Aujourd’hui, nous partons pour une visite de la Tour Saint Jacques à Paris. C’est probablement l’un des monuments les mieux situés de la capitale, puisqu’elle se situe près du Châtelet, au centre de la capitale, offrant ainsi l’une des plus belles vues de Paris !
Dans cet article, je vous propose de partir à la découverte de l’histoire de la Tour Saint Jacques, qui fut un jour beaucoup plus qu’une tour ! Nous allons monter ses 300 marches et admirer ensemble le splendide panorama qu’elle révèle. Je vous donnerai aussi quelques informations pratiques pour aller la visiter à votre tour : horaires d’ouverture, réservation, billets…
Conseils voyage
L’histoire de la Tour Saint Jacques à Paris
Pour comprendre comment cette tour classée aux Monuments Historiques se retrouve aujourd’hui en plein coeur de la ville, il faut voyager dans le temps… loin, très loin derrière nous, au Moyen-Âge. A l’époque, la capitale est encore peu urbanisée et l’on commence seulement à voir les premiers îlots d’habitations se construire sur la rive droite (au nord de la Seine).
Le monceau Saint-Jacques et la Grande Boucherie
La population s’établit notamment sur trois « monceaux », c’est-à-dire de petites buttes :
- Le monceau Saint-Gervais, qui accueillera au 15e siècle l’église Saint-Gervais-Saint-Protais (elle-même construite sur les ruines d’une basilique du 4e siècle). Aujourd’hui, on ne distingue plus la surélévation du sol, qui a été totalement gommée par les années. Je vous ai parlé du quartier Saint-Gervais dans cet article.
- Le monceau Saint-Germain l’Auxerrois, avec l’église du même nom fondée probablement au 6e ou 7e siècle.
- Le monceau Saint-Jacques… qui a un rapport avec notre histoire du jour ;)

Le monceau Saint-Jacques dominait un marécage et comme ses voisins, il possédait aussi son église, vraisemblablement construite au 12e siècle à l’emplacement d’une chapelle du 10e siècle. Il existait déjà à l’époque une église Saint-Jacques (du Haut-Pas) sur la rive gauche de Paris, on a donc décidé de donner à celle-ci le nom du quartier où elle se trouvait, à savoir le « quartier de la Grande Boucherie »… et c’est ainsi que Saint-Jacques-la-Boucherie a vu le jour.
« Quartier de la Grande Boucherie », voilà qui sonne un peu comme un nom de film d’horreur ! Il faut se rappeler qu’à l’époque, les villes médiévales étaient souvent structurées autour des professions : on trouvait une rue ou un quartier des bouchers, une rue ou un quartier des tanneurs, etc. A Paris, même chose, il y avait de grandes boucheries, près du parvis de Notre-Dame puis à Saint-Germain-des-Prés, et finalement dans le quartier Châtelet.
Les bouchers de Paris forment au Moyen-Âge une corporation puissante, qui a pour siège la fameuse église Saint-Jacques-la-Boucherie. Ils ont d’ailleurs financé bon nombre d’aménagements dans l’église (vitraux, statues…).
Pendant quelques siècles, l’église a accueilli un cimetière. Elle a aussi servi de lieu de réunion pour les révolutionnaires des Lombards pendant la Révolution française.

L’architecture de la Tour Saint-Jacques
Si je vous parle de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, c’est parce qu’elle joue un grand rôle dans l’histoire de la Tour Saint-Jacques. Au 14e siècle, elle est agrandie une première fois à l’initiative de Nicolas Flamel. L’homme a la réputation tenace d’être ce grand alchimiste ayant percé les secrets de la pierre philosophale, capable de guérir et de changer les métaux ordinaires en or… mais il avait surtout un excellent sens de l’immobilier !
Plus tard, au 16e siècle, on dote l’église d’un nouveau clocher. Ce clocher, vous le connaissez bien, puisqu’il s’agit de la tour Saint-Jacques elle-même !
C’est la fin d’une ère architecturale, celle du gothique flamboyant qui a séduit pendant un siècle, inspirant de nombreux monuments français comme l’église Saint-Maclou de Rouen. Mais alors que le style Renaissance s’impose déjà partout, l’architecture de la Tour Saint-Jacques offre un ultime adieu au gothique flamboyant.
Son but : éblouir, redonner de la grandeur aux monuments à une époque où la France a terriblement souffert de ses conflits avec l’Angleterre. Beaucoup de motifs, d’arabesques, de mouvement dans les lignes de l’architecture, le tout agrémenté de nombreuses gargouilles…

La Tour Saint-Jacques, seule au milieu du square du même nom
Si vous allez près du square de la tour Saint-Jacques à Paris, vous allez bien voir la tour… mais aucune trace d’église. Qu’est-il donc arrivé à Saint-Jacques-la-Boucherie ?
L’église a été « victime » indirecte de la Révolution Française. En effet, pendant la Révolution, de nombreux biens de l’Église ont été confisqués (on parle de « biens nationaux »), puis revendus pour couvrir les frais de reconstruction post-Révolution, qui étaient pharaoniques.
L’église Saint-Jacques-la-Boucherie avait survécu aux hostilités, bien qu’endommagée… mais elle n’a pas survécu à ces décisions administratives. En 1797, suite à sa mise en vente, elle a tout simplement été démantelée afin que l’on puisse récupérer ses pierres. C’est le ministre des Finances qui aurait sauvé la Tour Saint-Jacques, convertie en tour de guet pour anticiper les incendies à Paris. Elle est restée pendant longtemps l’un des plus hauts monuments de Paris.

Quelques années plus tard, un entrepreneur, Dubois, se porta acquéreur du clocher pour y installer une fonderie de plombs de chasse. On montait des lingots de plomb tout en haut, on les faisait fondre… et en descendant la hauteur de la tour, les gouttes de plomb formaient en arrivant en bas des munitions parfaites. La tour est restée dans la famille Dubois jusqu’en 1836 (imaginez un peu être propriétaire de ce genre d’espace en plein Paris à notre époque !)… non sans quelques incendies provoqués par ces histoires de plombs de chasse !
La ville de Paris était engagée dans une politique de grands travaux, qui a donné naissance à des rues très connues de la capitale comme la rue de Rivoli ou le boulevard Sébastopol… et elle souhaitait récupérer le terrain.


C’est à cette période que l’on a aplani le monceau Saint-Jacques, faisant disparaître ses reliefs… et que l’on a créé le square de la Tour Saint-Jacques, toujours existant aujourd’hui. Il faut imaginer qu’à l’époque, il n’y avait pas d’escalier pour accéder au pied de la tour car le sol était plus haut. C’est l’urbanisation progressive qui a poussé à niveler le terrain… nécessitant la création d’un escalier pour atteindre l’entrée de la tour, qui se retrouvait désormais trop haut.
L’architecte Baltard ainsi que Théodore Ballu ont supervisé les travaux, qui ont notamment consisté à refaire les fondations de la Tour.
La ville de Paris gère la tour depuis cette époque. On y a longtemps mis une station météo et en 2007, la mairie a lancé un chantier de restauration de grande ampleur pour préserver et rénover la Tour Saint-Jacques. Quelques années plus tard, en 2013, elle a ouvert pour la première fois ses portes au public.
L’ouverture de la Tour Saint-Jacques à Paris est donc toute récente par rapport à sa longue histoire !
Visite de la Tour Saint-Jacques à Châtelet
On commence par pénétrer dans le square de la Tour Saint-Jacques, qui a été le premier square de Paris. C’est un petit jardin public qui, après la destruction de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, a accueilli un marché.
Aujourd’hui, vous y trouverez notamment un monument en hommage au poète Gérard de Nerval : après de multiples crises de folie, celui-ci avait fini par se pendre près de la place du Châtelet. L’Église condamnait sévèrement le suicide mais lui avait malgré tout accordé le droit d’être enterré religieusement, attribuant son suicide à sa maladie mentale.
Pour accéder à la tour elle-même, on emprunte quelques marches et l’on peut contempler une statue de Blaise Pascal. L’histoire raconte qu’il aurait mené sur place des expériences sur la pesanteur… même si le lieu exact de ses recherches reste controversé.
Puis c’est l’ascension… 300 marches, un étroit escalier de seulement 85 cm de largeur qui s’enroule vers les hauteurs. Cette exiguité explique que le nombre de visiteurs autorisés à la Tour Saint Jacques soit très limité.


Vous pourrez marquer un palier, notamment pour admirer les vitraux du clocher de l’intérieur et l’ancienne station météo. Ils ont été installés quand la ville de Paris a repris le contrôle de la Tour Saint-Jacques à Châtelet : afin de lui redonner une place laïque, on a retiré les cloches et fermé la tour par des vitraux.
Mais évidemment, la visite de la Tour Saint Jacques, c’est surtout l’incroyable panorama que l’on découvre au sommet, à plus de 50 mètres de hauteur. On débouche sur une plateforme carrée surplombée d’une statue de Saint-Jacques et bordée de balustrades en pierre (il faut d’ailleurs noter que la Tour est pour les chrétiens l’un des points de départ du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle).
Aux quatre angles de la tour, d’autres statues représentent les évangélistes de la Bible : l’aigle, pour Jean ; le lion ailé, pour Marc ; le taureau ailé, pour Luc, et l’ange, pour Matthieu.

L’ouverture de la Tour Saint-Jacques au public offre l’opportunité unique de contempler Paris à 360°C. Que vous veniez avec un simple smartphone ou avec un téléobjectif 400mm, vous pourrez repartir avec de jolies photos de la capitale et admirer tous les grands monuments.
On s’offre un petit tour d’horizon ? On commence avec cette statue qui donne l’impression de croquer Paris. La silhouette du dôme de la Bourse de Commerce et l’Opéra Garnier se détachent… On distingue aussi, au fond, la silhouette moderne du nouveau Palais de Justice de Paris.

On poursuit avec la butte Montmartre, sous un ciel menaçant !

Puis vient le tour du Centre Pompidou sous un ciel presque apocalyptique ! J’en profite pour vous recommander chaudement (c’est le cas de le dire) de vous couvrir si vous montez en haut de la Tour Saint Jacques par un jour de grand vent ou une fois la belle saison terminée.
Si certains chassent les jours de grand beau temps pour ce type de sortie, j’avoue pour ma part qu’avec les années, je préfère les ciels nuageux car ils donnent au paysage une forme de « puissance »…

On peut ensuite se prendre au jeu d’observer la fourmilière de la rue de Rivoli aux abords du BHV.

Puis nous croisons la route de la Mairie de Paris et de la Seine. Je le mentionnais sur mon compte Instagram, mais quand on vit dans une grande ville comme Paris, on manque souvent d’un horizon ouvert. Le regard est vite bloqué par une façade, un monument, sans pouvoir poursuivre sa route plus loin.
Monter sur la Tour Saint Jacques ou autre monument en hauteur, c’est retrouver cette ligne d’horizon, ce plaisir à voir les arbres se mêler aux petites fenêtres, les toits aux lignes bien dessinées des grandes artères parisiennes, les courbes de la Seine et les pics des clochers…

On continue avec cette jolie vue sur Seine…

Puis l’on découvre la grande blessée… la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a commencé sa longue convalescence après le terrible incendie qui l’a ravagée.

Impossible d’imaginer ce que serait cet endroit, le vide béant qu’aurait laissé la cathédrale si elle avait disparu dans les flammes. L’occasion aussi de constater à quel point la Tour Saint Jacques sera l’endroit parfait pour observer la renaissance de Notre Dame !
On prend plaisir à contempler ses tours avec, plus loin, la jolie silhouette du Panthéon !

Le Panthéon, justement, le revoici… avec sa colonnade qui offre elle aussi une belle vue de Paris !

Continuons notre exploration du ciel parisien, avec la Conciergerie de Paris et la Sainte-Chapelle.

Puis une jolie perspective « double dôme » :
- Au premier plan, on trouve le dôme de l’Institut de France. C’est l’institution qui fédère les Académies (Académie française, Académie des sciences, etc).
- A l’arrière-plan, on distingue le dôme des Invalides, très beau bâtiment lui aussi, tant sur le plan architectural que par son histoire (je vous raconte ma visite des Invalides ici).

Ne manquerait-il pas quelque chose d’essentiel au ciel de Paris ? L’un des emblèmes de la capitale ? Ne vous inquiétez pas, elle arrive, la voici, la voilà… la Tour Eiffel !

Le panorama à 360° sur Paris se termine par cette vue sur l’église Saint-Eustache et la canopée des Halles, deux lieux d’intérêt faciles à repérer parmi tous les toits de Paris !

Je suis ressortie de cette visite avec un émerveillement renouvelé pour ce que cette ville peut offrir aux regards curieux. Car au-delà des monuments que je vous montre, il y a toutes ces scènes de vie que l’on capture en prenant de la hauteur : la lessive qui sèche aux fenêtres, les terrasses dissimulées qui doivent offrir à leurs propriétaires des joies immodérées, l’alignement des toits et des cheminées comme autant de promesses de vues cachées…
Visite de la Tour Saint-Jacques à Paris : horaires et billets
La visite de la Tour Saint-Jacques est gérée par Des Mots et des Arts, des passionnés d’histoire de l’art qui organisent des visites dans plusieurs lieux de Paris.
Pour accéder à la Tour Saint-Jacques, une réservation préalable est indispensable et peut s’effectuer en ligne sur le site dédié. Je vous conseille fortement de réserver votre billet à l’avance car en général, les créneaux sont vite complets si bien qu’il est rare de pouvoir se joindre à la visite en se rendant directement sur place. Des Mots & des Arts possède également un kiosque dans le square de la Tour Saint-Jacques, où vous pouvez retirer vos billets et obtenir des informations.
Compte tenu de la configuration des lieux, la visite n’est accessible qu’aux personnes ayant un état de santé suffisamment bon pour monter 300 marches. Si vous êtes claustrophobe ou que vous avez le vertige, la visite de la Tour Saint-Jacques est déconseillée. Elle est enfin interdite aux enfants de moins de 10 ans (y compris les bébés portés).
Elle dure généralement 45 minutes, vous pouvez retrouver les tarifs à jour ici sachant qu’il existe un tarif réduit pour les moins de 18 ans, les étudiants et les demandeurs d’emploi.
Les visites sont organiséees les samedis et dimanches, toutes les heures.
J’espère vous donner envie à travers cet article d’aller explorer la Tour Saint-Jacques ! Elle le mérite amplement :)
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Je ne viens que rarement à Paris, 1 ou 2 fois par an, presque toujours pour le travail… mais malgré un planning assez chargé mais j’essaye à chaque fois de me préserver des instants pour moi et visiter cette belle ville! Je n’ai encore jamais été voir la tour Saint Jacques. Je me le note pour un prochain séjour!
Ca vaut le coup, surtout quand la météo est correcte ! Profite bien de la fin d’année !
Je ne connaissais pas cette tour, merci pour la découverte =)
C’est très sympa, je te conseille la visite ! Belle fin d’année :)
Merci pour ce beau voyage! Je dois avouer que je ne suis pas fan de Paris, je me sens opprimée quand j’y fais un tour, comme un manque d’air, d’espace. Mais pourtant, que Paris offre de magnifiques bâtiments! Que de traces laissées par l’Histoire, c’est juste fantastique de pouvoir « lire » autant de siècles sur quelques pierres plus ou moins épargnées par le temps! Merci pour ce partage!
Hello, je te rejoins parfois sur le « manque d’air », c’est d’ailleurs pour ça que je ne vis pas dans Paris même, j’ai testé et pas aimé :) Mais en prenant de la hauteur, on voit la ville sous un autre angle, où l’on respire beaucoup plus ! Et ce ne sont pas les toits qui manquent :)
Merci pour ce beau reportage! C’est fou je bosse sur paris et je ne connaissais pas du tout ce lieu, à découvrir !
Hello Marjorie, merci pour ton commentaire ! C’est un monument très discret, dont on ne parle pas beaucoup. A première vue, c’est « juste une tour » donc peut-être que les gens ont pour première impression que ça n’a pas beaucoup d’intérêt… alors que sa position centrale lui permet d’offrir une vue très sympa !