Aujourd’hui, je vous emmène dans un endroit féerique : le parc d’Adrspach Teplice, en République Tchèque et à 5 minutes de la frontière avec la Pologne. Ce sont de grandes formations rocheuses en pleine nature, qui donnent l’impression de pénétrer au cœur d’un décor de film.
D’ailleurs, les rochers d’Adrspach ont servi au tournage de certaines scènes de Narnia ! C’est un lieu assez méconnu des touristes internationaux mais très prisé par les locaux.
Visite du parc d’Adrspach Teplice
Les rochers d’Adrspach Teplice sont surnommés « Rock City » (la ville des rochers) car ils forment un étonnant labyrinthe au milieu de la nature. Le parc naturel est un endroit apprécié par les gens du coin, qui viennent s’y balader le week-end. Par conséquent, c’est vite bondé, en particulier à la belle saison où les touristes de deux pays différents se mêlent aux locaux !
Le parc connaît aussi un regain de popularité en plein cœur de l’hiver, autour de la période de Noël, car beaucoup de gens s’y rendent alors pour voir ce décor féerique sous la neige !
Pour ma part, c’est au mois de novembre que je l’ai visité, une période parfaite car la végétation n’avait pas encore totalement disparu, il y avait peu de monde, de quoi profiter du décor dans les meilleures conditions !

Adrspach Teplice Rocks : une découverte fortuite
Ces rochers situés à cheval sur les communes d’Adrspach (prononcer « Adeuchpare ») et de Teplice existent depuis des millénaires. On suppose qu’ils ont émergé suite à des mouvements de plaques tectoniques, avant d’être sculptés par l’eau.
Pendant longtemps, tout le monde a ignoré leur existence car ils étaient masqués par une forêt dense, formant une véritable jungle de sapins et de hêtres. Seuls quelques locaux allaient s’y réfugier quand ils se sentaient menacés. Au début du 18e siècle, un semblant de bouche-à-oreille attire quelques randonneurs mais tout ceci reste très confidentiel !
Quelques personnalités s’y rendent néanmoins mais vous vous en doutez, à l’époque, les moyens de communication et de déplacement n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui et même si quelques empereurs, princes et autres reines viennent sur place, ça n’entraîne pas d’afflux massif de touristes. Les traces les plus anciennes représentant cette ville de rochers remontent à une gravure de 1723 et un plan de 1789.
C’est un drame écologique qui fait découvrir le lieu à un public plus vaste : en 1824, un incendie éclate et fait rage pendant plusieurs semaines sans pouvoir être contenu. Il détruit littéralement la forêt… et ce faisant, révèle l’existence d’un véritable labyrinthe de rochers.
On décide alors de saisir l’opportunité pour aménager des chemins au cœur de cet espace naturel. Au départ assez rudimentaires, ils sont aujourd’hui bien entretenus, avec un parcours de 3.5 kilomètres au milieu de la nature (et adaptable en version plus courte pour ceux qui ont du mal à marcher).
Depuis 1933, Adrspach Teplice Rock City est classé parc national et est donc protégé. On peut y venir avec son chien tenu en laisse mais il est interdit d’y faire du vélo, du feu (évidemment !), de sortir des sentiers aménagés.
Le lac d’Adrspach
Avant d’aller sur place, j’avais vu une seule photo de ce lieu… et pour être franche, j’avais un peu peur de ce que j’allais découvrir sur place. Était-ce l’unique endroit « esthétique » de tout le parc ?
Dès les premières minutes, j’ai su que je n’allais pas regretter le déplacement ! En effet, peu après l’entrée, on découvre un petit lac artificiel. On peut emprunter un chemin qui en fait le tour et monter à un point d’observation qui surplombe le lac. Ce jour-là, le temps est frais sans être glacial, légèrement ensoleillé, on sent l’odeur humide des arbres…

Le lac d’Adrspach fait une vingtaine de mètres de profondeur et on peut le contourner via une petite boucle de 1.5 km. C’est en fait une ancienne carrière de sable qu’on a laissée se remplir d’eau de pluie au fil des décennies. L’eau est donc très pure, très calme et d’une jolie couleur où se reflètent tous les détails du paysage.

Randonnée parmi les rochers d’Adrspach Teplice
Ce parcours complet fait 3.5 km, il faut 2 à 3 heures pour le faire en prenant le temps d’admirer le paysage et les curiosités que vous découvrez au fil du chemin.
Le début est très facile : un sentier qui serpente parmi les arbres et qui permet de rencontrer les premiers rochers, assez espacés les uns des autres. On découvre des inscriptions qui ressemblent à du charbon sur certains rochers.
Aujourd’hui, il est interdit d’écrire sur les rochers ou de graver quoi que ce soit dessus mais à une époque, ça se faisait et c’était une manière populaire de laisser une trace de son passage ici.
Certains visiteurs payaient même des étudiants pour qu’ils escaladent les rochers pour eux afin d’aller inscrire leur nom en hauteur, là où il ne serait pas effacé. D’autres payaient des étudiants pour les porter tout au long du parcours (celui-ci n’était pas aussi aménagé qu’aujourd’hui). Flemme, quand tu nous tiens !

Il y a des panneaux qui indiquent les points marquants du parcours en anglais, polonais, tchèque et allemand. Si vous ne parlez aucune de ces langues, suivez simplement les panneaux « Tour direction » qui indiquent le sens de la randonnée.
Nous croisons assez vite deux emblèmes du parc d’Adrspach Teplice : la rivière Metuje, un cours d’eau de 71 kilomètres de long qui est un affluent de l’Elbe. Elle nous accompagne tout au long de la visite du parc d’Adrspach.

La deuxième curiosité, c’est le « cornet de glace » (Sugar Cone) : un rocher qui donne l’impression d’être posé à l’envers ! Il mesure 52 mètres de hauteur, 13 mètres de diamètre au sommet… mais seulement 3 mètres à sa base. Comme il pèse 40000 kg, personne n’a envie de le voir s’écrouler… et la tradition veut que les randonneurs qui passent placent un petit bout de bois à sa base pour l’aider à tenir debout encore longtemps et à résister à l’érosion !

Suivant la rivière Metuje qui longe le chemin, nous arrivons à LA zone que j’avais vue en photo avant d’aller sur place : la « porte gothique ». Elle marque l’entrée dans la « ville de rochers » proprement dite, où les rochers se font beaucoup plus rapprochés et donnent l’impression de se promener dans un labyrinthe. D’ailleurs, certains décrivent la partie précédant cette porte comme la « banlieue ».
La porte gothique a été construite en 1839 par Ludwig Karl Nadherny-Borutin et c’est clairement LE stop photo le plus plébiscité du parcours. Jeunes, moins jeunes, seniors, tout le monde s’arrête pour immortaliser le moment.


A partir de là, le parcours se fait encore plus fascinant. On découvre par exemple la « Place de l’Éléphant », une sorte de clairière au milieu des rochers où l’on trouve une végétation poussant habituellement à partir de 200 mètres d’altitude. Nous ne sommes pas si hauts mais les rochers créent une sorte de microclimat. Ce dernier se ressent d’ailleurs sur les mousses que l’on croise, qui ont parfois une couleur jaune inhabituelle pour cette altitude.

Beaucoup de rochers ont reçu des noms inspirés par leur forme ou par le folklore local : la « Dent de Krakonos », par exemple, fait référence à une légende évoquant un facétieux esprit des montagnes ayant tendance à envoyer des phénomènes météorologiques capricieux sur les passants (de l’orage, des tempêtes de neige) ; le « Pont du Diable » relie deux rochers à 21 mètres de hauteur…
Il y a parfois aussi des anecdotes derrière le nom reçu par un rocher, à l’instar du « Rocher du Tonnerre ». L’histoire remonte à 1772. Deux Anglais en visite dans le pays entendent parler des rochers d’Adrspach et décident de se lancer un défi un peu stupide : « cap’ ou pas cap’ de rester dans le parc pendant un orage ? » Dès les premiers signes d’un orage, les deux hommes se ruent dans le parc… et très vite, ils se rendent compte que ce n’était peut-être pas une si bonne idée.
Les éclairs sont incessants, la pluie tombe sans discontinuer, drue et intense, le vent fait chuter des blocs de pierre. Les deux hommes décident de se réfugier à l’abri d’un gros rocher et échappent de peu à la foudre qui tombe juste à côté de leur abri. Un énorme bloc de roche se détache et les manque de peu. Grâce à leur cachette improvisée, ils survivent à cette nuit d’orage et c’est une inscription, largement effacée aujourd’hui, qui en a gravé la trace dans la roche…

De fil en aiguille, nous arrivons à la première chute d’eau, surnommée la « petite chute ». Elle n’a effectivement rien d’impressionnant :) C’est de l’eau potable (qu’il est interdit de boire aujourd’hui !) et au 19e siècle, les gens venaient se distraire au bord de cette chute d’eau : manger, boire, se reposer, écouter de la musique…
Sur le trajet, nous croisons une pierre commémorant la visite de Goethe dans le parc d’Adrspach Teplice en 1790.


Nous rejoignons ensuite la « grande chute » qui mesure 16 mètres et se trouve dans une sorte de grotte. La mousse bien verte a poussé sur les rochers, l’eau tombe sur un sable à la couleur légèrement cuivrée, sans être « exceptionnel » c’est joli.

A proximité, se trouve un lac artificiel sur lequel il est possible de faire du bateau. Nous rebroussons chemin vers le « Rocher du Tonnerre » pour poursuivre la boucle de randonnée. C’est maintenant la partie la plus sportive du parcours car elle est largement composée d’escaliers, parfois abrupts, à monter et à descendre sans discontinuer. C’est ce qui explique qu’il faille 2 à 3 heures pour faire seulement 3.5 kilomètres.
Nous découvrons notamment des rochers surnommés « Les Amoureux »… et on devine pourquoi à leur forme ! Un petit personnage semble en embrasser un autre, bien plus dodu !

Ou encore « Le Maire et sa femme ».

Entre ces deux formations rocheuses, on découvre un panorama sur une partie du parc.

Dernière « épreuve » de ce parcours : pénétrer dans une étroite fissure entre les rochers, qui mesure seulement 50 cm de large (les hommes bien charpentés marchaient en crabe dedans !). Voilà qui n’est pas pour les claustrophobes !


Le reste du parcours est un large sentier serpentant au milieu de conifères verdoyants, jusqu’à la sortie. Une belle escapade nature !
Comment aller au parc d’Adrspach Teplice ?
Ce parc naturel se situe vraiment à 5 minutes de la frontière entre Pologne et République Tchèque, côté République Tchèque. C’est l’Europe, donc il n’y a pas de « frontière » à proprement parler, seul un panneau signale le changement de pays (et un SMS de votre opérateur téléphonique pour vous dire que vous avez franchi la frontière !).
Vous pouvez donc rejoindre les Adrspach Teplice Rocks depuis l’un de ces deux pays. En voiture, il faut compter 2h15 de route depuis Prague et 1h40 depuis Wroclaw en Pologne. Il y a plusieurs parkings aux abords de l’entrée du parc.
Si vous n’avez pas de véhicule à disposition, vous pouvez faire appel à une agence de voyage. Je suis partie pour ma part avec Viadrina Tours (tarifs et réservation en ligne ici) au départ de Wroclaw en Pologne, une ville parfaite pour passer un week-end prolongé !
Le contexte était privilégié car en hors saison, nous n’étions que deux à faire la visite et l’agence a malgré tout maintenu le déplacement. Notre chauffeur/guide nous a donc emmenées dans une simple voiture et nous avons pu visiter à notre rythme, ce qui était incroyable !

Je vous conseille de prévoir de bonnes chaussures, pas glissantes car il y a pas mal de marches à monter et descendre. Emportez aussi de l’eau et allez aux toilettes avant d’entrer dans le parc d’Adršpach (il y a des WC à droite de l’entrée, qui étaient très propres le jour de ma visite). Il n’y a pas de toilettes à l’intérieur. Le bâtiment des WC abrite aussi un point d’information pour les touristes et une petite boutique.
On peut trouver de quoi se restaurer à l’entrée du parc mais si vous voulez « bien manger », mieux vaut s’éloigner un petit peu, des endroits comme le Café bar Kalírna et le restaurant Hostinec U Tošováka ont bonne réputation. Il y a des tables de pique-nique dans le parc lui-même si vous préférez manger sur place en apportant votre repas.
Si vous allez dans le parc par vos propres moyens, je vous conseille d’arriver tôt le matin car la fréquentation est régulée et très vite, une file d’attente se forme à l’extérieur. Le parc est ouvert en permanence mais il est plus agréable de le visiter sans être « à la queue-leu-leu » avec les autres… et pour ça, il est préférable d’arriver tôt ! Pour vous donner une idée, quand nous sommes repartis vers midi, les gens faisaient déjà la queue dehors comme on l’aperçoit au fond de cette photo.

Le « plan B » consiste à accéder à la zone via la ville de Teplice mais ce n’est pas le même parcours et c’est moins spectaculaire à en croire notre guide.
C’est un endroit que j’aimerais revisiter quand j’aurai des enfants car on se croirait dans un décor conçu pour jouer les aventuriers !
J’espère que cet article vous aidera si vous cherchez une idée d’excursion originale en République Tchèque ou depuis le sud de la Pologne… et, à défaut, qu’il vous fera voyager par la pensée !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.