Aujourd’hui, je vous emmène dans un endroit magnifique quoiqu’un peu spécial : le vieux cimetière de Zakopane en Pologne. Avec ses décorations sculptées dans le bois, sa végétation soignée, il fait partie des visites incontournables de cette petite station de montagne des Tatras.
J’ai eu la chance de le visiter sous un beau soleil d’octobre et j’ai adoré l’atmosphère du lieu, au point que j’ai eu du mal à tenir jusqu’à la Toussaint pour vous le faire découvrir !

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Peksowy Brzyzek, dernière demeure des personnalités locales
Tout commence par une traduction assez ironique : Zakopane signifie « enterré » en polonais… Pas franchement joyeux pour une ville qui a pourtant été un très gros coup de cœur lors de mon séjour en Pologne ! Une ville nichée au pied de la chaîne de montagnes des Tatras.

En 1813, deux habitants de la région, Pawel et Regina Gasienica, font don d’un terrain incluant une maison et une petite chapelle de pierre, à la paroisse de Zakopane. En 1848, un autre citoyen, Jan Peksy, offre à son tour un terrain à la paroisse pour y créer un cimetière.
On appelle l’endroit le « cimetière Peksowy Brzyzek ». Peksowy, en référence à « Peksy »… et « Brzyzek », parce que ça désigne un terrain qui surplombe un ruisseau. Et justement, le Cicha woda coule en contrebas du vieux cimetière.
En 1851, après quatre années de construction (et sur autorisation de l’empereur Ferdinand I), on ouvre une superbe église en bois très typique de la région, l’église Saint-Clément.

Elle a été construite par le charpentier Sebastian Gasienica Sobczak à deux pas de la chapelle en pierre déjà présente sur le terrain.

Au départ, le cimetière Peksowy Brzyzek est un cimetière tout à fait ordinaire mais à partir des années 1920, il commence à adopter une fonction très différente : servir de dernière demeure à de nombreuses personnalités de la région, qui occupent aujourd’hui plus de la moitié des tombes du cimetière.
Ce sont pour la plupart des personnalités locales, que je ne connaissais pas pour ma part. Elles appartiennent à tous les corps de métier.
Il y a parmi elles des gens qui ont joué un rôle important dans l’histoire de la ville, comme le révérend Jozef Stolarczyk enterré à l’entrée du vieux cimetière de Zakopane : il a été le premier à célébrer une messe dans l’église en bois voisine.
On trouve également des sportifs comme Helena Marusarzowna, sept fois championne de ski en Pologne, fusillée par la Gestapo pour actes de résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale… et son frère Stanislaw Marusarz, champion de combiné nordique. Il a été arrêté avec sa sœur mais a réussi à échapper à la fusillade en sautant du troisième étage de la prison centrale de Cracovie.
Stanislaw Marusarz est d’ailleurs mort à un moment surprenant : il assistait à l’enterrement de Waclaw Felczak, un professeur d’histoire réputé, et était en train de prononcer un éloge funèbre quand il a fait un malaise en pleine cérémonie, au beau milieu du cimetière de Zakopane. Il a donc lui-même été enterré dans le vieux cimetière de Zakopane quelques jours plus tard.

Le cimetière Peksowy Brzyzek abrite aussi la tombe de guides de haute montagne et sauveteurs en montagne : parmi eux, Maciej Sieczka, Stanislaw Gasienica Byrcyn ou encore l’alpiniste Piotr Malinowski dont les cendres ont en réalité été dispersées dans ses montagnes chéries mais à qui on a créé une « tombe symbolique » dans le vieux cimetière de Zakopane.
Sans oublier des artistes (le violoniste Tadeusz Gasienica Giewont, le chanteur et conteur Jan Krzeptowski, le sculpteur Antoni Kenar, la peintre Wanda Gentil-Trippenhauer et bien d’autres).
Ajoutez des écrivains, des architectes, des physiciens, des médecins… et ça fait une sacrée réunion !
Mais ce n’est pas ce qui frappe le plus le visiteur quand on franchit la grille du vieux cimetière de Zakopane. C’est l’atmosphère complètement unique du lieu.
Dans les allées du vieux cimetière de Zakopane
Il s’agit en réalité d’un tout petit cimetière, avec une seule allée centrale pavée qui serpente entre les arbres.

Les tombes sont verdoyantes, bien entretenues et il règne sur place une atmosphère apaisante.


La sculpture du bois est une spécialité de la région et le vieux cimetière de Zakopane regorge d’exemples de cet artisanat typique : sculptures du Christ en bois, croix ornées, troncs sculptés en guise de pierre tombale, c’est absolument magnifique.


Avant ma visite, on m’avait parlé d’une particularité du cimetière que je n’aurais probablement jamais remarquée autrement : la présence des Christ assis. Cette représentation du Christ n’est pas la plus courante, on l’appelle aussi le « Christ de pitié ».
Elle symbolise le moment où, selon la Bible, Jésus est monté au Ciel et, comme le dit le Credo, prière catholique célèbre, « est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts ».
On croise plusieurs représentations de ce Christ assis dans le cimetière… Ouvrez l’oeil !


Après ma visite du vieux cimetière de Zakopane, j’ai voulu aller voir l’intérieur de l’église en bois voisine, l’église Notre-Dame de Czestochowa. C’était sans compter sur la ferveur catholique des Polonais : l’église était bondée, au point que les gens étaient debout au fond. Je suis restée un moment à écouter la messe et même si je ne comprenais absolument rien, j’ai trouvé ça très dynamique, avec beaucoup de chants et de ferveur.
Il y avait même des haut-parleurs sur le toit du bâtiment qui transmettaient l’office à l’extérieur.
J’ai beaucoup apprécié cette petite parenthèse très calme. C’est le genre d’endroit qui fait voir la mort autrement et je regrette souvent que l’on n’ait pas davantage de cimetières de ce genre en France. Ce sont des lieux pleins de poésie, d’apaisement et de paix qui contribuent à donner une approche plus sereine du deuil.
Parmi les cimetières dont j’ai parlé sur le blog à ce jour, celui de Zakopane reste sans aucun doute l’un de mes préférés avec Highgate en Angleterre !

Comment visiter le vieux cimetière de Zakopane ?
Il est très facile de passer la journée ou quelques jours à Zakopane dans le sud de la Pologne, notamment dans le cadre d’un séjour à Cracovie. Je vous ai expliqué dans un autre article comment aller à Zakopane… et une fois que vous êtes sur place, le vieux cimetière se trouve à deux pas du centre-ville dans la rue Koscieliska. La plupart du temps, il faut payer une toute petite somme pour entrer (autour de 50 centimes d’euro).
Si vous n’avez pas envie de vous embêter avec l’organisation d’une escapade à Zakopane, vous pouvez aussi opter pour une visite guidée de la ville sur une journée au départ de Cracovie. Le cimetière fait généralement partie du programme, tout comme la découverte de Gubalowka, le mont qui surplombe la ville et permet d’admirer toute la chaîne de montagne des Tatras.
Je reste avec l’envie de retourner un jour à Zakopane en hiver pour profiter des beaux paysages enneigés… mais il y a tant de choses à découvrir dans le monde que ça devra sans doute attendre un peu !
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Bonjour, je suis allée une semaine en octobre à Cracovie, avec toutes tes infos dans la poche. Merci. Zakopane vaut le détour, je confirme ! 1H1/2 de bus; oui, le cimetière est surprenant, on se surprend à murmurer tellement l’atmosphère est sereine; merci pour l’info sur les Christ assis, nous n’avions pas trouvé la raison; l’église était vide, elle est magnifique avec une vierge noire superbe !
C’est amusant, je parlais de Zakopane avec un Polonais le mois dernier car je suis retournée dans le pays et il me disait qu’il trouvait ça « trop touristique ». C’est sans doute vrai pour une partie de la ville (au niveau de l’esplanade en haut du funiculaire) mais « touristique » ne signifie pas moche pour autant et je trouve comme vous que ça vaut le détour !
Très bel article , et très à propos avec la Toussaint sur le cimetière Polonais de Zakopane. Ce cimetière est beau avec ce travail du bois sur les tombes.
Bonjour Corinne, effectivement c’est un lieu très beau et apaisant ! Merci pour le commentaire :)