Aujourd’hui, je vous emmène visiter l’Alcazar de Cordoue, un édifice très ancien bâti sur les rives du Guadalquivir en Andalousie. Il fait partie des monuments que l’on peut explorer lors d’un week-end à Cordoue et est particulièrement agréable par beau temps, où les jardins de l’Alcazar révèlent toute leur beauté.
L’endroit propose aussi un spectacle nocturne où l’Alcazar de Cordoue accueille un son et lumières autour des fontaines des jardins.
Dans cet article, je vais vous raconter l’histoire de ce monument et vous donner plein d’infos pratiques sur les tarifs, billets et visites guidées de l’Alcazar de Cordoue.
D’où viennent les Alcazars ?
L’Alcazar de Cordoue est un Alcazar parmi bien d’autres qui existent dans la région, les plus connus étant probablement l’Alcazar de Séville, l’Alcazar de Jerez de la Frontera et celui de Cordoue.
Le nom de ces édifices est un dérivé de l’arabe « al-qaṣr » qui désignait un château, un terme qui a été repris phonétiquement en espagnol pour devenir « alcazar ». Cette évolution de la langue a suivi celle de l’histoire !
En effet, autrefois, la péninsule ibérique était occupée par les musulmans (d’où la forte présence de l’arabe)… jusqu’à ce que les Chrétiens en reprennent le contrôle entre le 8e et le 15e siècle. Cet épisode de l’histoire, la « Reconquista », a abouti à la construction de nouveaux monuments pour les Rois chrétiens, souvent sur les ruines des anciens châteaux : les Alcazars.
L’Alcazar califal de Cordoue, le « premier Alcazar de Cordoue »
Les musulmans avaient construit à Cordoue un premier Alcazar, qui accueillait l’émir et le calife de Cordoue et occupait près de 40 000 m². Cet Alcazar califal de Cordoue possédait une gigantesque bibliothèque, de grands jardins – arrosés grâce à des roues qui propulsaient l’eau du fleuve Guadalquivir voisin, des bains avec hammam…
Un passage secret permettait aux hauts dignitaires que sont l’émir et le calife de se rendre à la mosquée-cathédrale de Cordoue à leur convenance, en toute discrétion.
On sait assez peu de choses de la configuration du bâtiment à l’époque. Toujours est-il que lors de la Reconquista à Cordoue, l’Alcazar califal a été divisé. On en a donné une partie à l’évêque de Cordoue et si vous allez sur place, vous pouvez admirer la façade du Palais épiscopal de Cordoue juste à côté de la grande mosquée-cathédrale de la ville : on voit encore des tours et des pierres ayant appartenu au premier Alcazar. Ici, on distingue les tours à gauche de la photo.

De même, les anciens bains de l’Alcazar califal peuvent se visiter pour quelques euros au niveau de la Plaza Campo Santo de los Mártires (informations sur le site ici). Aujourd’hui, avec le développement de la ville et les changements architecturaux survenus au fil des siècles, ils sont en-dehors du périmètre de l’actuel Alcazar de Cordoue.
Autre vestige de l’Alcazar califal : la Molino de la Albolafia, dont on peut apercevoir un bout sur les rives du Guadalquivir en se dirigeant vers le Pont romain de Cordoue depuis l’Alcazar. C’est la fameuse énorme roue qui permettait d’utiliser l’eau du fleuve pour arroser les jardins.

Mais surtout, après la Reconquista, une large partie de l’Alcazar a été utilisée par les Rois de la Couronne de Castille. C’est là qu’il a pris le nom « d’Alcazar de los Reyes Cristianos ».
L’Alcazar de Cordoue aujourd’hui : de résidence royale à musée public
L’Alcazar tel qu’il existe aujourd’hui a été construit à partir de 1328 à la demande du Roi Alphonse XI. Il a servi de résidence royale jusqu’à l’époque des « Rois catholiques », surnom donné au couple formé par Isabelle I de Castille et Ferdinand II d’Aragon à la fin du 15e siècle. C’est d’ailleurs dans l’Alcazar de Cordoue que la Reine a donné naissance à Marie d’Aragon, future reine du Portugal.
C’est à peu près à cette période que la « Reconquista » s’est terminée dans la région. Les Rois catholiques ont alors décidé de céder l’Alcazar de Cordoue aux religieux, qui en ont fait un tribunal d’inquisition. On a donc, à cet époque, fait construire des cellules pour accueillir des prisonniers. Ceux qui étaient condamnés à mort périssaient souvent dans d’atroces souffrances et cela a duré plusieurs siècles, jusqu’à ce que l’on en fasse une prison « classique » à partir de 1812.
Au début du 20e siècle, l’Alcazar de Cordoue servait encore à moitié de prison et à moitié d’édifice accueillant des militaires, jusqu’à la construction en 1941 d’une nouvelle prison.
En 1951, le maire de Cordoue de l’époque a alors décidé qu’il fallait rénover ce bâtiment ayant joué un rôle central dans l’histoire de la ville, afin de pouvoir l’ouvrir au public. Un vaste chantier de restauration a été engagé, permettant de mettre à jour les vestiges de l’Alcazar califal comme les bains… et de faire en sorte que le reste de l’Alcazar puisse ouvrir ses portes au public. Depuis 1960, on peut ainsi s’y promener comme touriste !
Visiter l’Alcazar de Cordoue aujourd’hui
L’Alcazar de Cordoue est un monument plutôt dépouillé, surtout si on le compare au grandiose Alcazar de Séville !
Les tours de l’Alcazar de Cordoue
On entre en passant par une tour baptisée la « Tour des Lions », c’est l’une des 4 tours encore visibles aujourd’hui, avec la tour de l’hommage (une tour octogonale où autrefois, l’on prêtait serment de protéger l’Alcazar, et qui abritait une horloge) ; la Tour de l’Inquisition, qui accueillait les archives du tribunal de l’Inquisition installé à l’Alcazar après le départ des Rois chrétiens ; la Tour des Colombes, qui est en fait une « fausse tour » (l’originale a été détruite au milieu du 19e siècle, on l’a reconstruite pendant la 2e moitié du 20e siècle pour redonner à l’Alcazar de Cordoue son apparence d’origine).
La Tour des Lions doit son nom aux gargouilles en forme de lion qui l’ornent. Elle comporte un étage avec une chapelle.

La galerie et la salle des mosaïques
A l’intérieur, on entre dans une longue galerie qui abrite un buste du philosophe Sénèque mais aussi un sarcophage romain du 3e siècle, tout en marbre de Carrare. Il est extrêmement bien conservé et a été découvert non pas à l’Alcazar mais dans la banlieue nord de Cordoue, à El Brillante. Il représente la famille du défunt mais aussi Pégase et les portes d’Hadès.

La Salle des mosaïques, plus grande pièce de l’édifice, a pris la place d’une ancienne chapelle au temps de l’Inquisition.

Cette pièce est en réalité une « fabrication », dans le sens où les mosaïques qui s’y trouvent sont des « pièces rapportées ». L’histoire commence en 1951 sur l’une des places les plus célèbres de Cordoue, la Plaza de la Corredera. La ville est alors très sale et le marché alimentaire qui se trouve sur cette place est très décrié pour son manque d’hygiène. Le maire finit par ordonner sa démolition… et c’est au cours des travaux que l’on découvre des mosaïques romaines.
Ce n’est pas le seul vestige surprenant dans ce coin car à deux pas de la place, on tombe sur les vestiges d’un temple romain au beau milieu de la ville !


Justement, un archéologue venu voir le temple en a profité pour jeter un œil aux mosaïques découvertes. C’est ainsi que l’on a pu déterminer qu’elles dataient probablement du 2e ou 3e siècle.
Le hasard a voulu qu’au même moment, l’Alcazar de Cordoue soit en pleine rénovation… L’institution chargée de la préservation du patrimoine espagnol venait de refuser de céder des tapisseries pour décorer l’Alcazar. On a alors décidé de transférer une bonne partie des mosaïques romaines à l’Alcazar de Cordoue et de créer une « salle des mosaïques ».

On y retrouve des représentations d’Eros mais aussi un cyclope, une Néréide, la célèbre Gorgone Méduse et d’autres figures de la mythologie. C’est donc une salle qui, en réalité, a été transformée sans réel rapport avec l’Alcazar… mais qui abrite tout de même des pièces d’une grande valeur archéologique !
A côté, on trouve une petite salle de réception avec une autre mosaïque romaine.
La Cour des femmes (Patio de Mujeres)
Par les fenêtres, vous pourrez voir un vrai chantier archéologique à ciel ouvert ! La cour en question doit son nom à l’époque où l’Alcazar de Cordoue était utilisé comme prison, c’était là que les femmes étaient emprisonnées.
Les fouilles archéologiques menées ici sont relativement récentes (2002-2004) car les vestiges ont été découverts lors d’un chantier destiné à construire un centre de congrès à Cordoue.

On s’est aperçu lors des travaux qu’il y avait des restes du mur construit par les Romains au 1er siècle, des restes d’un castellum (une sorte de « mini-château » intégré à des fortifications et ayant pour but, dans ce cas, de surveiller le pont romain de Cordoue et de défendre le port qui se trouvait ici). On a aussi retrouvé des vestiges d’une époque plus récente, celle de l’Alcazar de l’Inquisition, avec des cellules de prison.
Aujourd’hui, tout ceci est à ciel ouvert. Bien entendu, on ne marche pas au milieu des ruines mais on peut les contempler facilement !
Le patio mudejar
C’est l’espace ombragé et agréable à l’intérieur du palais, que l’on traverse pour accéder aux jardins. Délicieusement arboré (ce qu’on apprécie quand on visite l’Alcazar de Cordoue par 45°C, croyez-moi !), il comporte une fontaine centrale et des allées pour se balader.

Les jardins de l’Alcazar de Cordoue
Il y a 2-3 autres choses à voir à l’Alcazar de Cordoue, comme des vestiges des bains construits par Alphonse XI pour sa maîtresse (avec un vestiaire et trois pièces qui étaient à des températures différentes). Par la suite, le côté « obscur » de ces pièces leur a donné une tout autre fonction : des salles de torture.
Mais surtout, la grande richesse des lieux, ce sont les jardins de l’Alcazar de Cordoue, un vrai plaisir quand on aime la nature. Ils occupent plus de 55 000 m², on y retrouve de superbes fontaines avec une jolie perspective sur l’Alcazar.
Les jardins de l’Alcazar abritent des arbres typiques de la région (orangers, citronniers, cyprès, palmiers) mais aussi d’innombrables fleurs et sculptures. On trouve notamment des représentation des Rois ayant donné à l’Alcazar de Cordoue son prestige (Alphonse XI, Enrique II, III et IV, les Rois catholiques) mais aussi Christophe Colomb. Le célèbre explorateur est en effet venu à l’Alcazar pour solliciter un financement, quelques années avant de partir pour sa grande expédition au cours de laquelle il allait découvrir l’Amérique.

Là encore, beaucoup de ces jardins ont été réaménagés au cours des siècles récents et ne sont pas forcément représentatifs de l’histoire de l’Alcazar. En revanche, pour la petite histoire, ils sont arrosés aujourd’hui grâce à de l’eau apportée depuis la Sierra Monera par un aqueduc datant de l’époque romaine, l’Aqua Fontis Aureae !
Comment visiter l’Alcazar de Cordoue ? Informations pratiques
Impossible de rater l’Alcazar de Cordoue, situé à quelques minutes à pied de la mosquée-cathédrale et du pont romain. L’entrée des visiteurs s’effectue par la Calle Caballerizas Reales.
Horaires et billets pour l’Alcazar de Cordoue
Je suis allée à l’Alcazar de Cordoue en plein Covid donc les conditions d’accès étaient compliquées, car les horaires changeaient littéralement du jour au lendemain… et quand j’ai préparé cet article, j’ai pu constater que les horaires d’ouverture étaient encore mis en ligne sous forme de PDF changeant régulièrement. (consultez la partie « Alcázar de los Reyes Cristianos »).
Je vous conseille donc de bien vérifier auprès de l’Office de Tourisme de Cordoue par exemple (situé sur la Plaza del Triunfo) si toutefois vous n’y allez pas avec un guide.
En temps normal, vous pouvez réserver un « billet simple » sur le site dédié aux monuments de Cordoue.
Visite guidée de l’Alcazar de Cordoue
En soi, l’Alcazar est un monument un peu « vide » si vous n’avez pas d’anecdotes pour animer la visite. Les jardins de l’Alcazar de Cordoue valent vraiment le détour mais le reste est un brin ennuyeux. Si vous en avez l’occasion, visiter l’Alcazar avec un guide peut être très sympa pour avoir un peu plus de contexte historique, d’informations sur les différentes pièces que vous traversez, etc.
Quelques bonnes adresses :
- Une visite combinant l’Alcazar de Cordoue et la mosquée-cathédrale sur 2h15, avec guide en français, par Cordoba A Pie. J’ai fait une visite privée de Cordoue avec Estefania, une adorable guide locale qui travaillait pour Cordoba A Pie… et si vous avez la chance de tomber sur elle, je pense que vous passerez un bon moment, elle m’a donné plein de bonnes adresses et nous sommes restées en contact sur Instagram depuis !
- Une visite de l’Alcazar sur 1h par Artencordoba (guide en anglais ou en espagnol).
- Une visite très complète du quartier juif de Cordoue, de l’Alcazar et de la mosquée-cathédrale sur 3h30, par Konexion Tours, avec guide en français.

Combien de temps prévoir pour visiter l’Alcazar de Cordoue ?
L’Alcazar se visite vraiment vite ! On peut en faire le tour en une heure, bien sûr en fonction de votre passion pour la nature et les photos de fleurs, vous pouvez rester plus longtemps à profiter des jardins ! En tout cas, on peut faire un joli parcours touristique avec la mosquée-cathédrale voisine et les nombreux patios fleuris du quartier !
Le spectacle nocturne de l’Alcazar de Cordoue
On m’a chaudement recommandé le spectacle nocturne de l’Alcazar mais en pleine pandémie, je n’ai pas pu en profiter. Sachez qu’il y a normalement une expérience son & lumières avec les jets d’eau des jardins de l’Alcazar de Cordoue, le tout de nuit ! Le but étant de replonger dans la longue histoire de Cordoue tout en profitant des jeux de lumière faisant danser l’eau des fontaines de l’Alcazar.
Si le spectacle a lieu, il sera disponible à la réservation sur le site Reservas Turismo de Cordoba.
C’est un monument qui m’a laissé l’impression d’une visite « bi-goût » ! Un intérieur très dépouillé et pas franchement captivant, a fortiori parce qu’il n’y a pas de vrai lien historique entre l’Alcazar et les vestiges qu’il contient… mais ensuite, de très beaux jardins qui redonnent de la saveur à la visite.
Si vous prévoyez d’aller le visiter lors d’un séjour à Cordoue, n’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires de l’article. Et si vous l’avez déjà vu, à laisser un avis sur l’Alcazar de Cordoue !
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