Aujourd’hui, je vous emmène visiter la Tour de l’Or à Séville, ou « Torre del Oro », une tour construite au 13e siècle pour protéger la ville et qui abrite aujourd’hui le musée naval de Séville. Au sommet, une plateforme d’observation permet de contempler le paysage.
Quelle est l’histoire de la Torre del Oro ? Comment la visiter ? Quels sont les prix et les horaires d’accès au monument ? Je vous propose plein d’anecdotes sur la Tour de l’Or et son musée, ainsi que des conseils pour y aller lors d’un futur voyage à Séville !
L’histoire de la Tour de l’Or
Une tour de défense à Séville
La Tour de l’Or ne se laisse pas impressionner par les flux de touristes qu’elle voit défiler chaque année… et pour cause, elle est installée dans le paysage de Séville depuis février 1221, où elle a vu le jour au terme d’un petit chantier d’un an.
A l’époque, elle vient compléter le vaste système défensif qui protège Séville des envahisseurs. La ville est alors entourée de remparts et l’on a bâti plusieurs tours, notamment :
- La Tour d’Abd el Aziz (ou « Tour de l’hommage »), construite au 12e siècle à l’angle entre la rue Santo Tomás et l’avenue de la Constitution ;
- La Tour de l’Argent (que vous pouvez encore voir aujourd’hui), installée rue Santander, qui aurait été achevée un an plus tôt en 1220.
Une fortification bâtie par les Almohades (peuple berbère musulman ayant occupé Séville) relie ces différentes tours, protégeant de près le Palais de l’Alcazar et traversant ses jardins. Elle vient compléter une fortification plus ancienne bâtie à l’époque romaine, quand la ville était encore beaucoup plus petite.

La tour qui veillait sur le port
Au fil des siècles, le port de Séville – le « Puerto de Indias », installé sur le fleuve Guadalquivir – se développe, devenant aux 16e et 17e siècles un point névralgique de la route des Indes espagnoles.
C’est par là que transitent tous les biens et les savoirs issus des grandes expéditions que mène l’Espagne vers des terres lointaines, notamment l’Amérique. Le port s’étend alors entre la Torre del Oro et un pont flottant, aujourd’hui disparu, qui enjambe le fleuve.
On y trouve de tout. On exporte beaucoup, surtout du vin, de l’huile d’olive et de la farine… et l’on reçoit, en provenance de l’Amérique, des métaux précieux (or, argent), du bois, du coton, du sucre et autres produits rares. La légende raconte que la Tour de l’Argent et la Tour de l’Or doivent justement leur nom au fait qu’elles servaient de lieu de stockage à ces métaux précieux. D’autres croient que la Torre del Oro a été nommée ainsi car sa surface étincelait sous le soleil.

En 1503, on construit à Séville la maison indienne ou « Casa de Contratación », qui contrôle justement la route commerciale vers les colonies espagnoles et reçoit l’or qui en provient. La ville doit clairement au port son expansion exceptionnelle.
Vous allez me dire : à notre époque, Séville n’est pas spécialement renommée pour son activité portuaire. Que s’est-il donc passé ?
La marine marchande s’est développée et, avec elle, les bateaux ont évolué. Séville est située dans les terres, à une centaine de kilomètres de l’embouchure du Guadalquivir. Si cette situation géographique était assez protégée durant les siècles les plus tumultueux de l’histoire, elle est devenue moins pratique au fil du temps, d’autant qu’il était difficile pour les gros bateaux de manœuvrer sur le fleuve.
Dans un premier temps, en 1680, on a donc décidé de répartir les bateaux entre deux ports : celui de Séville et celui de Cadix, qui offre un accès direct sur le golfe de Cadix donc sur l’Atlantique. En 1717, Cadix a pris le dessus et la Casa de Contratación a déménagé là-bas, marquant la fin d’une grande époque de la marine.
Evidemment, le port situé au pied de la Torre del Oro ne s’est pas éteint du jour au lendemain. Il a continué à se développer jusqu’à l’actuel pont de Triana (pont Isabelle-II) grâce au commerce du sel. Aujourd’hui, les installations portuaires sont au sud de la Torre del Oro et du Puente de las Delicias situé près de l’aquarium de Séville.

La légende de la chaîne brisée
La légende raconte qu’autrefois, une chaîne reliait la Tour de l’Or à une autre tour située sur l’autre rive, du côté de Triana. Cette chaîne pouvait être baissée au fond de l’eau ou relevée pour fermer l’accès au port grâce à un système de treuils et de poulies.
La légende toujours raconte que lors de la Reconquista, ce moment de l’histoire où les Rois chrétiens ont repris le contrôle de la région des mains des musulmans, un capitaine de navire originaire de Santander en Cantabrie aurait réussi à pénétrer dans le port en brisant cette chaîne. Il aurait ainsi pris le contrôle du port, coupant les vivres aux Almohades qui occupaient Séville (ceux qui ont construit les fortifications dont je vous parlais tout à l’heure, dont la Tour de l’Or).
Cette légende explique que l’on voie apparaître la fameuse chaîne – brisée – sur le blason de Santander. Et même si cette partie de l’histoire est fausse, il y a bel et bien eu une chaîne un peu plus tard dans l’histoire !

Mais revenons à nos moutons et parlons un peu plus de la Tour de l’Or de Séville elle-même.
L’architecture de la Tour de l’Or de Séville
La Torre del Oro représente un défi architectural : elle se situe au bord d’un fleuve et par définition, le sol est instable en raison de la proximité avec l’eau. Il a donc fallu bâtir des fondations extrêmement solides. On a ainsi coulé une chape de 5 mètres d’épaisseur, renforcée par des structures en pin.
En 1755, la tour est ébranlée par le grand tremblement de terre de Lisbonne (qui a été fortement ressenti dans la région de Séville). Le marquis de Monte Real, persuadé de tenir l’idée du siècle, suggère alors de la démolir. Il estime que c’est l’occasion de dégager les bords du Guadalquivir pour laisser circuler les calèches.

La proposition provoque un tollé chez les habitants de Séville, qui en appellent au Roi pour sauver la Torre del Oro.
Une démarche efficace car la Tour de l’Or fait alors l’objet d’une restauration. On renforce la chape initiale de 5 mètres en ajoutant 6 mètres d’épaisseur aux fondations (toute la base de la tour a ainsi été « utilisée » pour devenir une fondation).
Aujourd’hui, la Tour de l’Or de Séville repose donc sur un socle de 11 mètres. C’est aussi pour cette raison que lors de votre visite de la Torre del Oro, vous entrerez par une porte située au niveau de la « grande route » et non par une porte située à la base de la tour, au bord du fleuve.
Vous voyez, c’est ça qui est formidable en s’intéressant quelques minutes à l’histoire d’un lieu. On comprend pourquoi la porte est « bizarrement située », non pas à la base du monument mais plus haut !
C’est aussi lors de cette restauration que l’on a bâti la petite partie cylindrique tout en haut de la tour.

De la tour de défense au musée
Lorsque les Rois catholiques ont repris le contrôle de Séville, la Tour de l’Or a été convertie en chapelle. Grand écart par la suite, puisqu’elle est devenue un lieu de stockage de la poudre ou encore une prison ! A une époque, elle accueillait aussi les bureaux de la capitainerie.
Elle a finalement été choisie en 1936 pour accueillir le musée naval ou musée maritime de Séville, qui a ouvert ses portes au public en 1944 (il a été restauré depuis, je vous rassure !). Je pense qu’au vu de tout ce que je viens de vous raconter, vous comprendrez facilement ce choix !
Le musée naval et la visite de la Torre del Oro
La visite de la Tour de l’Or est très rapide, et pour cause : le monument, malgré sa longue histoire, n’est pas très grand !
La salle de l’actuel rez-de-chaussée, d’environ 85 m², raconte justement l’histoire du monument et propose une mini-boutique de souvenirs. Vous pouvez y voir des ancres, un canon datant du 16e siècle – la grande époque du port – ou encore des plans du fleuve.

Le premier niveau, un peu plus grand avec ses 127 m², est principalement consacré à l’histoire de la marine dans la région.


On trouve quelques objets anciens (instruments de navigation par exemple), des documents historiques, des vidéos et de très jolies maquettes de bateaux anciens.

Il y a aussi sur place une reproduction de la première carte du monde scientifique, réalisée au 16e siècle par Diego Ribero.

Ca manquait un peu de storytelling à mon goût. Autrement dit, le musée est riche en informations mais elles sont un peu trop présentées sous forme de « liste de dates et de faits ». Je trouve que l’on retient mieux l’histoire à travers des anecdotes, en créant des « ponts » avec l’époque actuelle.
Une fois le musée naval visité, on peut emprunter un nouvel escalier pour accéder à la plateforme au sommet de la Torre del Oro. Un système de feu rouge/feu vert permet de savoir quand monter et quand descendre pour éviter les embouteillages.
En haut, on peut observer le paysage derrière les créneaux de la Tour de l’Or. On voit parfaitement le fleuve et les bâtiments qui l’entourent.

Et bien sûr, comme je le mentionnais plus haut, on profite aussi d’une jolie vue sur la cathédrale de Séville et sa Giralda.

A l’heure du bilan, ce n’est pas une visite mémorable mais si vous passez dans le coin et que vous disposez d’une heure, c’est toujours intéressant à voir ! Et ça fait un joli cadre pour quelques photos souvenir ;)

Comment visiter la Tour de l’Or à Séville ?
La visite de la Torre del Oro ne coûte que quelques euros, avec un demi-tarif pour les enfants, les étudiants et les seniors.
Comme dans beaucoup de monuments de Séville, l’entrée est gratuite le lundi.
La Tour de l’Or est généralement ouverte du lundi au vendredi de 9h30 à 18h45, et les week-ends de 10h30 à 18h45. Elle est fermée les jours fériés.
Vous pouvez y demander un audioguide en français pour plus d’informations sur le lieu.
Retrouvez les horaires et tarifs à jour sur le site officiel.

C’est un monument que vous apercevrez généralement en faisant une visite guidée de Séville, par exemple cette visite de 2h en Segway proposée par TopSegway, ou cette visite de 3h en vélo proposée par Bunny Bike Tours.
Un bon moyen de repérer les lieux d’intérêt incontournables à visiter à Séville, notamment si vous avez peu de temps pour visiter la ville ou que vous voulez pouvoir situer rapidement les endroits clés.
N’hésitez pas à consulter aussi mes conseils pour préparer votre voyage à Séville : bonnes adresses, lieux d’intérêt à visiter et plein d’informations pratiques pour partir en Andalousie l’esprit tranquille !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Aaah Séville !!! Nous y étions à Noël 2019. Un vrai bonheur! Cette ville est magnifique. Boire un mojito au pied du fleuve dehors le jour de Noël,quel regal! Merci pour ce beau souvenir.
J’aime le concept du mojito de Noël ;) Effectivement, ville magnifique, que ce soit en architecture ou en matière de « douceur de vivre », j’ai beaucoup aimé le côté arboré aussi, on sent que toute la ville s’est adaptée aux grosses chaleurs pour que l’environnement reste ombragé et agréable, c’est vraiment joli.