Aujourd’hui, je vous emmène au musée des azulejos à Lisbonne, qui met à l’honneur le carrelage portugais mythique que vous retrouvez dans tous les recoins de la ville, sur les murs comme dans les monuments !
Les azulejos font partie du patrimoine artisanal local, et ce musée est une excellente occasion de découvrir leur histoire et leur fabrication ! Dans cet article, je vous explique ce que l’on trouve dans le musée de l’azulejo et partage avec vous quelques informations pratiques pour le visiter : horaires, tarifs, accès…
Les azulejos, qu’est-ce que c’est ?
J’ai éclaté de rire en mettant en marche le GPS pour rejoindre le musée des azulejos à Lisbonne… car Google l’appelait le « musée du carrelage », ce qui a tout de suite l’air moins exotique ! Néanmoins, il y a un peu de vérité dans l’histoire ;)
En effet, les azulejos sont des carreaux de faïence, qui ont la particularité d’être décorés : cette décoration peut représenter toutes sortes de motifs, depuis des motifs géométriques jusqu’à des scènes de vie, des interprétations d’oeuvres célèbres, etc.

L’histoire des azulejos
Le mot se prononce « azouléross » en Espagne, « azouléjoss » au Portugal (merci Christian !) :) Beaucoup de gens pensent que le terme vient du mot « azul », qui signifie « bleu »… mais en réalité, il vient d’un mot arabe qui signifie « pierre polie ».
Sachez aussi pour votre culture générale que les azulejos ne sont pas propres au Portugal, même s’ils en sont devenus très représentatifs : ils ont surtout émergé en Andalousie, en Espagne, où ils restent très présents, par exemple à l’Alcazar de Séville ou sur la place d’Espagne à Séville également.
C’est en effet à Séville que l’on a commencé à fabriquer des azulejos figuratifs (autrement dit, qui représentent le réel) au tout début du 16e siècle. Avant, c’était tout simplement interdit car l’islam sunnite en vigueur interdisait la création de représentations figuratives.

Au Portugal, même chose : les premiers azulejos, autour du 13e siècle, étaient plutôt des motifs géométriques, abstraits. C’est à partir du 18e siècle que cette forme d’expression artistique a connu un grand développement.
Comme beaucoup de choses très populaires, les gens finissent par les bouder et les azulejos ont traversé une période de désamour, notamment au début du 20e siècle… avant de connaître un regain d’intérêt, notamment parce que les institutions politiques leur ont donné une vraie place dans le patrimoine portugais, en les intégrant à la construction des monuments par exemple.
Aujourd’hui, ils séduisent largement les touristes, Lisbonne fait même face à des vols !

La fabrication des azulejos
La fabrication des azulejos commence par un bloc d’argile d’épaisseur uniforme, sur lequel on place une plaque métallique permettant de marquer les contours qui sont ensuite découpés au couteau.
On recouvre ensuite l’une des faces du carré ainsi obtenu avec de la poudre de verre mélangée à de l’oxyde d’étain : ce matériau permet aux couleurs de ne pas se mélanger les unes aux autres.
Parallèlement, on crée sur papier calque le dessin de la forme qui va orner l’azulejo et on marque avec un poinçon la forme du motif en pointillés. On transfère ensuite le dessin sur l’azulejo en frottant le calque avec du charbon.
On obtient ainsi un carreau de faïence avec les contours du motif souhaité. Il n’y a plus « qu’à » peindre, avec des peintures spéciales résistant à une haute température. Elles ont la particularité de prendre une couleur assez différente une fois que la céramique est cuite. La cuisson s’effectue à 980°C.
La fabrication des azulejos est terminée, ils peuvent désormais être posés !

Où voir des azulejos à Lisbonne ?
Impossible de passer à côté en marchant tout simplement dans les rues de Lisbonne, notamment dans le quartier de l’Alfama. Idem dans le métro de Lisbonne : les styles se mélangent, plus ou moins récents en fonction de la ligne : des stations comme Oriente et Alameda valent le détour.
Voici quelques monuments marquants pour leurs azulejos :
- Palais des marquis de Fronteira : au nord de la ville, non loin du zoo de Lisbonne, ce palais du 17e siècle est richement décoré de faïences, vous pouvez consulter les conditions de visite ici.
- La façade de l’usine de céramique de Viuva Lamego (située au niveau du Largo do Intendente Pina Manique).
- Les nº 124/126, Campo de Santa Clara : une façade du 19e siècle décorée par le peintre Luis Ferreira et fabriquée par l’usine Viuva Lamego.
- Monastère de Saint-Vincent de Fora : il y a notamment des azulejos montrant la prise de Lisbonne par les Maures, un cloître entièrement décoré d’azulejos sur les Fables de la Fontaine. J’ai adoré ce lieu et si vous aimez les azulejos, vous ne manquerez pas de tomber sous le charme ! Plus d’informations ici.
- Casa do Ferreira das Tabuletas (au 32 rue Trindade) : là aussi, une très belle façade du 19e siècle.
- Le monastère des Hyéronymites comporte aussi des azulejos, notamment dans le réfectoire.
On peut également citer le Jardim da Quinta dos Azulejos, un tout petit jardin très riche en azulejos, mais il est très excentré (il se situe à l’ouest de l’aéroport de Lisbonne).

Vous pouvez aussi aller visiter Azulejos de Azeitão, près de Setubal de l’autre côté du Tage. Cet atelier d’azulejos propose aux visiteurs de créer leur propre carreau de faïence, mais aussi d’en acheter ! Si vous cherchez à rapporter quelques pièces pour servir par exemple de dessous de plat ou pour orner votre intérieur (ou votre jardin), ils ont beaucoup de pièces intéressantes à proposer !
Plus largement, vous trouverez des azulejos « communs » sur la plupart des marchés de Lisbonne, comme ici au Mercado de Santa Clara :

Visite du musée des azulejos de Lisbonne
Le musée des azulejos de Lisbonne présente sur deux étages toute l’histoire et la méthode de fabrication des azulejos, en s’intéressant à la période du 16e au 20e siècle. Entre 7000 et 10000 pièces sont ainsi rassemblées !
Le rez-de-chaussée du musée
Le rez-de-chaussée du musée est construit autour d’un patio central, autour duquel s’ouvrent différentes salles. La présence du patio permet de bénéficier de la lumière naturelle, ce qui est assez agréable.
On découvre ici de très vieilles pièces, dans des styles très différents, tour à tour géométriques ou figuratifs. L’occasion de constater que dans ce musée, il y a une dimension très personnelle et émotionnelle : il y a des carreaux de faïence qui vous plaisent et d’autres pas, avec la même dimension subjective que revêtent d’autres formes d’art.

Certains carreaux de carrelage donnent l’impression par leur dessin d’être en relief. L’Eglise commandait énormément d’azulejos, notamment au cours du 17e siècle, donc on en retrouve beaucoup avec des motifs religieux.

Les animaux et les fleurs sont aussi très représentés.
On accède ensuite à un très joli cloître orné d’azulejos : un clin d’oeil à l’histoire du bâtiment où est installé ce musée de la faïence de Lisbonne. Il s’agit en effet d’un ancien couvent créé en 1509 par la soeur du roi Manuel Ier, le couvent de Madre de Deus.

Au 1er étage du musée de la faïence de Lisbonne
Au premier étage, on découvre de nombreuses fresques qui montrent comment les azulejos peuvent s’intégrer à des représentations beaucoup plus ambitieuses.

On trouve aussi à cet étage une chapelle. La décoration est assez chargée mais l’effet « Wow » est au rendez-vous en y pénétrant car cela reste assez grandiose.
On peut aussi admirer en contrebas l’intérieur de l’église qui faisait partie du couvent.

Les salles s’enchaînent, les azulejos anciens laissent aussi place à des azulejos plus modernes qui montrent comment cet art a su évoluer avec les époques.
Je croise un groupe de lycéens en voyage scolaire, qui y vont de leurs petits commentaires sur le fait de poster du carrelage sur Facebook. « Bon, c’est pas mon style mais faut quand même du talent pour faire ça ! Askip c’est chauffé à 1000°C » :) Pour séduire les visiteurs, le musée propose des silhouettes en azulejos avec un trou à la place du visage pour pouvoir faire une photo souvenir… mais la plupart des gens optent pour le selfie sur fond d’azulejos.
Il faut reconnaître que ces carreaux de faïence offrent un décor particulièrement original et intéressant pour faire de jolis portraits, j’en ai bien profité lors de mon séjour au Portugal !

Le 2e étage du musée
Ici, je vais être brève car je n’ai pas aimé cette partie du musée. Elle présente une grande fresque de Lisbonne entièrement en azulejos ! 1300 carreaux de faïence, peints autour de 1738 donc avant le grand tremblement de terre de Lisbonne. La valeur historique est grande mais je dois avouer que la fresque ne m’a pas spécialement touchée.
Comment aller au musée des azulejos de Lisbonne ?
Le musée est un peu excentré, il se situe non loin de la grande avenue Infante Dom Henrique qui longe le Tage. Le plus simple pour y aller sans trop marcher est de prendre le bus :
- Soit en descendant sur cette grande avenue, au niveau de la station Ponte Xabregas : ligne 728 (direction Portela) ou 794 (direction Estação Oriente) gérée par Carris.
- Soit en descendant au plus près du musée, à la station Igreja Madre Deus : les lignes 210 (direction Prior Velho), 742 (direction Bairro Madre Deus (Escola)) et 759 (direction Estação Oriente) y passent.
A pied, il y a 3 kilomètres entre la Place du Commerce et le musée des azulejos de Lisbonne.

Horaires d’ouverture, tarifs et informations pratiques
Le musée national de l’Azulejo est payant, vous pouvez retrouver les horaires d’ouverture et les tarifs à jour sur cette page. Suite à la pandémie de coronavirus, les horaires ont été modifiés. Le prix du musée des azulejos reste assez raisonnable.
Il existe des billets groupés :
- Un billet incluant le musée des azulejos de Lisbonne, le musée d’art ancien et le Panthéon de Lisbonne, pour 15€ environ.
- Un billet incluant 8 musées (dont le musée du costume, le musée du théâtre, celui de la musique, etc), pour 25€.
- Un billet combiné avec le musée des azulejos de Lisbonne et le Panthéon, pour 7€.
Plus intéressant encore : prenez la Lisbon Card ! Valable 24, 48 ou 72h, elle vous permet d’entrer gratuitement dans de nombreux musées de la ville et inclut aussi les transports. Vous pouvez la commander en ligne ici puis la récupérer à l’office du tourisme, soit au guichet de l’aéroport, soit dans le centre de Lisbonne au niveau de la place du Commerce.

Quel que soit votre choix, je vous recommande vivement la visite du Panthéon de Lisbonne, qui est un monument magnifique !
Notez enfin qu’il y a un restaurant à l’intérieur du musée des azulejos de Lisbonne, avec un jardin d’hiver. Evidemment, on trouve de la faïence dans le restaurant !
Je vous conseillerais de prévoir 2 à 3 heures pour visiter le musée, en fonction de votre intérêt pour le sujet.
N’hésitez pas à lire mes autres articles sur Lisbonne ! Si vous avez besoin de conseils supplémentaires pour préparer votre voyage au Portugal, je vous recommande vivement le guide Lonely Planet « Lisbonne en quelques jours », où vous retrouverez plein de bonnes adresses (restaurants, visites, conseils pratiques) ! Il existe aussi le Guide du Routard consacré à Lisbonne et ses environs, pratique si vous envisagez d’explorer un peu les alentours !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Bravo pour cet article, très complet comme d’habitude. Mais permettez moi une petite remarque : à Faro où je réside la moitié du temps, pour les carreaux portugais, on prononce azoulejoss (ou mieux, azouleshoes, les chaussures bleues évidemment !).
Tenez bon, bientôt de nouveaux voyages !
Hello, je ne savais pas que vous habitiez à Faro, joli coin du Portugal ;) Vous voulez dire que là-bas, on ne prononce pas la jota comme un vague R mais comme un « ji » ?
Hé oui ! Pas de jota, mais il y en a plein à 1h de route (Séville).
J’y étais il y a 2 semaines, je confirme ;) Et je modifie l’article au passage étant donné qu’il est au Portugal ;)