (réseau de 25 km situé sous le 13e arrondissement) et une foule d’autres galeries réparties dans le reste du sous-sol parisien. On estime la taille de ce réseau à près de 300 km de galeries au total.

D’où viennent toutes ces galeries ? Pourquoi retrouve-t-on des ossements humains au beau milieu d’entre elles ? Pourquoi une partie est ouverte au public et l’autre non ? Autant de mystères que nous allons démêler au fil de notre visite !

Crânes empilés dans les catacombes
Crânes empilés dans les catacombes

Des carrières souterraines à Paris

Un sous-sol riche en calcaire

Pour comprendre l’histoire des Catacombes, il faut revenir à une époque très ancienne, il y a plus de 40 millions d’années. A ce moment-là, une roche calcaire se forme dans le sol. Il n’y a pas encore d’humain pour le savoir mais un jour, à cet endroit, il y aura la ville romaine de Lutèce… et plus tard, une capitale de la France que l’on appellera Paris.

Et un jour, on réalisera ici le tout premier forage géologique dans le sol de Paris (dont je vous reparlerai un peu plus tard) et l’on découvrira les différentes couches du sous-sol, dont celle-ci, inédite, évoquant une période de l’histoire encore inexplorée. On lui donnera le nom de « Lutétien » et ce forage deviendra la coupe de référence internationale de cette ère.

Une pierre utilisée pour la construction

Dans l’Antiquité, au 1er siècle, on découvre que cette roche calcaire est très intéressante pour la construction.

On bâtit donc des carrières en surface pour extraire la pierre afin de construire certains monuments qui existent encore aujourd’hui, comme les arènes de Lutèce (visibles au 49, rue Monge) ou les thermes gallo-romains de Cluny, dont l’une des salles a été préservée jusqu’à notre époque, véritable prouesse architecturale puisqu’elle comporte une voûte de plus de 14 mètres de hauteur (le musée de Cluny est en rénovation jusqu’en 2022 mais les thermes peuvent en temps normal se visiter).

Au fil des siècles, de nombreux monuments de Paris – dont la cathédrale Notre-Dame – vont faire appel à cette pierre de Paris… et l’exploitation du calcaire devient peu à peu souterraine à partir du 13e siècle, car on creuse de plus en plus pour l’atteindre !

Galerie dans les carrières de Paris
Galerie dans les carrières de Paris

Pour la petite histoire, dans le sous-sol de Paris, il n’y avait pas que du calcaire ! Celui-ci était majoritaire au sud de la Seine, ce qui explique qu’on retrouve ici la plus vaste partie du réseau de carrières souterraines… mais il y avait aussi du gypse au niveau de Montmartre et Belleville (dont on se servait pour fabriquer du plâtre), et de la craie (plutôt dans la banlieue sud-ouest de Paris).

C’est autour du 15e siècle qu’aurait été creusée la partie du réseau que l’on visite lorsque l’on se rend dans les Catacombes de Paris, mais il faut savoir que la création de carrières s’est poursuivie jusqu’au 19e siècle.

Un gruyère qui devient dangereux

A force de créer des cavités dans le sous-sol de Paris, on le fragilise, d’autant que l’on abandonne certaines carrières au fil du temps lorsqu’elles deviennent difficiles à exploiter. Résultat : le manque d’entretien et le caractère anarchique de ces souterrains provoque des accidents. Le sol de Paris s’effondre parfois dans de dramatiques tragédies qui hantent les habitants, une sorte de menace latente qui plane…

C’est le roi Louis XVI qui décide de contrer la psychose générale en lançant un vaste chantier de cartographie et de maintenance de ce réseau souterrain. On crée une instance chargée de la surveillance des carrières (l’Inspection générale des carrières), on nomme une foule d’ingénieurs qui vont étudier les carrières, leur configuration, décident de consolider certaines cavités en créant des piliers à l’intérieur, d’en boucher d’autres (soit par comblement, soit par « foudroiement » en faisant exploser les piliers pour que la caverne s’effondre).

On fait aussi en sorte à l’époque de relier les carrières restantes entre elles, afin qu’il soit plus facile de circuler dans l’ensemble du réseau grâce à des « galeries de servitude ».

En 1813, on estime qu’il devient beaucoup trop dangereux de continuer à creuser le sous-sol de Paris (d’autant que la ville, en surface, est en pleine expansion). On interdit donc toute exploitation ultérieure des carrières.

Citation sur la mort dans les catacombes
Citation sur la mort dans les catacombes

La création des Catacombes de Paris

A la fin du 18e siècle, on se retrouve donc avec d’innombrables galeries et cavités sous Paris… dont le destin sent sérieusement le roussi !

Pour couronner le tout, les effondrements intempestifs sont loin d’être le seul problème des Parisiens à l’époque. Au 18e siècle, la capitale fait aussi face à un énorme problème de salubrité.

Le fascinant cimetière des Innocents

Depuis le Moyen-Âge, quand quelqu’un meurt à Paris, il est souvent enterré au cimetière des Innocents, situé en plein cœur de la capitale, à côté des Halles. C’est un lieu qui, en son temps, a suscité fascination et effroi à la fois, tant il était grand.

On y enterrait tout le monde : les morts de mort naturelle, les morts à l’Hôtel-Dieu, les morts des grandes épidémies comme la peste, les morts célèbres et les morts inconnus (comme ceux qui étaient exposés au public pour identification à la morgue de Paris)…

Les plus pauvres étaient inhumés dans de gigantesque fosses communes pouvant accueillir 1500 corps tandis que les plus aisés pouvaient jouir du luxe d’un cercueil en bois. Les privilégiés pouvaient prétendre à une sépulture au sein de l’église des Saints-Innocents rattachée au cimetière. Une fois les corps décomposés, on entassait les ossements dans des charniers, de grands bâtiments qui encadraient le cimetière.

Imaginez ce lieu immense, où des générations entières de Parisiens s’entassent et redeviennent poussière au point que le sol du cimetière est plus haut de 2.5 mètres que les rues adjacentes…

Trois crânes dans l'ossuaire de Paris
Trois crânes dans l’ossuaire de Paris

La situation tourne mal en 1780… avec un épisode qui ressemble de près à un scénario de film d’horreur. Un restaurateur parisien voit soudain le mur de sa cave s’effondrer… et un mélange d’ossements et de cadavres se répandre dans son sous-sol. Charmant, n’est-ce pas ?

C’est hélas le fruit de l’encombrement terrifiant du cimetière des Innocents, où près de 2 millions de personnes ont été inhumées sans discontinuer. L’épisode est suffisamment marquant pour que l’on décide assez vite de la fermeture du cimetière.

Déjà, depuis 1765, il était interdit de procéder à de nouvelles inhumations à l’intérieur de Paris, tant les cimetières commençaient à provoquer des problèmes de santé publique.

Ce que Paris a vécu n’est en réalité pas rare. Beaucoup de villes, en France mais aussi à l’étranger, à peu près à la même époque, ont été confrontées à la croissance de leur population : les cimetières, autrefois installés près des églises, devenaient trop petits pour accueillir tous les défunts et face à l’insalubrité, on a souvent décidé d’en construire d’autres à la périphérie des villes.

L’idée de créer un ossuaire municipal

Fermer le cimetière des Innocents est la meilleure décision qui soit d’un point de vue hygiène… mais reste une question à résoudre : que faire des ossements des 2 millions d’occupants du cimetière ?

Les autorités ont alors l’idée d’exploiter les carrières situées au sud du quartier des Halles, dans une zone qui à l’époque se trouve à l’extérieur de Paris ! Et si l’on y transportait tous les ossements des charniers pour les entreposer dans ces grandes caves à l’abri des intempéries ? Une bonne manière de se servir « utilement » de ces carrières en fin d’exploitation.

Une croix dans les catacombes de Paris

L’idée séduit. En 1786, on vide le cimetière des Innocents et on rase l’église des Saints-Innocents, vestiges disparus à tout jamais dans la croissance de Paris. Assez rapidement, le lieu de stockage des ossements est surnommé « les Catacombes de Paris »… même si, en réalité, le terme « catacombes » n’est pas tout à fait adapté puisqu’il désigne une cavité souterraine dédiée à la sépulture. Ici, les gens n’ont pas directement été enterrés là, ils y sont arrivés au fil des péripéties de l’histoire et de la santé publique.

Le nom s’accroche et d’autres cimetières parisiens viennent alimenter les Catacombes en nouveaux occupants, avec deux phases de « déménagement » majeures : une première phase entre 1786 et 1788, juste après la création de l’ossuaire ; une seconde phase entre 1842 et 1860, juste avant que la capitale n’absorbe certaines villes limitrophes comme Belleville ou Vaugirard qui deviennent des quartiers de Paris.

L’ossuaire a aussi accueilli des victimes de la Révolution Française, de massacres comme celui des Tuileries… On estime à 6 millions le nombre de personnes ainsi rassemblées dans ces galeries et cavités !

C’est assez surprenant quand on constate en allant sur place que cela n’occupe qu’une minuscule partie du vaste réseau de carrières souterraines !

Galerie d'ossements

Les transferts d’ossements se déroulaient souvent à la tombée de la nuit : pendant la journée, on préparait des « chargements » d’os issus des charniers ou du sol… et au crépuscule, des chars funéraires accompagnés de chœurs de religieux partaient conduire leur précieux contenu jusqu’au puits de service des carrières, où l’on vidait le chargement.

En bas, des hommes affectés à cette mission récupéraient les os pour les charger sur des brouettes ou des chariots de bois et les conduire à leur place définitive.

On estime qu’au total, il y a environ 17 cimetières, 145 monastères et 160 petits cimetières accolés à une église qui ont été transférés dans les Catacombes.

Certaines célébrités reposent dans les Catacombes mais leurs ossements n’ont jamais été identifiés parmi tous ceux des Parisiens anonymes, certains y liront peut-être le rappel philosophique de notre égalité face à la mort : Rabelais, Lully, Racine, Perrault, Colbert, Nicolas Fouquet, Marat, Blaise Pascal, Charlotte Corday, Robespierre, Danton, Jules Hardouin-Mansart et même l’homme au masque de fer ! La liste est longue !

Une galerie dans l'ossuaire des Catacombes

De l’ossuaire au musée

A présent, vous savez pourquoi des ossements se sont retrouvés là… mais comment en est-on arrivés à en faire un musée ? Même si la découverte de cimetières est souvent très riche pour comprendre une culture, des traditions, des croyances, il y a tout de même un pas à franchir pour qu’un charnier devienne un lieu touristique !

Au départ, les Catacombes ne se visitent que rarement. Le premier visiteur célèbre à en faire la découverte est le comte d’Artois en 1787, en pleine création du lieu… et on organise ponctuellement des visites pour une poignée de privilégiés.

En 1809, Louis-Étienne Héricart de Thury, homme politique et homme de science, renoue avec les Catacombes, délaissées pendant cette période trouble de l’histoire post-Révolution française. Il décide de préparer une ouverture au public dans de bonnes conditions et engage alors une grande opération séduction autour des lieux.

On décide de ranger les ossements, ce qui donne aux Catacombes de Paris l’aspect fascinant qu’elles ont aujourd’hui, avec leurs piles de tibias et de fémurs et leurs rangées de crânes à l’alignement travaillé. A leur création, ce n’était pas du tout ainsi, les os avaient été entassés sans organisation aucune car le lieu n’avait pas vocation à accueillir du public.

On en profite aussi pour poser des plaques gravées. Certaines servent à l’identification des ossements.

Plaque d'identification des ossements

D’autres proposent des vers pour réfléchir au sens de la vie… et de la mort, soulignant la fragilité de l’existence humaine. Cette façon de mettre en scène la mort relève presque de l’art, on l’expose comme on le ferait dans une galerie, avec ce qu’elle inspire de peur, de respect, de fascination.

Citation dans les Catacombes de Paris

On crée aussi des éléments architecturaux d’ornement et des cabinets exposant des échantillons de roches, pour enseigner aux Parisiens la géologie du sous-sol. Ces cabinets prennent généralement la forme d’escaliers, sur lesquels on pose des roches pour symboliser les différentes couches du sous-sol.

C’est aussi à cette époque que l’entrée très célèbre de l’ossuaire voit le jour avec son inscription « Arrête ! C’est ici l’empire de la Mort », une citation de l’Énéide que prononce le pilote de la barque permettant de traverser le Styx, rivière qui mène aux Enfers, quand il accueille Énée.

Entrée de l'ossuaire municipal de Paris
Entrée de l’ossuaire municipal de Paris
Crânes formant une croix dans l'ossuaire des catacombes
Crânes formant une croix dans l’ossuaire

On creuse également des puits, vers la surface pour l’aération des carrières et vers le sous-sol pour accéder aux nappes phréatiques. Cette eau sert aux ouvriers pour fabriquer du mortier nécessaire à l’entretien des carrières. Je vous avais montré ce genre de puits dans la carrière des Capucins, une carrière méconnue située sous l’hôpital Cochin.

Dans les Catacombes, il y en a un qui correspond au fameux puits de forage du Lutétien dont je vous ai parlé au début de l’article. On l’a surnommé « le bain de pieds des carriers » car l’eau était si transparente qu’on pouvait vite y tremper les pieds sans s’en apercevoir en descendant les marches qui y menaient pour aller puiser de l’eau.

Le succès de ce « musée souterrain » est immédiat dès l’ouverture et ne se dément pas encore aujourd’hui, les Catacombes recevant plus d’un demi-million de visiteurs par an.

C’est là que deux histoires se créent : d’un côté, le musée ; de l’autre, le reste des carrières souterraines, que l’on surnomme bien vite les « Catacombes interdites ».

Elles ont eu une foule d’usages : brasserie, bunker, ossuaires annexes aux catacombes principales, salles de stockage des radios de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, salles accueillant des fêtes clandestines… Les passionnés de catacombes (les cataphiles) ont aménagé les lieux au fil des décennies (même si, hélas, certains visiteurs ont aussi largement dégradé l’espace par des tags).

Au départ, il existait encore plusieurs centaines d’accès aux galeries et aller explorer les souterrains de Paris était une activité très populaire. Evidemment, vous vous doutez bien que ce n’était pas très sécurisé, à la fois à cause de la taille du réseau et de sa configuration (des puits non comblés, des galeries qui souvent se ressemblent, l’absence de lumière sans laquelle il fait nuit noire)…

L’Inspection des carrières a donc peu à peu muré les entrées… mais il en reste. L’accès est interdit, vous vous exposez donc à une amende de 69€ en cas d’intrusion, ce qui ne décourage pas les passionnés. Si vous faites partie de ceux qui ont envie de prendre le risque, restez responsable malgré tout. Gardez en tête que c’est un lieu qui peut être dangereux : n’y allez pas seul, faites-vous accompagner par un cataphile expérimenté.

Interdiction de fumer dans l'ossuaire
Interdiction de fumer dans l’ossuaire

La partie « musée » n’a pas échappé elle aussi à quelques débordements en son temps, avant d’être mieux surveillée et cadrée. En 1897 par exemple, une centaine de Parisiens reçoivent une mystérieuse invitation pour le « concert des Catacombes »… et sont invités à se rendre avec la plus grande discrétion possible jusqu’à l’entrée de l’ossuaire municipal, une fois la nuit tombée.

A minuit pile, dans les sous-sols de Paris, 45 musiciens de talent (certains étant membres de l’Opéra), interprètent pendant 2h des œuvres en accord avec le lieu et l’horaire, comme la Danse Macabre de Camille Saint-Saëns ou encore la Marche Funèbre de Chopin. Après ce concert impromptu, on trouvera une solution très cohérente avec les lieux : empiler des ossements entre les piliers des cavernes, pour que l’on n’ait plus la place de mettre des musiciens et des spectateurs !

Mais revenons à des perspectives plus légales… celles des Catacombes « officielles », aujourd’hui placées sous l’égide du Musée Carnavalet.

Un puits vers la surface pour l'aération des carrières
Un puits vers la surface pour l’aération des carrières souterraines

La visite des Catacombes de Paris

Je vous ai montré quelques curiosités en photo au fil de mon récit… mais pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, que voit-on exactement quand on visite les Catacombes ?

Après quelques salles d’introduction, la récupération d’un audioguide (vivement conseillé car les explications en sous-sol sont légères), vous descendez environ 130 marches et débouchez dans quelques salles supplémentaires qui posent les grandes lignes de l’histoire des lieux (présentée de manière très succincte mais bien imagée).

Première partie du parcours

Ensuite, la lumière s’atténue et l’on pénètre dans une longue galerie qui permet de repérer quelques curiosités, par exemple des marques d’outils au plafond et un trait noir tracé sur le ciel de carrière. Il permettait aux premiers visiteurs de se diriger plus facilement car à l’époque, il n’y avait pas d’électricité, la pénombre était encore plus prononcée qu’aujourd’hui.

Ligne noire sur le ciel de carrière
Ligne noire sur le ciel de carrière

Ces galeries sont des hagues, formées de pierres sèches, derrière lesquelles il y a des bourrages (de la terre et des déchets issus de la taille des pierres)

Vous verrez aussi des marques laissées par les différents ouvriers ayant travaillé à la sécurisation des carrières, petites contributions à l’histoire des lieux. Les marques se composent en général d’un chiffre, une initiale et une année. Par exemple, « 31.R.1879 » signifie que c’est le 31e pilier construit sous les ordres de Émile-Louis Roger (Inspecteur général des Carrières entre 1879 et 1885), en 1879.

Marque se référant à l'Inspection Générale des Carrières
Marque se référant à l’Inspection Générale des Carrières

Au fil du parcours, vous allez croiser des plaques de noms de rues. Elles constituaient un moyen de se repérer en sous-sol par rapport au monde extérieur.

Plaque de nom de rue dans les carrières souterraines
Plaque de nom de rue dans les carrières souterraines

On traverse ensuite des vestiges des galeries de consolidation de l’aqueduc d’Arcueil, un projet pensé pour apporter de l’eau au palais du Luxembourg et à son jardin à l’époque de Marie de Médicis.

Mentions de l'aqueduc d'Arcueil
Mentions de l’aqueduc d’Arcueil

Puis on arrive à l’Atelier, une zone qui ressemble aux carrières telles qu’elles étaient quand elles étaient encore exploitées. C’est l’occasion de voir les vestiges de deux types de piliers utilisés dans les carrières :

  • Le pilier tourné, qui consistait à creuser en tournant autour d’une zone où on laissait la roche sans y toucher, formant ainsi un pilier naturel.
  • Le pilier à bras, où l’on empilait à la force des bras de gros blocs de roche (on mesure en les voyant à quel point les carriers étaient loin de mener la vie de château, on devine la pénibilité du travail).
L'Atelier, dans les Catacombes de Paris
L’Atelier

Vous découvrez ensuite d’autres curiosités, comme ce très beau passage « des doubles carrières ».

Passage des doubles carrières
Passage des doubles carrières

Entrée dans l’ossuaire municipal

L’ossuaire des Catacombes de Paris, que je vous ai déjà abondamment montré en photo, arrive ensuite. On emprunte un peu moins de 800 mètres de galeries… où les ossements s’entassent souvent autour de 1m50. Paradoxalement, je n’ai trouvé ça ni lugubre ni effrayant, c’est même plutôt esthétique à sa manière.

Il est étrange de se représenter que tous ces crânes ont appartenu à des gens, symbolisent chacun une vie, ils sont les vestiges d’un temps où des hommes, des femmes arpentaient les rues de Paris, dans une France d’un autre temps. Ce sont des gens qui ont bu, mangé, dormi, aimé, ri, pleuré. On peut vite l’oublier face à la multitude… mais se le rappeler inspire un profond respect pour eux.

On croise la fontaine de la Samaritaine (construite en 1810), qui collecte l’eau de la nappe phréatique.

Fontaine de la Samaritaine
Fontaine de la Samaritaine

Ou encore la seule « vraie pierre tombale » des Catacombes, celle de Françoise Gellain (alias Dame Legros), transférée ici depuis le cimetière de Vaugirard. Au 18e siècle, cette femme ramassa un billet jeté par un homme depuis la prison de Bicêtre et, l’ayant lu, tomba folle amoureuse de lui. Elle déploya une énergie colossale pour le faire libérer et fut finalement récompensée par un prix de vertu de l’Académie française pour ses efforts.

Pierre tombale de Françoise Gellain
Pierre tombale de Françoise Gellain

On arrive enfin dans la « crypte de la Passion » ou « rotonde des Tibias », une salle avec un pilier central en forme de tonneau, entièrement composé de tibias organisés autour d’un (vrai) pilier de soutènement bien solide. C’est à cet endroit précis qu’a eu lieu le fameux concert clandestin dont je vous ai parlé !

La rotonde des tibias dans les catacombes
La rotonde des tibias

L’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le grand défi est de préserver les vestiges et les ossements, dans un lieu riche en humidité. Au fil des années, quand on rénove les hagues, on crée souvent des « socles », des sortes de soubassements qui permettent de créer un rempart entre le sol et les ossements pour mieux les protéger. On évite aussi l’utilisation de ciment et de mortier, qui fragilisent les os.

On regagne la lumière du jour par un escalier de 112 marches, le ciel de Paris remplaçant le ciel de carrière !

Avis sur la visite des Catacombes

J’ai trouvé la visite intéressante et originale, l’empilement très travaillé des ossements relevant presque de l’art. Je dois cependant admettre que je trouve le prix du musée très élevé pour ce que c’est (près de 30 euros pour un parcours inférieur à 2 km, que les plus pressés font en une heure).

C’est d’ailleurs une grosse source de déception quand on lit les contributions TripAdvisor, les gens s’attendant à « plus » pour le tarif. A fortiori quand on sait que le musée Carnavalet – qui gère les Catacombes de Paris – est quant à lui gratuit… ou que d’autres monuments de Paris très populaires sont accessibles pour un tiers de ce prix.

Pour ma part, aimant la photo et aimant lire les « détails », j’ai passé plus de temps sur place (il se pourrait même que j’aie été la dernière à sortir des Catacombes ce soir-là, ce qui est un sentiment assez étrange ^^)… mais pour quelqu’un qui visite de manière plus « classique », en écoutant l’audioguide et en marchant, je trouve le prix du billet élevé.

Il existe heureusement une option pour payer moins cher (je vous en parle juste après), elle vaut le coup à mon sens !

Cela reste mon opinion subjective mais j’ai eu le sentiment que le musée cherchait à tirer profit de son originalité (il faut reconnaître qu’il est unique en son genre en France) en facturant un maximum… et je suis d’avis que c’est un peu dommage, alors qu’il y a tant à raconter sur l’endroit.

L'audioguide des Catacombes de Paris
L’audioguide des Catacombes

Sachez aussi que depuis 2016, certains lieux ne sont plus accessibles librement au public, il faut réserver les visites avec guide (payantes bien sûr), organisée par les Catacombes, qui permettent de voir des endroits comme :

  • La crypte du Sacellum, une sorte de chapelle avec un autel où l’on célébrait autrefois l’office des morts. Cet autel a en réalité une fonction de consolidation des parois, fragilisées par un éboulement.
  • La lampe sépulcrale, une vasque dans laquelle on brûlait autrefois de la résine de poix pour rendre l’air plus respirable à l’époque où les ouvriers transféraient tous les ossements et brassaient donc de la poussière d’os tout le temps.
  • Le tombeau de Gilbert, un monument dédié au poète Nicolas Gilbert décédé à 29 ans seulement… et qui est en réalité lui aussi une consolidation.
  • La galerie de Port-Mahon, des sculptures de Décure réalisées entre 1777 et 1782. L’homme avait de petits revenus d’ancien soldat réformé et s’était engagé à l’Inspection des Carrières pour compléter sa solde. Passionné de sculpture, il avait conçu après son travail des maquettes de Port-Mahon à Minorque, où il avait été retenu prisonnier. Ironie du sort, il a été tué par son art, victime d’un effondrement alors qu’il essayait de créer un accès vers ses œuvres depuis l’étage supérieur.
  • Le bain de pieds des carriers, ce fameux puits de forage du Lutétien dont je vous ai parlé.

Comment visiter le musée des Catacombes ?

Accès au monument

La place Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement de Paris, est desservie par le métro (lignes 4 et 6) et par le RER (ligne B). Les Catacombes se situent sur la place elle-même, au niveau de l’avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy, sur le Square de l’Abbé-Migne.

La sortie s’effectue au 21bis, avenue René-Coty, toujours dans le 14e arrondissement.

Si vous avez des enfants, sachez que le musée recommande de ne pas les emmener avant l’âge de 10 ans car ils peuvent être marqués par la vision des squelettes. Si vous allez visiter les Catacombes en famille, prenez le temps de donner à vos enfants quelques explications sur la visite afin de les aider à prendre du recul.

Même chose si vous êtes claustrophobe, les galeries ne sont pas très « hautes de plafond » donc les Catacombes ne font pas partie des monuments que je vous conseillerais.

Notez que vous ne pouvez pas entrer avec un gros sac ou une valise, seuls les sacs mesurant au maximum 40x30cm sont autorisés et il n’y a pas de consigne sur place. Si vous venez avec un sac à dos, il vous sera demandé de le porter devant vous ou à la main afin de ne pas risquer d’abîmer les lieux.

Si nécessaire, sachez qu’il y a des toilettes en début et fin de parcours.

Si vous souffrez d’un handicap moteur, sachez que la visite n’est malheureusement pas accessible à ce jour en raison de la configuration naturelle du site (escaliers, sol inégal, etc). Aucun problème pour les autres handicaps.

Si vous êtes aveugle ou malvoyant, vous avez le droit de venir avec votre chien-guide mais pas avec une canne blanche en raison du risque que cela représente pour les ossements. De même, vous n’aurez pas la possibilité de toucher les ossements donc les Catacombes vous autorisent à venir gratuitement avec un accompagnateur « humain » en plus du chien-guide (l’humain étant un guide un peu plus bavard pour vous décrire tout ce que vous traversez !).

Billets pour les Catacombes de Paris

Vous pouvez réserver un billet à l’avance pour les Catacombes de Paris, qui inclut l’audioguide (disponible en français, vous le récupérez à l’entrée du monument).

Si vous voulez payer bien moins cher, c’est un coup de poker à jouer. Vous attendez minuit pile et vous allez sur cette page des billets de dernière minute. Vous pouvez profiter de billets demi-tarif (sans audioguide), avec la possibilité de rajouter l’audioguide pour 5€ de plus au guichet (il dure environ 30 minutes).

C’est très avantageux mais évidemment, il n’y aucune garantie d’avoir une place car seules les places invendues sont proposées par ce biais.

Billets de dernière minute pour les Catacombes
Billets de dernière minute pour les Catacombes

Les Catacombes étant un musée très populaire, les files d’attente peuvent en temps normal atteindre plus de 2 heures. Cela fait partie des monuments à visiter en cette période Covid si la foule vous a toujours rebuté ! Pourquoi une telle attente ? Tout simplement parce que les galeries souterraines ne peuvent accueillir que 200 personnes en même temps.

Notez qu’il existe aussi des billets jumelés Catacombes de Paris/Crypte archéologique de l’Ile de la Cité à 17€, vendus uniquement à la caisse des Catacombes. Ils vous permettent de visiter les Catacombes le jour même, et la Crypte archéologique dans un délai maximal de 4 jours après l’achat du billet.

Vous pouvez très facilement enchaîner les deux visites en prenant le métro ligne 4 vers Porte de Clignancourt et en-descendant à la station « Cité », il y a 15 minutes de trajet environ jusqu’à l’île de la Cité.

Horaires d’ouverture du musée des Catacombes

Le musée des Catacombes est ouvert du mardi au dimanche de 9h45 à 20h30, avec fermeture des caisses à 19h30 (dans la mesure où il vous faut au moins 1h pour faire le parcours).

Le site est fermé le lundi ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

Cela fait partie des idées de sorties à garder en tête pour la basse saison, où il est souvent plus facile d’obtenir des places de dernière minute.

Température et photos

Il fait une température constante d’environ 14°C à l’intérieur des Catacombes. Par conséquent, pensez à vous couvrir si vous y allez en été et qu’il y a un gros écart de température avec l’extérieur.

Vous n’avez pas besoin d’équipement particulier (ce n’est pas de la spéléologie !), les galeries étant très sûres et bien aménagées. Evitez en revanche les chaussures à talons.

Les photos sont autorisées, mais sans flash.

Voilà pour cette balade peu commune, une manière de poursuivre la « tradition » de vous présenter chaque année à la Toussaint un cimetière particulier. Vous pouvez retrouver les autres cimetières ici… ou mes autres articles sur Paris là !


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