Les grottes de Rosh Hanikra en Israël, à la frontière avec le Liban


Aujourd’hui, je vous emmène dans les grottes de Rosh Hanikra, au nord d’Israël, à la frontière avec le Liban. Une région qui a une histoire intéressante, et des grottes en bord de mer accessibles via un téléphérique !

Une balade sympathique, qui peut aisément se combiner à la visite de la ville d’Akko (plus connue en France sous le nom d’Acre ou de « Saint-Jean-d’Acre »).

Rosh Hanikra, un kibboutz au nord d’Israël

Rosh Hanikra est la « dernière étape » avant la frontière entre Israël et le Liban. Et quand je vous dis « la dernière étape », c’est que l’on peut littéralement marcher jusqu’à la frontière, marquée par ce portail jaune.

Frontière entre Israël et le Liban
Frontière entre Israël et le Liban

Contrairement aux frontières de l’Union européenne où nous ne sommes plus habitués à voir une véritable démarcation, ici c’est bien contrôlé et le passage n’est pas libre.

Géographiquement, Rosh Hanikra se trouve donc à l’extrême nord d’Israël, à une vingtaine de kilomètres de Saint Jean d’Acre et à 130 km de Tel Aviv, ce qui permet de s’y rendre facilement sur une journée.

La présence des kibboutzim dans la région

Les grottes de Rosh HaNikra se sont ouvertes aux touristes sous l’influence de Bawer Mizna, maire d’un kibboutz de la région. Les kibboutzim sont une spécificité d’Israël, une véritable richesse que je vous conseille d’aller découvrir lors de votre séjour sur place.

Pas n’importe comment, bien sûr, il faut choisir un kibboutz qui accepte de laisser entrer des étrangers. J’ai pour ma part visité le kibboutz Ma’agan Michael, qui tolère la venue de touristes dans des conditions bien définies.

Un kibboutz est une façon de vivre en communauté, en mettant en commun les ressources et en les répartissant de manière égalitaire entre les habitants. Le fruit du travail de chacun est versé dans un fonds commun, qui permet d’investir dans des infrastructures partagées par tous. Chaque foyer reçoit également un salaire garanti (dans certains kibboutzim, il est égal quelle que soit la profession exercée et dépend juste de la composition du foyer, dans d’autres il y a des salaires différenciés).

Les kibboutzim créent souvent leurs propres emplois pour leurs habitants… et si vous imaginez une communauté vivant en pleine nature de manière un peu archaïque, vous ne pourriez pas être plus loin de la réalité ! En effet, les kibboutzim offrent souvent un excellent niveau de vie, une éducation de qualité pour les enfants, plein de services pour les habitants.

La naissance du kibboutz Rosh HaNikra

Il y avait autrefois beaucoup de kibboutzim en Israël, aujourd’hui ils fédèrent moins de 3% de la population. La région de Rosh Hanikra a notamment conservé le kibboutz du même nom, qui a vu le jour le 6 janvier 1949.

Les premiers bâtiments du kibboutz Rosh HaNikra en 1949
Les premiers bâtiments du kibboutz Rosh HaNikra en 1949 (domaine public)

A l’époque, la guerre d’indépendance d’Israël vient de s’achever et le 14 mai 1948 a marqué la création de l’Etat d’Israël. Pendant toute cette période de conflit, au cœur de la Seconde Guerre Mondiale et juste après, une armée d’élite de 2000 hommes et femmes issus de la communauté juive a joué un rôle clé : la Palmach.

Initialement, son but était de protéger la communauté juive vivant en Palestine. A l’époque de la Seconde Guerre Mondiale, la Palestine était placée sous mandat britannique et les Juifs qui y vivaient étaient confrontés à deux menaces majeures :

  • Le territoire risquait d’être occupé par les forces de l’Axe (Allemagne, Italie et Japon) si elles venaient à prendre le contrôle de l’Afrique du Nord.
  • Si les Britanniques devaient céder du terrain dans la région, la communauté juive craignait alors les attaques de la population arabe avec qui les relations étaient déjà tendues.

Un groupe de volontaires, une centaine de personnes au départ, s’est alors formé en 1941 pour protéger la communauté juive et mener des actions de sabotage, notamment au Liban et en Syrie : la Palmach. Au début, les actions étaient souvent menées en coopération avec les autorités militaires britanniques mais en 1942, ces dernières ont ordonné le démantèlement de la Palmach car les Alliés avaient remporté une victoire décisive en Egypte (seconde bataille d’El-Alamein), estimant alors qu’ils avaient pleinement le contrôle de la région.

La communauté juive se sentant toujours menacée, elle a conservé la Palmach mais celle-ci est devenue clandestine. La Palmach accueillait pas mal de jeunes, dont certains rescapés de la Shoah. Organisée en trois brigades, elle proposait des camps d’entraînement pour doter ses soldats d’une véritable formation militaire.

Lorsqu’Israël a obtenu son indépendance, l’État a décidé de se doter de sa propre armée… et a naturellement « absorbé » la Palmach au sein de l’armée israélienne, une décision qui a provoqué la démission de nombreux gradés de la Palmach.

D’autres soldats démobilisés de la Palmach ont décidé de s’établir dans un kibboutz… et c’est ainsi que le kibboutz Rosh HaNikra a vu le jour. Il a été construit à l’emplacement d’un ancien village arabe, « Al-Bassa », vidé de ses habitants par la guerre d’indépendance qui en avait poussé beaucoup à fuir.

Le kibboutz Rosh HaNikra aujourd’hui

Le kibboutz Rosh Hanikra est aujourd’hui prospère. Il est réputé pour son activité de culture (avocats et bananes), d’élevage (dindes) mais surtout, par ses avancées en matière d’agro-biotechnologie.

Vue sur la côte et le kibboutz Rosh Hanikra
Vue sur la côte et le kibboutz Rosh Hanikra

En effet, les habitants ont fondé une entreprise spécialisée, Rahan Meristem, qui mène des recherches en biologie cellulaire et moléculaire sur la production de végétaux in-vitro ou encore la prévention contre les virus qui affectent les plantes. L’entreprise produit aussi toutes sortes de plantes et d’arbres fruitiers (tropicaux, subtropicaux, etc), avec certaines variétés exclusives brevetées.

L’acteur Sacha Baron Cohen a brièvement vécu dans ce kibboutz pour y faire du volontariat.

Si vous souhaitez y loger, le kibboutz possède son propre « centre de vacances », le Nekarot Holiday Village.

Les grottes de Rosh Hanikra

En général, on ne vient pas dans la région pour le kibboutz, mais plutôt pour visiter les grottes de Rosh Hanikra.

Le lieu est très ancien, la Bible mentionnait déjà l’existence de tribus d’Israël dans ce coin.

La côte aux abords des grottes de Rosh Hanikra
La côte aux abords des grottes de Rosh Hanikra

Pendant longtemps, Rosh Hanikra a été situé sur une route commerciale et militaire reliant Syrie, Liban, Israël et Égypte. Les peuples qui ont traversé ou occupé la région au fil des siècles s’y sont succédé : Assyriens, Perses, Grecs, Romains, Arabes, Croisés… Témoignage de la riche histoire de la région !

A l’époque de la Première Guerre Mondiale, la zone située côté israélien est placée sous contrôle britannique tandis que les Français ont pris le contrôle du Liban et de la Syrie. C’est dans ce contexte qu’en 1918, une route en dur est construite au niveau de Rosh Hanikra pour faciliter la circulation.

Des tunnels ont également été créés par dynamitage dans la région, dans l’espoir de créer une ligne ferroviaire entre Le Caire et Istanbul. Endommagés lors de la guerre d’indépendance d’Israël, ils ont fini par être comblés, et le projet de chemin de fer a été abandonné. La voie de chemin de fer côtière d’Israël s’interrompt donc plus au sud, à Nahariya.

Certains de ces tunnels débouchaient dans les grottes, créant tout un réseau interconnecté. La ligne Haïfa-Beyrouth-Tripoli, inaugurée en 1942, n’aura connu que 3 années de fonctionnement avant d’être progressivement démantelée. Aujourd’hui, ne soyez pas surpris lors de votre visite de Rosh Hanikra de voir quelques « tunnels ferroviaires reconvertis », notamment au niveau de la station d’accueil basse du téléphérique.

Ancien tunnel ferroviaire à Rosh Hanikra
Ancien tunnel ferroviaire à Rosh Hanikra

Un téléphérique ? Parlons-en ! Pour accéder aux grottes de Rosh Hanikra, il faut en effet emprunter un « mini-téléphérique » qui se vante d’être l’un des plus abrupts au monde, avec une pente de 60 degrés. Il a été fabriqué par une compagnie autrichienne, Doppelmayr Garaventa, qui a aussi créé le mythique téléphérique de La Paz en Bolivie, le plus grand du monde.

Le téléphérique permet de descendre les 70 mètres de falaise de craie blanche pour rejoindre le niveau de la mer, où l’eau s’engouffre dans un réseau de grottes. Elles se seraient formées suite à des tremblements de terre ayant fissuré la roche, permettant à la mer et aux eaux de pluie de s’y infiltrer.

Téléphérique de Rosh Hanikra
Téléphérique de Rosh Hanikra

En bas, on découvre un réseau de grottes reliées par des tunnels (environ 200 mètres de tunnels), où une eau turquoise s’engouffre. Avant la construction du téléphérique, cette zone n’était accessible que par la mer, seuls les bons nageurs du coin y allaient.

Grottes de Rosh Hanikra, Israël
Grottes de Rosh Hanikra, Israël

En France, nous avons la chance d’être particulièrement bien lotis sur le front des grottes, donc on ne reste pas particulièrement ébahis par les grottes de Rosh Hanikra… mais en Israël, c’est un paysage assez inhabituel.

Grottes de Rosh Hanikra, Israël
Grottes de Rosh Hanikra, Israël

Sur place, vous pouvez aussi profiter d’une présentation audiovisuelle qui retrace l’histoire des grottes et d’un restaurant.

Informations pratiques sur les grottes de Rosh Hanikra

Horaires d’ouverture de Rosh Hanikra

En général, le site de Rosh Hanikra est ouvert de 9h à 18h à la belle saison, de 9h à 16h le reste du temps. Il ferme aussi plus tôt le vendredi en raison de Shabbat (à 16h en général).

Intérieur des grottes de Rosh Hanikra au nord d'Israël
Intérieur des grottes de Rosh Hanikra au nord d’Israël

Accès à Rosh Hanikra

Si vous venez sur place par vos propres moyens, vous pouvez emprunter la route 4 en direction du nord, comptez 20-25 minutes de trajet depuis Acre (Akko). Il y a des places de parking (et des places de stationnement pour les personnes handicapées).

Par les transports en commun, vous pouvez prendre le train jusqu’à Nahariya. La gare de Nahariya se situe à 10 km de Rosh Hanikra, il faudra donc compléter votre trajet par un bout de chemin en taxi. Il y a généralement une longue file de taxis disponibles en allant dans la rue voisine de la gare, Lohamei HaGeta’ot.

Si vous ne voulez pas vous occuper de la logistique, l’agence de voyage Bein Harim propose des excursions avec guide qui passent par Rosh Hanikra. Vous visiterez le très beau site archéologique de Césarée en bord de mer, passerez par les splendides terrasses baha’ies à Haïfa avant de rejoindre la ville d’Acre et les grottes de Rosh Hanikra.

  • Au départ de Tel Aviv et Netanya – Les départs le matin s’effectuent à partir de 7h15 autour de Tel Aviv, 7h45 si vous logez à Netanya.
  • Au départ de Jérusalem – Attendez-vous à un programme certes riche, mais aussi fatigant, car Jérusalem est assez loin de Rosh Hanikra, les départ sont donc très matinaux (les premiers transferts au départ des hôtels de Jérusalem débutent vers 6h du matin).
Grottes de Rosh Hanikra, Israël
Grottes de Rosh Hanikra, Israël

Billets pour visiter les grottes de Rosh Hanikra

Si vous venez avec un guide, tout sera pris en charge et vous n’aurez pas à acheter de billet.

En revanche, si vous venez par vos propres moyens, il faudra acheter un ticket, pour environ 50 shekels (un peu moins de 13 euros) par adulte et 40 shekels (un peu moins de 10 euros) par enfant. Le ticket comprend le trajet aller-retour en téléphérique, l’accès à la présentation vidéo de la zone et la visite des grottes.

Il existe aussi des billets combinés, un peu plus chers.

  • Le premier parcours inclut la visite de Rosh Hanikra et une balade en vélo ou en voiturette. Comptez environ 76 shekels/20 euros.
  • Le second parcours inclut la visite de Rosh Hanikra et la visite d’une partie de la vieille ville d’Acre (tunnels des Templiers, forteresse hospitalière, musée d’art Okashi) pour 82 shekels/21 euros. Vous pouvez également ajouter l’accès aux bains turcs d’Acre, pour un prix total de 99 shekels/25 euros.

Il existe des tarifs réduits pour les enfants.

A 2 minutes en voiture de l’entrée des grottes de Rosh Hanikra, vous pouvez aussi participer à une excursion avec guide via le kibboutz de Rosh Hanikra. Elle se déroule en voiturette électrique, il faut donc au moins un titulaire du permis de conduire pour participer.

L’excursion vous permet de découvrir la vie d’un kibboutz mais aussi l’agriculture locale : élevage de vaches laitières, pépinière, verger (riche en fruits tropicaux comme la passiflore et le fruit de la passion). Vous pourrez à cette occasion déguster quelques fruits de saison, dont le choix s’adapte à la période de l’année où vous allez sur place.

On vous conduira ensuite à la découverte des plantations d’avocats et de bananes qui ont fait la réputation du kibboutz, avant de rejoindre les grottes de Rosh Hanikra pour une visite libre. Comptez environ 87 shekels pour l’excursion/22 euros.

Panorama sur le kibboutz de Rosh Hanikra
Panorama sur le kibboutz de Rosh Hanikra

Accessibilité aux personnes à mobilité réduite

Le site de Rosh Hanikra a fait le maximum pour améliorer l’accessibilité… mais ça reste des grottes marines donc le site n’est pas accessible en totalité.

Il est possible de prendre le téléphérique avec un fauteuil roulant, de visiter la première grotte et une partie de la deuxième, d’assister à la présentation vidéo, d’utiliser les toilettes… mais le reste des grottes implique un passage étroit, avec des marches, donc n’est pas accessible.

Un avis sur les grottes de Rosh Hanikra

A elles seules, je trouve que les grottes de Rosh Hanikra ne valent pas le déplacement car elles se visitent vite et ne sont pas exceptionnelles par rapport à ce que l’on peut voir en France (même si, encore une fois, elles sont singulières à l’échelle d’Israël).

En revanche, la région dans son ensemble est intéressante, je vous conseille donc d’intégrer la visite des grottes à une visite plus large de la zone : la ville d’Acre vaut vraiment le détour, combiner la visite des grottes et la découverte du kibboutz peut aussi être captivant.

C’est ce que j’ai fait lors de mon séjour en Israël et j’ai beaucoup apprécié l’ensemble de la journée. Ca reste un « petit pays » donc en partant le matin de Tel Aviv, vous pouvez rejoindre Acre en passant par le site archéologique de Césarée (ce que font d’ailleurs les agences de voyage), avant de gagner Rosh Hanikra puis de rentrer à Tel Aviv le soir.


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