Dans cet article, je vous emmène visiter la ville de Césarée en Israël… et plus spécifiquement le parc national de Caesarea, qui abrite les vestiges d’une ville antique que le roi de Judée Hérode Ier le Grand avait choisie comme capitale.
C’est un site archéologique très riche, avec un hippodrome en bord de mer, un théâtre romain, les ruines d’un palais, un aqueduc et bon nombre de vestiges ! Il est assez facile de le visiter au départ de Tel Aviv ou Jérusalem par exemple. Je vous propose de découvrir l’histoire de ce lieu étonnant et quelques conseils pratiques pour aller sur place.
Conseils voyage
Césarée, un ancien port phénicien offert à Hérode le Grand
Le site de Césarée a vu le jour à l’emplacement d’un ancien village fondé plusieurs siècles avant notre ère, la « Tour de Straton ». C’est alors un petit port de pêche phénicien ouvert sur la mer Méditerranée, conquis ensuite dans l’Antiquité par Alexandre Jannée, roi de Judée. La Tour de Straton passe sous le contrôle de l’Empire romain en l’an 63 avant notre ère.
32 ans plus tard, une grande bataille éclate, considérée comme l’une des batailles navales les plus mémorables de l’histoire. Elle oppose deux clans qui se sont historiquement partagé l’Empire romain après l’assassinat de Jules César : Marc Antoine, aux côtés de Cléopâtre, en Orient… et Auguste (Octave), fils adoptif de César, en Occident.
Auguste remporte cette bataille à Actium, en Grèce… et il décide de récompenser Hérode, le roi de Judée, pour le remercier de lui avoir accordé son soutien. Il lui confie le contrôle d’un certain nombre de lieux, notamment la région de Jéricho qui était auparavant gérée par Cléopâtre, mais aussi Gaza et la Tour de Straton.

Hérode va alors transformer le port… non sans quelques choix radicaux : il décide ainsi de chasser la population juive de la ville, estimant que c’est une décision nécessaire pour que la Tour de Straton renoue avec ses racines grecques. Il engage ensuite de grands travaux pour bâtir bien plus qu’un simple port : une véritable capitale pour le royaume de Judée, couvrant une superficie de 95 hectares.
Il la baptise « Césarée », en hommage à la prestigieuse lignée à laquelle se rattache Auguste : celle de Jules César.
Il y fait construire des lieux de divertissement typiquement helléniques (amphithéâtre, hippodrome, etc), des bains, un aqueduc, un temple païen destiné au culte de l’empereur. Les travaux durent entre l’an 22 et l’an 9 ou 10 avant notre ère, soit un peu plus d’une dizaine d’années pour bâtir un port qui, selon certains historiens, est plus grand que Le Pirée, mythique port d’Athènes.

Hérode meurt quelques années plus tard, laissant à Césarée une belle réputation. Le port ne continue hélas pas à prospérer jusqu’à notre époque. Il se dégrade au fil du temps et malgré des travaux de rénovation, ne retrouve pas son prestige initial. Il est successivement contrôlé par les différents peuples qui occupent la région : des Musulmans, des Croisés, des Ayyoubides rattachés à Saladin, des Mamelouks…
A partir de la fin du 19e siècle et dans les décennies qui suivent, des colons s’installent sur les lieux, notamment des familles de Bosnie-Herzégovine ayant fui leur pays qui passait progressivement sous la domination de l’Autriche-Hongrie. Elles ont modernisé la ville, recréant un port, des mosquées (la photo ci-dessous montre le minaret de l’une d’elles), un marché, etc. Une Césarée « moderne » coexiste aujourd’hui avec « Césarée maritime », la ville antique, protégée au sein du parc national de Caesarea.

Lorsque l’Etat d’Israël a été créé, on a brièvement envisagé de restaurer Césarée pour en faire le port principal du pays. C’est au final la ville d’Haïfa, un peu plus au nord, qui a été retenue.
Je vous passe toutes les péripéties historiques traversées par Césarée car ce guide n’a pas vocation à être un cours d’histoire mais plutôt à vous donner quelques clés pour comprendre un lieu. Vous saurez en tout cas pourquoi cette ville a eu tant d’importance à son échelle, au point que Jean Racine la cite dans sa tragédie Bérénice : « Je demeurai longtemps errant dans Césarée, lieux charmants où mon coeur vous avait adorée ».
Que voir aujourd’hui à Césarée ?
Il reste en réalité pas mal de vestiges de la ville.
L’amphithéâtre romain
Très reconnaissable, avec son architecture en demi-cercle, l’amphithéâtre accueillait des représentations tragiques et comiques. Hérode a fait agrandir un théâtre préexistant.
Les sièges (la « cavea » = gradins en pierre) sont encore en bon état, on repère aussi les vomitoires (vomitoria), portes donnant accès à ces gradins, la scène bien sûr… Ce n’était pas « juste » un lieu de divertissement, c’était un moyen pour la ville de faire revenir les visiteurs afin qu’ils y dépensent leur argent.
Encore aujourd’hui, le théâtre de Césarée accueille des spectacles (d’où les chaises et équipements très modernes qui se mêlent aux vestiges !).

Les vestiges archéologiques
De nombreux vestiges sont exposés, à la fois pour montrer ce que l’on a retrouvé sur place et pour expliquer comment Hérode a mené ses grands travaux à Césarée.
On découvre par exemple des sarcophages issus d’un cimetière de l’époque byzantine…

Des vestiges de colonnes doriques, ioniques et corinthiennes, ou encore un bloc de pierre qui fait référence à Ponce-Pilate (« Ponce-Pilate, préfet de Judée, a bâti un édifice dédié à l’empereur Tibérius »). Il s’agit ici d’une réplique, l’original étant exposé au musée d’Israël à Tel Aviv.

Les restes du palais d’Hérode (Reef Palace)
On identifie aussi à Césarée ce qui reste d’un palais, notamment une partie de la cour intérieure d’une aile destinée aux invités, face à la mer, reconnaissable à ses colonnes.

Il y a également une partie semi-submergée, où les pêcheurs viennent aujourd’hui s’installer. Le palais s’avançait en effet sur un promontoire, sur la mer, sur deux niveaux.
On distingue un bassin et les fouilles archéologiques ont permis de démontrer qu’il s’agissait d’une piscine d’eau douce, sans doute alimentée par un aqueduc.

On suppose que ce palais est issu des grands travaux d’Hérode, même si ça fait débat chez les historiens car selon certains, Hérode n’aurait jamais bâti un palais aussi proche d’installations publiques comme l’amphithéâtre et l’hippodrome.
A proximité, on croise un puits romain. A l’intérieur, on a retrouvé une soixantaine de restes de rouleaux de parchemin datant probablement du 4e siècle avant notre ère, les inscriptions dessus laissent entendre qu’ils ont été volontairement jetés dans le puits dans le cadre de rituels « magiques » (les rouleaux mentionnaient des ennemis et des rituels de protection).

L’hippodrome de Césarée
C’est un vaste site ouvert sur la mer, qui a été rénové au 2e siècle pour être utilisé comme théâtre. 50 mètres de large, plus de 300 mètres de long, il pouvait réunir entre 13000 et 30 000 spectateurs selon les époques. A l’époque romaine, il était a priori surtout utilisé pour des courses de chars !
On voit encore très bien les sièges, les vestiges d’un temple ou encore les starting-gates d’où partaient les chevaux…

Autres lieux d’intérêt dans le parc
A Césarée, sous le règne de Louis IX, de vastes fortifications avaient été bâties, avec des douves, auxquelles on a donné le nom de « Porte des Croisés ». A proximité, on peut découvrir des sculptures réalisées par les habitants de Caesarea. C’est par là que commence la visite. En tant que Française, je dois avouer que ça ne m’a pas « impressionnée » plus que ça de voir des remparts et des douves car on a amplement ce qu’il faut chez nous ;)
Vous pouvez aussi vous rendre au niveau de l’ancien port. A la grande époque de Césarée maritime, les bateaux pouvaient trouver ici un espace sécurisé pour faire escale lors de leurs trajets en Méditerranée, notamment sur la route commerciale entre l’Egypte et Rome. Ils étaient taxés, ce qui faisait rentrer de l’argent dans les caisses de la ville.
C’est aujourd’hui un lieu assez commercial : cafés, restaurants, boutiques de souvenirs, galeries d’art… Il y a aussi pas mal d’événements organisés (projection de films en plein air, etc).

Du côté de l’ancien port, vous pouvez également visiter le Centre pour les Visiteurs de Césarée, qui est très moderne, installé dans 4 salles voûtées datant du début de notre ère. Il montre des vestiges archéologiques retrouvés sur le site, il y a des vidéos, des frises chronologiques… L’accès est limité à 45 personnes toutes les 15 minutes afin que chacun en profite dans de bonnes conditions. Si vous souhaitez le visiter, je vous conseille donc de réserver en ligne au préalable.

Seul bémol de mon point de vue : j’ai trouvé le parc national extrêmement sale lors de ma visite. Peut-être parce qu’il accueille régulièrement des événements (vous pouvez d’ailleurs voir de gros sacs poubelle dans les gradins de l’amphithéâtre romain sur ma photo !), peut-être parce que les visiteurs ne sont pas très respectueux, que ce n’est pas très surveillé (j’ai croisé peu de personnel en visitant), sans doute un mélange de tout ça… mais ça m’a vraiment frappée.
Lieux d’intérêt dans la ville de Césarée
La ville de Césarée elle-même offre quelques activités supplémentaires dignes d’intérêt ! Déjà, vous pouvez aller sur l’Aqueduct Beach, au nord du Parc national de Caesarea (accessible à pied), c’est une plage traversée par l’ancien aqueduc romain qui venait alimenter la ville en eau potable.
Difficile d’avoir une photo des lieux déserts par beau temps car les gens s’installent sous les arches de l’aqueduc pour profiter de la plage… mais le lieu est très agréable !
Vous pouvez aussi profiter d’être à Césarée pour faire de la plongée en vous tournant vers le Old Caesarea Diving Center. Vous pouvez faire des baptêmes de plongée, de la plongée, du snorkeling avec accompagnement ou sans guide (mais muni d’une carte waterproof montrant tout ce qu’il y a à voir sous l’eau). Il y a en effet toute une partie de l’ancien port de Césarée qui est immergée, avec une épave, des ancres, des restes des brise-lames qui protégeaient le port, des tours, des blocs de pierre…
Pour les amateurs, il y a aussi un golf 18 trous et les Ralli Museums, deux musées réputés : le premier présente des tableaux et sculptures d’Amérique Latine et d’Espagne (Salvador Dali est notamment mis à l’honneur !), le second des tableaux du 16e au 18e siècle sur des thèmes bibliques. L’entrée est gratuite et le lieu lui-même est très beau.
Comment se rendre au parc national de Césarée en Israël ?
Pour aller visiter Caesarea, vous disposez de plusieurs options :
- Réserver une excursion avec un guide, au départ de Tel Aviv ou Jérusalem par exemple ;
- Emprunter les transports en commun, en particulier le train et le bus jusqu’à Césarée ;
- Aller sur place en voiture ;
Voyons ensemble les avantages/inconvénients et détails pratiques de ces différentes solutions !

Visiter Césarée avec un guide
C’est la solution la plus facile d’accès si vous n’avez pas envie de gérer la logistique des transports depuis Jérusalem ou Tel Aviv, tout en profitant des anecdotes et de la mise en contexte historique d’un guide.
En général, la visite de Césarée est proposée en même temps que d’autres villes de la côte ouest d’Israël qui valent le détour, notamment Haïfa et ses magnifiques terrasses baha’ies surplombant la Méditerranée, Saint-Jean-d’Acre ou encore les grottes de Rosh Hanikra. Il faut avoir conscience que ça risque d’être un programme fatigant, avec un départ tôt le matin (en particulier si vous partez de Jérusalem)… mais si vous avez peu de temps et que vous n’êtes pas véhiculé, c’est une bonne option pour découvrir ces lieux d’intérêt.
Vous pouvez notamment regarder :
- Ce circuit proposé par l’agence locale Bein Harim au départ de Tel Aviv, Herzliya et Netanya, disponible avec guide en français ;
- Cette variante, également par Bein Harim, au départ de Jérusalem ;
- Cette balade de 2h entièrement dédiée à Césarée à bord d’un véhicule EZ Raider (une sorte de scooter électrique tout-terrain).
Mais surtout, si la date est disponible, je vous conseille de regarder ce circuit proposé par Abraham Tours. C’est une agence locale très réputée, grâce à laquelle j’ai pu visiter le kibboutz Ma’agan Michael, une superbe expérience lors de mon voyage en Israël. Ils ont justement un circuit qui sort un peu de l’ordinaire : il inclut la visite du parc national de Césarée, celle d’un village de pêcheurs voisin (Jisr az-Zarqa) et du kibboutz Ma’agan Michael. Ce sont des expériences en petit groupe, l’occasion de rencontrer d’autres voyageurs mais aussi d’approcher de près la culture locale.
Aller à Césarée en bus ou en train
J’ai beaucoup utilisé les transports en commun en Israël et j’ai été globalement satisfaite de l’expérience, en particulier avec le train, fluide, rapide et moderne !
Il est possible de rejoindre le parc national de Caesarea par le train, comptez un peu moins de 50 minutes de trajet depuis la gare de Tel Aviv Savidor Center jusqu’à Caesarea Pardes Hanna, 57 minutes depuis la gare de Tel Aviv HaHagana.
Une fois à Caesarea Pardes Hanna, vous pouvez emprunter le bus 80 jusqu’au parc national de Césarée, comptez 20 minutes de route. Il est aussi possible de faire ce petit bout de trajet en taxi, d’ailleurs lors de ma visite il y avait carrément une pancarte « officielle » indiquant « Caesarea Park Taxi » à la sortie de la gare avec un numéro de téléphone local.
L’autre option est de prendre le bus depuis Tel Aviv mais j’aurais tendance à vous déconseiller cette solution car il y a énormément de bouchons autour de la métropole, vous risquez de perdre un temps fou.
Les lignes 826 et 910 partent de la gare routière centrale de Tel Aviv jusqu’à l’échangeur Or Akiva (1h de route environ, hors bouchons), où il faudra prendre un autre bus (263) pour effectuer les 3 minutes de trajet jusqu’à l’entrée du parc national.

Aller à Césarée en voiture
Si vous avez loué une voiture pour votre voyage en Israël, le trajet est très simple car c’est uniquement de l’autoroute, vous allez longer la côte méditerranéenne en passant par Herzliya et Netanya. S’il n’y a pas trop de circulation, il ne faut que 45 minutes depuis Tel Aviv pour faire la route, ça permet d’aller à Césarée sur une demi-journée sans aucun problème, de rentrer quand ça vous arrange ou d’aller voir d’autres endroits ensuite.
Il existe d’autres options mais elles sont plus « hasardeuses » : prendre un taxi depuis Tel Aviv est possible mais risque de vous coûter une fortune compte tenu de la circulation dense ; de même, il existe un chemin « balisé », la Israel National Trail, qui permet d’aller de Tel Aviv à Caesarea en vélo. Cependant, ça représente 60 km juste pour l’aller et sous les chaleurs caniculaires que connaît le pays, ce n’est pas forcément la meilleure des idées, avis très personnel bien sûr !
Comment obtenir des billets pour le parc national de Caesarea ?
Vous pouvez réserver votre billet à l’avance en ligne sur le site officiel des parcs nationaux israéliens. Il suffit de choisir une date qui vous convient puis de sélectionner la destination.

Il est également possible d’acheter le billet sur place au guichet, Césarée étant un site assez vaste il n’y a généralement pas de problème de surfréquentation.
Comptez autour de 40 shekels par adulte (une dizaine d’euros) et un tarif réduit pour les enfants (autour de 6 euros). C’est d’ailleurs une sortie très sympa à faire en famille car le parc offre de vastes espaces où les enfants peuvent se dépenser, il y a plein d’anfractuosités rocheuses à explorer (une famille de chauve-souris vit d’ailleurs dans l’une d’entre elles, du côté de l’hippodrome), des films interactifs montrant à quoi ressemblait Césarée autrefois…

Quels sont les horaires d’ouverture du parc de Césarée ?
Les horaires d’ouverture de Caesarea varient selon la saison et le jour de la semaine :
- A la belle saison, le parc est ouvert de 8h à 17h du samedi au jeudi, et de 8h à 16h le vendredi.
- En hiver, le parc est ouvert de 8h à 16h du samedi au jeudi, et de 8h à 15h le vendredi.
Il y a généralement des horaires restreints lors des fêtes religieuses (8h-13h en général). Sachez aussi que l’accès au parc ferme une heure avant l’horaire « officiel » de fermeture. Notez aussi que l’on peut accéder à certaines zones (restaurants, boutiques, plage de l’aqueduc) même quand le parc lui-même est fermé.
Si vous avez le choix, je vous conseille de privilégier une visite en-dehors de la période estivale : en effet, une large partie du site ne comporte aucune zone d’ombre et sous le soleil et la chaleur écrasante d’Israël, la visite peut vite devenir désagréable. Si votre voyage tombe en été, essayez d’y aller en tout début de journée.
J’espère que ce guide vous aura permis de découvrir ce site archéologique souvent méconnu des touristes internationaux… et peut-être de préparer votre visite à Césarée !
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