Le monastère de Kilmacduagh en Irlande, un lieu entouré de légendes


Comme chaque année au moment de la Toussaint, je vous emmène à la découverte d’un cimetière quelque part dans le monde… et aujourd’hui, il s’agit de celui du monastère de Kilmacduagh en Irlande. Avec sa tour ronde, son cimetière, son abbaye du 13e siècle en ruines, le Kilmacduagh Monastery est une étape brève mais intéressante sur la route qui mène à la jolie ville de Galway.

L’endroit est entouré de légendes, parfaites pour vous raconter quelques histoires et anecdotes de la région !

C’est parti pour une visite !

Où se situe le monastère de Kilmacduagh ?

Le Kilmacduagh Monastery se situe à environ 6 km de Gort, à la frontière entre le comté de Galway et le comté de Clare, à l’ouest de l’Irlande.

On peut y faire étape en se rendant à Galway, jolie petite ville qui constitue aussi un bon point de départ pour aller découvrir les mythiques falaises de Moher.

Le nom signifie littéralement « monastère du fils de Duagh »… mais qui est donc Duagh… et qu’a donc fait son fils ?

Arrivée au monastère de Kilmacduagh en Irlande
Arrivée au monastère de Kilmacduagh en Irlande

L’histoire de Colman, fils de Duagh

Il faut remonter au 6e siècle. La reine Rhinagh et son mari Mac Duagh se préparent à avoir un enfant… lorsqu’un jour, Rhinagh entend une prophétie. On lui annonce qu’elle donnera naissance à un fils, et que ce fils sera si puissant qu’il surpassera tous les hommes de la famille. Rhinagh prend peur : et si son mari était jaloux de l’enfant à naître ? Et s’il lui faisait du mal, par crainte que ce fils ne soit plus puissant que lui ?

La reine décide de fuir… mais elle est interceptée dans sa fuite par les hommes du Roi, qui tentent de la punir en la noyant dans une rivière locale. Malgré la pierre qu’elle porte autour du cou, elle parvient à échapper à la tentative de meurtre et, peu après, donne naissance à un fils, Colman.

Etant une femme pieuse, la reine Rhinagh souhaite que son fils soit baptisé et va trouver un prêtre. Problème : impossible de mettre la main sur de l’eau pour célébrer le baptême. Perdue, avec son fils non baptisé, incapable de rentrer chez elle par peur d’être à nouveau tuée, Rhinagh se réfugie sous un frêne et se met à prier. Une fontaine émerge alors de la terre (pratique, n’est-ce pas ?), permettant au prêtre de venir baptiser son fils.

Consciente des dangers qu’il encourt, Rhinagh choisit de le confier aux moines du monastère de Saint Enda, situé à Inishmore, sur les îles d’Aran (que vous pouvez observer de loin en allant voir les falaises de Moher).

C’est là que Colman, fils de Mac Duagh, grandit dans l’isolement le plus total. Il construit sur place une église et un oratoire… mais estime qu’il a besoin d’encore plus d’isolement. Alors il quitte Inishmore pour la région du Burren, un vaste plateau désertique en Irlande : aujourd’hui, ce n’est que de la roche à nu, j’y suis allée lors de mon séjour sur place et ce sont des rochers aiguisés par les assauts de l’océan.

A l’époque où Colman s’y installe, à la fin du 6e siècle, le Burren est couvert de forêt. Il y crée un petit ermitage près de Keelhilla, où il s’établit avec un serviteur.

Le plateau du Burren aujourd'hui
Le plateau du Burren aujourd’hui

La naissance du monastère de Kilmacduagh

Le Roi de Connacht Guaire Aidne mac Colmáin (et cousin de Colman) entend parler de cet homme très pieux par une étrange anecdote qui se déroule un jour de Pâques : Colman demande à son serviteur s’il a trouvé de quoi préparer le déjeuner pascal. Mais le pauvre homme n’a pu mettre la main que sur une petite volaille. On est loin du festin attendu !

Colman sent que son serviteur a épuisé toutes ses ressources… alors il s’en remet à Dieu et prie pour que le Seigneur leur envoie un repas à la hauteur de l’occasion.

Pendant ce temps, Guaire Aidne mac Colmáin s’apprête à profiter d’un grand banquet. On amène les plats… et brutalement, ils disparaissent de la table. Le Roi se lance à leur « poursuite » avec sa suite… et tombe nez à nez avec Colman et son serviteur, devant lesquels le banquet a choisi de s’arrêter !

Impressionné, Guaire Aidne mac Colmáin décide de confier à Colman la responsabilité religieuse de la région de l’Aidhne (au sud du comté de Galway actuel).

C’est dans ce contexte que Colman décide d’attendre un signe de Dieu, pour savoir à quel endroit bâtir le monastère. Et un jour, alors qu’il marche dans la forêt, il perd soudain la ceinture qu’il porte. Voilà le signe qu’il attendait. Il fonde en l’an 610 un monastère, que l’on connaît aujourd’hui comme le Kilmacduagh Monastery (« monastère du fils de Mac Duagh »).

Il en deviendra l’évêque, jusqu’à sa mort en 632. Le diocèse de Kilmacduagh a perduré jusqu’au 16e siècle.

Le développement du Kilmacduagh Monastery

Au fil des siècles, l’église de Kilmacduagh devient la principale église de la région et, à ce titre, elle se structure et s’agrandit : on crée un espace fermé autour de l’église, et des églises supplémentaires (église de Marie, église Saint-Jean-Baptiste…). Vous pouvez encore en voir des vestiges aujourd’hui.

La tour ronde du monastère de Kilmacduagh

Entre le 10e et le 12e siècle, on bâtit sur place une tour ronde. Très typiques du Moyen-Âge en Irlande, les tours rondes étaient a priori utilisées comme clocher. La tour ronde du monastère de Kilmacduagh se distingue des autres pour 3 raisons :

  • C’est la plus haute tour ronde d’Irlande encore debout, elle mesure environ 34.5 mètres de hauteur ;
  • La porte la plus basse se situe à 8 mètres du sol, ce qui est plus haut que les autres tours (où la porte était en général à 2-3 mètres du sol) ;
  • C’est aussi la tour ronde qui comporte le plus de fenêtres (11 fenêtres).

On ne peut pas entrer dedans (contrairement à la tour ronde de Kilkenny, qui se visite), mais d’après ce que savent les historiens, les moines se servaient d’une échelle de corde pour accéder à cette première porte. Ensuite, à l’intérieur de la tour, on trouvait différents étages en bois, reliés entre eux par des échelles.

La tour ronde du monastère de Kilmacduagh
La tour ronde du monastère de Kilmacduagh

On a longtemps cru que les tours rondes offraient aux habitants une protection, notamment lorsque les Vikings arrivaient dans les villages par les rivières, sur des bateaux à fond plat. On raconte qu’ils pillaient les monastères, y volant la nourriture, les pierres précieuses, les objets liturgiques et même parfois des êtres humains car le commerce des esclaves était en vigueur.

La tour ronde permettait, dit-on, de repérer de loin les Vikings et d’offrir aux habitants une protection, grâce à la porte « haut placée » sur la tour.

Cette théorie a été mise à mal par la suite : il n’aurait pas été si difficile d’accéder à la tour et, en mettant le feu au pied de la tour, les Vikings auraient pu brûler la porte et asphyxier l’ensemble des personnes réfugiées à l’intérieur. On pense plutôt aujourd’hui que les tours rondes servaient de clocher.

Pourquoi avoir construit la porte si loin du sol ? Pour le comprendre, il faut savoir qu’il n’y avait quasiment aucune fondation sur une tour ronde (celle de Kilmacduagh penche de façon visible, d’ailleurs). De fait, la base n’était pas très solide et mettre une porte basse aurait fragilisé davantage le « socle » de la tour. C’est pour cette raison qu’on aurait privilégié une porte haute, en remplissant le socle de la tour de pierres et de terre pour qu’il résiste aux vents d’Irlande.

La légende du monastère où personne ne succombe à la foudre

Selon une autre légende, Colman aurait déclaré qu’aucun être vivant, humain ou animal, ne périrait par la foudre dans son diocèse.

Par un jour d’orage, un homme décida de mettre cette légende à l’épreuve. Il monta au sommet de la tour de Kilmacduagh et commença à faire tournoyer une épée pour attirer la foudre sur lui. Il mourut électrocuté… mais attention ! Pas question de faire mentir la légende !

On raconte donc qu’avant de mourir, la foudre qui le frappa fut telle qu’elle fit voler son corps jusque dans le comté de Clare, où l’homme mourut.

Le site du Kilmacduagh Monastery
Le site du Kilmacduagh Monastery

Visiter le monastère de Kilmacduagh aujourd’hui

L’accès au site du monastère de Kilmacduagh est libre, et le cimetière adjacent au monastère est encore en activité.

Sur place, vous pourrez voir les ruines de la cathédrale, probablement construite à l’emplacement d’un premier bâtiment en bois (car à l’époque de Colman, les églises n’étaient pas encore construites en pierre).

A l’intérieur, on peut entrevoir de nombreuses tombes très anciennes. Par défaut, on ne peut pas entrer dans le bâtiment mais il est possible de demander les clés au Naomh Colman B&B, un bed & breakfast de 3 chambres situé en face du parking adjacent au site.

Intérieur de la cathédrale du monastère de Kilmacduagh
Intérieur de la cathédrale du monastère de Kilmacduagh

La porte de la tour ronde fait face à l’entrée ouest de cette cathédrale.

Le cimetière entoure la cathédrale en ruines et la tombe de Colman se trouve à l’arrière du bâtiment par rapport à la route (il y a un plan sur place pour vous indiquer son emplacement). La légende raconte que le sol entourant la tombe de Colman peut guérir certaines maladies.

Le cimetière de Kilmacduagh
Le cimetière de Kilmacduagh

Vous pouvez observer les ruines de l’église Saint-Jean-Baptiste (au premier plan sur la photo), on ne connaît pas sa date de construction exacte mais elle pourrait être plus ancienne que la cathédrale. A l’arrière-plan, on aperçoit la silhouette crénelée de la « Glebe House », construite au 14e siècle, qui était peut-être le lieu de résidence de l’abbé.

Les ruines de l'église Saint-Jean-Baptiste et de la Glebe House
Les ruines de l’église Saint-Jean-Baptiste et de la Glebe House

Plus loin, vous repérerez la « O’Heynes Church », une église datant de la première moitié du 13e siècle, qu’on appelle aussi l’abbaye St. Mary de Petra. Elle a été construite par Owen O’Heynes (d’où son deuxième nom) au 13e siècle. Il appartenait à l’ordre de Saint-Augustin et a fait bâtir cette abbaye, facile d’accès depuis le site principal du monastère de Kilmacduagh.

Abbaye St. Mary de Petra (O'Heynes Church)
Abbaye St. Mary de Petra (O’Heynes Church)

Il y a sur le site d’autres bâtiments en ruines, qui ont donné au site ce surnom : les « Sept Eglises » (la cathédrale, l’église Saint-Jean-Baptiste, la Glebe House, l’abbaye d’O’Heynes, la tour ronde, ainsi qu’un petit temple dédié à Marie et le « Templebeg MacDuagh », un petit oratoire au bord de l’eau, derrière la tour ronde).

Comment aller au monastère de Kilmacduagh ?

Le site du monastère de Kilmacduagh est facile d’accès en voiture en empruntant la R460 depuis la ville de Gort.

Si vous n’avez pas de voiture, vous pouvez découvrir le monastère par le biais de cette excursion aux falaises de Moher. C’est la seule, à ma connaissance, qui passe par ce lieu peu touristique mais intéressant !


Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.


3 commentaires sur “Le monastère de Kilmacduagh en Irlande, un lieu entouré de légendes
  • nicole pointin

    bonjour marléne
    j ai choisie l essentiel de l irlande sur kuoni pouvez vous me dire si c est fatiguant comme circuit surtout si vous avez beaucoup de marcheà pieds svp, si vous avez un bon souvenir de l irlande quels sites vous a le plus marqué quelques conseils de votre part me ferait plaisir merci beaucoup , et quand faut t il partir merci

    • Marlène

      Bonjour Nicole, je pense que ce qui m’a le plus marquée, ce sont les sites naturels du pays (falaises de Moher, îles d’Aran, Connemara, etc) et la Wild Atlantic Way (la route qui longe toute la côte). C’est la nature qui fait la richesse de l’Irlande de mon point de vue ! Après, je n’ai pas visité TOUT le pays dans ses moindres recoins mais en tout cas, parmi ce que j’ai visité c’est ça qui m’a marqué.

      Difficile de vous dire si un circuit est fatigant car nous n’avons pas tous le même « degré de fatigabilité ». A titre d’exemple, je suis habituée à marcher 30 km sur une journée donc s’il faut marcher un peu, ça ne va pas me fatiguer autant qu’une personne qui ne marche jamais. C’est plutôt à votre agence de voyage qu’il faut poser la question en fonction de ce que vous trouvez fatigant :) Ils pourront vous dire le temps de marche, le temps passé dans un bus, etc.

      Concernant la période, là aussi c’est assez « personnel ». Par exemple, pour ma part ça ne me dérange pas de voyager avec une météo moyenne, je me couvre et c’est tout :) Mais il y a des gens qui préfèrent partir à la belle saison uniquement. Si vous voulez optimiser les chances d’avoir du beau temps, je dirais de viser mai à septembre. Mais quoi qu’il arrive, il faudra partir équipée pour la pluie car il pleut très souvent là-bas (c’est d’ailleurs pour ça que c’est aussi verdoyant !). Très beau pays en tout cas :)

    • nicole pointin

      merci beaucoup pour les conseils



Si vous aimez les articles du site, n'hésitez pas à faire vos achats sur Amazon.fr via ce lien ; il me permettra de toucher une commission grâce au programme Partenaires Amazon EU.