Son seul nom impressionne, évoquant les grands personnages de notre histoire : le Panthéon de Paris. Sa silhouette majestueuse se dessine au sommet de la montagne Sainte-Geneviève, dans le Quartier Latin… et pendant longtemps, je n’ai pas osé en franchir la porte.
L’intérieur est aussi majestueux que l’extérieur, et j’ai décidé de vous emmener à la découverte de ce monument de Paris incontournable.

Le Panthéon de Paris… construit comme une église
A l’origine, le Panthéon n’a pas du tout cette vocation à accueillir les êtres ayant marqué l’histoire de la France… puisqu’il voit le jour comme une église.
La promesse de Louis XV
Nous sommes en 1744. Le roi Louis XV est très mal en point et jure de faire bâtir une église dédiée à Sainte-Geneviève (patronne de la ville de Paris) s’il survit. Le miracle a lieu… et le Roi ordonne au marquis de Marigny de prendre en charge la construction du monument.
Le marquis confie la mission à un homme, l’architecte Jacques-Germain Soufflot, qui s’est distingué en proposant des plans très créatifs.
Avec l’aide de deux ingénieurs, Emiland Gauthey et Jean-Baptiste Rondelet, Soufflot propose de bâtir une grande église à dôme dans le Quartier Latin de Paris. Il choisit de mêler en un même édifice différentes inspirations architecturales : le gothique, à travers une nef voûtée ; le style gréco-romain, avec le fronton triangulaire et les colonnes corinthiennes ; le style byzantin, avec une triple coupole…
Pour la première fois, on effectue de véritables calculs mathématiques pour déterminer les différentes forces que devra supporter le bâtiment et assurer sa solidité.

Construction et contretemps
Sur son plan initial, Soufflot conçoit l’église comme une croix grecque, c’est-à-dire une croix avec quatre branches de longueurs égales. Mais l’idée ne séduit pas du tout le clergé catholique, qui exige une croix latine. Face à sa toute-puissance, Soufflot est contraint d’obtempérer et de rallonger certaines parties de l’église.
L’argent nécessaire à la construction est obtenu grâce à des loteries religieuses… et le terrain choisi correspond tout simplement à une partie du jardin de l’abbaye Sainte-Geneviève. Cette abbaye a été fondée par Clovis en 502 et il a été enterré dans l’église abbatiale, rejoint plus tard par Sainte-Geneviève. Aujourd’hui, une partie de ce qui reste de l’abbaye accueille le prestigieux lycée Henri-IV.
On a l’argent. On a le terrain. On a le plan. On a les architectes… mais comme souvent avec les chantiers, tout ne se passe pas comme prévu ! Le sol est envahi par d’anciens puits dont se servaient les potiers pour extraire l’argile du sol à l’époque gallo-romaine, un vrai gruyère qui engloutit le budget initialement prévu pour les travaux.
Néanmoins, le projet suit son cours. Après 6 ans de travaux sur les fondations, Louis XV pose la première pierre de la future église Sainte-Geneviève en 1764. Soufflot meurt en 1780 sans voir son oeuvre achevée, dans un contexte de vives critiques contre l’église : on prédit que le dôme s’effondrera et, de surcroît, l’argent commence à nouveau à manquer pour achever le monument.
C’est l’ingénieur Jean-Baptiste Rondelet – qui accompagnait Soufflot depuis le début du projet – qui prend le relais pour terminer l’édifice, en 1790.

La Révolution française
1790 n’est pas la période la plus calme de l’histoire de France, puisque nous sommes en pleine Révolution française. Dans ce contexte de grands bouleversements, la mort de Mirabeau en 1791 fait germer l’idée de consacrer un lieu aux grands hommes ayant marqué l’histoire de France, comme cela existe déjà en Angleterre avec l’abbaye de Westminster.
La décision est vite prise : seulement 2 jours après le décès de Mirabeau, on annonce que l’église Sainte-Geneviève sera convertie en nécropole, et l’on décide de faire graver sur le fronton la phrase « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ».
En 1793, l’église Sainte-Geneviève est devenue un panthéon, le Panthéon de Paris.
Le fronton triangulaire est occupé au centre par la Patrie… qui protège, à droite, des savants, des écrivains et des philosophes (Corneille, Rousseau, Voltaire, Monge, Bichat…) et, à gauche, des personnages d’État comme Napoléon Bonaparte.

Le Panthéon de Paris, un monument majestueux
Dès que l’on franchit ses marches, que l’on se retrouve sous ses colonnes, le Panthéon vous donne l’impression d’être tout petit.

On pénètre sous ses coupoles, dans une semi-pénombre qui invite naturellement au recueillement.
Le Panthéon de Paris fait 110 mètres de long et 84 mètres de large. Il est riche en sculptures et en tableaux qui invitent à la contemplation.

Sans oublier le fascinant pendule de Foucault, par lequel on se laisse hypnotiser. Léon Foucault voulait démontrer que la Terre tournait sur elle-même. Il a construit un pendule de 67 mètres de long, avec une boule de 18 centimètres pesant 28 kilos… et a choisi le Panthéon pour le suspendre, en raison de sa grande hauteur qui permettait de mener à bien l’expérience.
Il a ainsi pu démontrer en 1851 que le pendule ne continuait pas éternellement à suivre sa trajectoire initiale… justement parce que la Terre tourne et le fait dévier. Depuis 1995, le pendule a été réinstallé au Panthéon et l’on peut donc l’observer.

Dans la nef, trône aussi une sculpture de François-Léon Sicard, construite au début du 20e siècle pour servir « d’autel républicain » à l’emplacement de ce qui devait être un autel religieux à l’époque où le Panthéon était une église. La sculpture rend hommage à la Convention nationale, qui a fondé la Première République.


Dans une chapelle adjacente, on trouve une maquette sublime du chantier du Panthéon, elle-même classée monument historique. Elle aurait été réalisée peu avant la mort de Soufflot, autour de 1770-1780.

La crypte du Panthéon de Paris
Dans les sous-sols du Panthéon, on accède à une immense crypte qui couvre toute la surface de l’édifice. Elle peut accueillir 300 personnes.
La crypte du Panthéon est un petit labyrinthe au cœur de l’histoire de France. On y croise des noms que tout le monde connaît, à l’instar de Voltaire. Son inhumation au Panthéon (redevenu brièvement église Sainte-Geneviève !) avait beaucoup fait jaser… car Voltaire était connu pour son opposition au clergé. Le peuple s’était indigné : était-ce bien raisonnable de tolérer la présence d’un tel homme dans l’église ?
Louis XVIII avait répondu : « Laissez-le donc, il est bien assez puni d’avoir à entendre la messe tous les jours ».

La crypte abrite 74 sépultures :
- 66 sont celles de grands hommes ayant contribué à l’essor de la France. J’en citerai quelques-uns, comme Louis Braille (qui a créé l’écriture pour les aveugles), les grands résistants Félix Eboué, Jean Moulin, Pierre Brossolette et René Cassin ; Victor Schoelcher (à l’origine de l’abolition de l’esclavage), les écrivains Jean-Jacques Rousseau, Émile Zola, André Malraux et Alexandre Dumas ;
- 4 sont celles de femmes remarquables ayant elles aussi fait avancer le pays : Marie Curie (célèbre pour ses découvertes sur la radioactivité), Geneviève de Gaulle-Anthonioz (Résistante, ancienne déportée au camp de Ravensbrück et présidente d’ATD Quart Monde pendant 34 ans), Germaine Tillion (Résistante et ethnologue, ancienne déportée au camp de Ravensbrück) et Simone Veil (ancienne déportée au camp d’Auschwitz, à l’origine de la dépénalisation de l’IVG et actrice de la réconciliation franco-allemande) ;
- 1 tombe abrite la dépouille de Soufflot, qui a imaginé cet édifice ;
- 3 tombes, enfin, sont présentes pour respecter les dernières volontés de certains « panthéonisés » : ainsi, Simone Veil repose aux côtés de son mari Antoine, conformément à sa volonté ; Sophie Berthelot gît aux côtés de son mari, le chimiste Marcellin Berthelot, mort de douleur une heure après l’avoir perdue ; quant à Victor Schoelcher, il avait émis le souhait de reposer aux côtés de son père Marc, qui est donc lui aussi inhumé au Panthéon.

Entrer au Panthéon ne va pas de soi. Au-delà d’une proposition de l’Assemblée Nationale, la famille doit aussi donner son accord. Certains ont refusé la panthéonisation de leur proche (Camus par exemple). D’autres ont accepté, sous réserve que le corps reste dans le caveau familial : ainsi, certaines tombes du Panthéon sont vides en réalité, à l’instar de celles de Geneviève de Gaulle-Anthonioz et de Germaine Tillion.
Simone Veil repose dans la même salle que René Cassin et Jean Moulin… et beaucoup de gens lui rendaient hommage quand je suis allée au Panthéon.

Au-delà des tombes, le Panthéon abrite une quantité innombrable de plaques et de gravures au nom d’écrivains morts pour la France, de martyrs, de soldats, de « Justes parmi les Nations » ayant sauvé des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale…
C’est une visite qui fait beaucoup réfléchir à ce que l’on fait de sa vie… et à ce que l’on fait pour les autres. Car aucun de ces « grands » personnages n’est devenu grand en vivant seulement pour lui-même et en servant ses propres intérêts.
La coupole du Panthéon
Entre avril et octobre, il est possible de monter dans la coupole du Panthéon pour une visite des hauteurs qui dure environ 45 minutes. Le dôme cache en réalité 3 coupoles superposées, et pèse pas moins de 17 000 tonnes.

Comment visiter le Panthéon de Paris ?
Vous pouvez rejoindre facilement le Panthéon depuis les stations de métro Cardinal Lemoine (ligne 10) ou Place Monge (ligne 7), ou encore en empruntant le RER B jusqu’à la station Luxembourg.
L’accès est payant, vous retrouverez les tarifs ainsi que les horaires d’ouverture du Panthéon sur le site Internet.
Vous pouvez soit visiter librement le monument (comptez 1h à 1h30, hors visite des hauteurs qui dure 45 minutes), soit participer à une visite guidée qui dure généralement autour de 45 minutes.
C’est en visitant le Panthéon de Lisbonne que j’ai pris conscience que je n’avais jamais osé franchir les portes de celui de Paris. C’est désormais chose faite et je vous recommande la visite, que ce soit pour la dimension historique ou pour l’architecture impressionnante de l’édifice !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Je l’ai visité plusieurs fois, c’est vrai qu’il est impressionnant ! Très jolies photos de ce grand monument Parisien :)
Merci Aurore ! J’ai bien envie d’y retourner cet été pour profiter de la vue tout en haut du Panthéon !