Aujourd’hui, nous partons pour une visite du Mont des Oliviers en Israël ! Un lieu biblique mythique, situé à Jérusalem, dominant même la vieille ville de Jérusalem ! Le Mont des Oliviers est parsemé d’églises, de chapelles, de points de vue, de tombes (avec notamment le grand cimetière juif)… et chacun de ces lieux a une histoire à vous raconter.
Dans cet article, je vous propose de partir à la découverte du Mont des Oliviers en vous présentant les lieux d’intérêt les plus remarquables qui s’y trouvent : la chapelle de l’Ascension, l’Eglise du Pater Noster, la petite église Dominus Flevit, le cimetière juif avec ses tombes les plus célèbres – celles de Zechariah, de Benei Hezir et d’Absalom, l’église orthodoxe Sainte Marie-Madeleine, le jardin de Gethsemani, l’église de Toutes-les-Nations et l’église du sépulcre de la Sainte Vierge.
Une belle visite à faire à Jérusalem… ou par écrans interposés !
Le Mont des Oliviers, c’est où ?
Le mont des Oliviers fait partie de ce que l’on appelle parfois « les sept collines de Jérusalem ». La ville de Jérusalem est en effet située à environ 700 mètres d’altitude, dans une région vallonnée : d’un côté, la vallée du Jourdain, la Mer Morte et le désert de Judée ; de l’autre, une plaine côtière qui s’étend vers les rives de la Méditerranée. Entre les deux, une succession de collines.
Les collines de Jérusalem
Dresser une liste exacte, qui fasse consensus, se révèle plus compliqué ;) En effet, cette très ancienne appellation, qui établit un parallèle avec les « sept collines de Rome », est mi-géographique, mi-biblique.
C’est une particularité de Jérusalem très déroutante pour le visiteur en Israël… car d’une religion à l’autre, il y a différentes visions des choses : ainsi, pour les musulmans, c’est au niveau de l’Esplanade des Mosquées que le prophète Mahomet serait monté au ciel lors d’un voyage nocturne… tandis que pour les chrétiens, Jésus est monté au ciel depuis le mont des Oliviers, à l’endroit où l’on a bâti la chapelle de l’Ascension dont je vais vous parler dans l’article.
Autre exemple : ce que l’on appelle le « mont Sion » a en réalité reflété plusieurs réalités géographiques au fil du temps. On a tour à tour appelé « mont Sion » ce que l’on appelle aujourd’hui la cité de David (site archéologique correspondant à l’emplacement où Jérusalem aurait vu le jour), le Mont du Temple (où a été construit le premier Temple de Jérusalem) et le mont Sion actuel, au sud de la vieille ville de Jérusalem.

Tout ceci fait qu’il est compliqué de dresser la liste exacte des fameuses 7 collines. On reconnaît généralement a minima :
- Le mont Ophel, où l’on trouve les ruines de la Cité de David.
- Le mont Herzl, où se trouve aujourd’hui le musée Yad Vashem.
- Le mont des Oliviers (« har HaZeitim » en hébreu, parfois appelé aussi « Mont Olivet »), avec son immense cimetière juif, qui serait aussi le lieu de l’Ascension de Jésus au ciel.
- Le mont Sion, dont je viens de parler, avec la tombe du Roi David.
- Le mont du Temple, site le plus sacré du judaïsme : on y trouve à la fois l’esplanade des Mosquées, construite sur les vestiges du Seconde Temple de Jérusalem détruit… et le Mur des Lamentations, qui est le vestige dudit Temple.
- Le mont Scopus (où l’on trouve notamment l’université hébraïque de Jérusalem et le jardin botanique national d’Israël).
On parle aussi du « mont Moriah » dans la Bible (c’est là que la tradition juive situe l’emplacement du Rocher de la fondation, le « Saint des saints », c’est-à-dire la pierre d’assise de la partie la plus centrale du Temple de Jérusalem), du « mont de la Corruption » (ou Montagne de Perdition, qui forme avec le mont des Oliviers et le mont Scopus une petite « crête » de quelques kilomètres de long). Il y aussi sur place le « mont des Répits » (Har Hamenuchot), un autre très grand cimetière juif…
En résumé, au lieu de compter les Monts de Jérusalem, mieux vaut se concentrer sur celui qui va nous occuper aujourd’hui : le Mont des Oliviers !
Vous remarquerez, au long de l’article, que je saupoudre quelques informations bibliques. Le but : permettre à tout le monde de comprendre pourquoi les lieux sont symboliques, que vous soyez athée, croyant, et quelle que soit votre religion si vous en avez une. Que l’on « croie » ou non, ces endroits sont en tout cas entourés d’une forte tradition orale et écrite !
Où se trouve le Mont des Oliviers ?
Il se situe à l’est de Jérusalem et est séparé de la vieille ville par une vallée, la vallée du Cédron.
Quand vous êtes sur le versant ouest du Mont des Oliviers, vous pouvez donc contempler la vieille ville de Jérusalem qui s’étale face à vous. C’est sur ce versant que l’on trouve le plus de lieux d’intérêt à voir : toutes les églises dont je vais vous parler, le jardin de Gethsemani, les tombes des prophètes, qui s’échelonnent depuis les hauteurs du mont jusqu’à la vallée du Cédron elle-même. Les autres versants du mont des Oliviers sont essentiellement constitués de villages, comme Al-Eizariya (alias Béthanie), un village arabe palestinien (celui dont venait dans la Bible « Lazare de Béthanie », ressuscité par Jésus).
L’altitude du Mont des Oliviers reste raisonnable, 818 mètres, marquée au sommet par le village d’At-Tur.
C’est un lieu de sépulture extrêmement ancien, déjà utilisé comme tel plusieurs siècles avant notre ère. A l’époque où le Second Temple de Jérusalem était encore debout, on y organisait aussi les cérémonies pour fêter le début d’un nouveau mois… et après la destruction du Temple, les Juifs ont continué à s’y rendre, notamment pour se lamenter de cette destruction… car étant situé face à l’emplacement du Temple, c’était un lieu où son absence devait laisser le vide le plus visible.
Le Mont des Oliviers et la Bible
Plusieurs passages bibliques font référence au mont des Oliviers.
Dans l’Ancien Testament, il en est question quand David, Roi d’Israël, doit fuir devant son fils Absalom. En version courte, Absalom a tué le fils aîné de David parce qu’il avait violé sa sœur (oui, la Bible, ce n’est pas très gai) et a insidieusement commencé à rallier des « partisans » à sa cause. Le Roi, craignant un massacre, préfère alors fuir pour échapper à Absalom. Les livres de Samuel précisent ainsi : « David gravit le mont des Oliviers. Il montait en pleurant et la tête couverte, et il marchait nu-pieds ».
Le livre d’Ézéchiel indique quant à lui : « Et la gloire de l’Éternel monta du milieu de la ville, et se tint sur la montagne qui est à l’orient de la ville ».
Dans le Nouveau Testament, on apprend que c’est à cet endroit que Jésus rentrait chaque soir après avoir prêché toute la journée dans le Temple de Jérusalem : « Le jour, il enseignait dans le temple, mais la nuit, sortant, il demeurait dehors sur la montagne appelée des Oliviers. Et tout le peuple venait à lui dès le point du jour, dans le temple, pour l’écouter » (Évangile selon Saint-Luc).
Selon les Actes des Apôtres, c’est aussi depuis le Mont des Oliviers que Jésus est monté au ciel : « Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici, deux hommes vêtus de blanc leur apparurent, et dirent: Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu allant au ciel. Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la montagne appelée des oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d’un chemin de sabbat ».
Quant à Marie, la mère de Jésus, son destin n’est pas du tout évoqué par la Bible… mais des textes ultérieurs affirment qu’après sa mort (à l’extérieur de Jérusalem), son corps aurait été miraculeusement ramené dans la ville sainte et enterré dans le jardin de Gethsemani. C’est ce qui explique que vous verrez, sur le mont des Oliviers, l’église du sépulcre de Marie. En réalité, l’emplacement exact de ce jardin, entre les temps bibliques et aujourd’hui, reste assez vague. Il s’agit donc davantage d’un lieu symbolique.
Au vu de ces quelques références, vous comprendrez mieux pourquoi le Mont des Oliviers est un site très important pour les chrétiens, qu’ils soient catholiques, orthodoxes ou protestants.
Comment faire une visite du Mont des Oliviers ?
Le Mont des Oliviers fait face à la vieille ville de Jérusalem et, étant un mont, il vous promet une belle dénivelée positive si vous décider d’en faire « l’ascension » à pied. Par conséquent, il est souvent préférable de se rendre au sommet avec un véhicule (taxi ou bus) puis de le descendre à pied en suivant un itinéraire qui serpente entre les principaux lieux d’intérêt, afin de regagner la ville à pied.
Aller au Mont des Oliviers : taxi et bus
Je vous conseille d’aller au Mont des Oliviers en prenant un bus ou un taxi… car si vous y allez avec votre propre voiture, vous serez obligé de faire la balade dans les deux sens, descente puis montée pour aller récupérer le véhicule !
Du côté des bus, utilisez le site du gouvernement pour calculer votre itinéraire : si vous partez de la vieille ville, entrez Jérusalem comme « Origin city » et comme « Destination City », puis choisissez « The Old City » comme point de départ et « Station of Chapel of the Ascension/Rabi’a Al-Adawiya » comme arrivée. Si vous renseignez « Mount of Olives » comme arrivée, le site vous propose en général un arrêt de bus situé au pied du mont et non en haut. La ligne 275 est la plus pratique à ce jour pour aller au sommet du Mont des Oliviers.
Vous pouvez payer le bus avec votre carte de transports israélienne (la Rav-Kav) si vous en avez pris une.
L’autre option consiste à emprunter un taxi : soyez vigilant car il y a certains taxis qui profitent des touristes pour réclamer des prix anormalement élevés ou pour demander un paiement dans une autre monnaie qui les arrange. Je suis allée au mont des Oliviers avec un local, Yoni, qui m’a dit que le prix normal pour cette course était autour de 15 shekels. Si vous allez à Jérusalem dans quelques années, ça aura sans doute augmenté un peu avec l’inflation mais ça vous donne un ordre de grandeur de ce qui est normal.
Vous pouvez là aussi vous faire déposer au niveau de la chapelle de l’Ascension.
Visite guidée du Mont des Oliviers
Si vous n’avez pas envie de visiter par vous-même, je vous conseille de jeter un oeil à ces visites guidées de Jérusalem : la plupart d’entre elles comportent une visite des lieux d’intérêt clés du Mont des Oliviers.
Ça peut être un bon moyen de vous repérer sur place, quitte à revenir une seconde fois pour explorer davantage les lieux qui vous auront marqués.
Visiter à pied : un itinéraire facile à suivre
Sur cette petite carte, vous pourrez voir les différents lieux d’intérêt du Mont des Oliviers que je mentionne dans l’article. Je vous conseille de passer de l’un à l’autre dans l’ordre où ils sont numérotés. Vous pouvez afficher la légende en cliquant sur l’icône à côté du titre « Visite du Mont des Oliviers ».
Si vous avez beaucoup de mal à marcher, j’ai indiqué sur la carte un endroit où vous pouvez profiter du point de vue sur Jérusalem, sans avoir à descendre de marches. Il y a un très beau belvédère qui donne sur la ville.
Un dernier conseil : faites attention aux pickpockets sur le Mont des Oliviers. C’est un lieu TRÈS touristique et comme dans toutes les grandes villes, ça attire aussi les « indésirables ».
La chapelle de l’Ascension
Commençons la visite du Mont des Oliviers par la toute petite chapelle de l’Ascension ! Si je devais vous la décrire, je vous raconterais cette cour couverte de gravillons qui crissent sous vos pas… entourée de remparts. Avec, au milieu, une simple tourelle couverte d’un dôme. Petite, tellement petite que les pèlerins se pressent à l’intérieur.
Tout est dépouillé, seule une zone isole le lieu où aurait eu lieu l’Ascension de Jésus vers le ciel, et où le pied du Christ se serait posé pour la dernière fois sur la Terre. On sent à quel point c’est un moment très fort pour les Chrétiens… et si vous ne l’êtes pas, il faut arriver à vous projeter dans leur spiritualité car sinon, vous ne verrez que quelques murs sans rien d’exceptionnel ;)

Une première version de la chapelle a été construite au 4e siècle. Pendant plusieurs siècles, elle a été à ciel ouvert, pour la symbolique… de la même manière qu’au sol, l’endroit où le pied du Christ s’était posé n’avait pas été pavé. Et puis, la chapelle a été détruite, victime des conflits successifs qui menaient à la destruction puis à la reconstruction des lieux clés de Jérusalem.
En 1152, les Croisés décident de la reconstruire… et 35 ans plus tard, Saladin (originaire de l’actuelle Irak) orchestre le siège de Jérusalem qu’il parvient à reprendre aux Croisés. Comme il est musulman… la chapelle de l’Ascension est convertie en mosquée : pour la première fois, on recouvre la chapelle d’un toit (une coupole plus exactement) et on ajoute au bâtiment les attributs d’une mosquée – le minaret (la grande tour qui permet de lancer l’appel à la prière) et le mihrab (qui indique la direction de la Mecque).
Pour la petite histoire au passage, le minaret est en fait inspiré des églises chrétiennes, avec leurs clochers qui permettaient d’appeler les fidèles à la prière. Le tout premier minaret aurait ainsi été inspiré par le clocher de l’Église Saint-Jean le Baptiste de Damas, devenue aujourd’hui une mosquée (Grande Mosquée des Omeyyades).
La chapelle de l’Ascension a donc une particularité : c’est la seule chapelle chrétienne située au beau milieu d’une mosquée ! Elle est aujourd’hui gérée par les autorités musulmanes de Jérusalem (le Waqf, qui administre les lieux de culte musulmans)… mais par respect pour la symbolique du lieu, ils autorisent chaque année que l’Ascension soit célébrée sur place, avec l’Eucharistie (moment où le prêtre distribue l’hostie aux fidèles, ce qui rend à la fois hommage à Jésus tout en symbolisant le fait qu’il continue à vivre à travers chaque croyant).
C’est la seule mosquée au monde où ça arrive !
En général, les horaires d’ouverture de la chapelle de l’Ascension sont 9h-17h, il faut payer quelques shekels pour entrer (tarifs ici).


L’église du Pater Noster
C’est mon petit coup de cœur personnel de cette visite du Mont des Oliviers. Un lieu apaisant, baigné de lumière, fleuri…
A l’extérieur, rien ne laisse présager de ce que l’on va trouver. On est même déconcerté par les vendeurs à la sauvette qui vous interpellent en vous proposant des rameaux d’olivier à 5 shekels… et par les groupes de touristes et de pèlerins qui, à intervalle régulier, s’engouffrent sur place.

Au 4e siècle, on avait construit ici une basilique commémorant l’Ascension du Christ qui, raconte-t-on, était bâtie au-dessus d’une grotte où Jésus aurait enseigné à ses disciples. Elle a subi les aléas des invasions successives de Jérusalem :
- Détruite suite à la prise de Jérusalem par les Perses en 614.
- Reconstruite par les Croisés au 12e siècle.
- Re-endommagée lors de l’invasion de Jérusalem par Saladin.
L’église est restée en ruines pendant plusieurs siècles et l’on a fini par vendre les pierres qui restaient afin qu’elles servent de pierres tombales.
A la fin du 19e siècle, c’est une Française (Aurélie de la Tour d’Auvergne) qui achète le terrain. Elle fait construire un couvent et un cloître, ainsi qu’une église… et décide de lancer des recherches pour retrouver la grotte qui avait donné lieu à la construction de l’ancienne basilique.
Celle-ci sera retrouvée bien après sa mort, en 1910. Depuis, le couvent a déménagé, on a essayé de reconstruire en partie l’église d’origine mais cette reconstruction n’a pas pu être achevée faute de budget. Le lieu abrite donc la jolie petite église du couvent, des vestiges de l’église à demi-reconstruite et la fameuse grotte.

Aurélie de la Tour d’Auvergne avait souhaité être enterrée dans « son église » et vous pourrez donc voir sa tombe à l’entrée car ses dernières volontés ont été respectées. Le terrain est toujours considéré comme appartenant à la France.
Au-delà de cette histoire, la particularité de cette église est d’abriter plus d’une centaine de mosaïques citant la prière chrétienne « Notre Père » dans une foule de langues et de dialectes (il y a même le Tahitien et le Syrien) : c’est ce qui lui vaut son nom, « L’Eglise du Pater Noster » (nom de la prière en latin).
L’église du Pater Noster est généralement ouverte de 9h à 12h et de 14h30 à 16h30 (horaires d’ouverture et tarif à jour ici).


Les Tombes des Prophètes
Après la visite de l’église du Pater Noster, vous pouvez prendre un escalier pour commencer votre descente du Mont des Oliviers… et éventuellement faire un détour par l’esplanade proche de l’hôtel « Seven Arches » pour admirer la vue.
Direction : les Tombes des Prophètes. C’est une grotte funéraire qui comporte 38 niches en sous-sol. La tradition raconte que c’est là qu’ont été enterrés les trois prophètes Aggée, Zacharie et Malachie… mais selon les historiens, la chambre funéraire daterait plutôt du 1er siècle avant notre ère.
C’est généralement ouvert de 9h à 15h et fermé les vendredis et samedis.
L’église Dominus Flevit
Prenons à présent la direction d’un autre lieu incontournable du Mont des Oliviers à Jérusalem : l’église Dominus Flevit. On y accède par une route très abrupte (autant dire qu’il faut mieux la prendre dans le sens de la descente que dans le sens de la montée !). Il y a plusieurs bonnes raisons d’y aller !
D’abord, c’est une église qui a une architecture très intéressante. Elle a été construite à l’emplacement d’une église de l’époque byzantine et possède une sorte d’esplanade qui offre une vue exceptionnelle sur la vieille ville de Jérusalem. C’est de là que sont prises de nombreuses photos pour les cartes postales de la ville (c’est de là que j’ai pris la vue du Dôme du Rocher en début d’article).
L’église se veut être en forme de goutte d’eau, une référence à un épisode biblique de l’Évangile selon Luc : Jésus se dirige vers Jérusalem et reste ébloui par la beauté du Second Temple de Jérusalem, qu’il voit depuis le Mont des Oliviers. Mais il sait déjà que le Temple va être détruit… alors il se met à pleurer. « Dominus flevit », en latin, signifie « Le Seigneur a pleuré »… et cette référence aux larmes explique aussi le choix architectural de la goutte d’eau.
Autre particularité architecturale : l’église comporte une large baie vitrée derrière l’autel. La lumière naturelle pénètre ainsi dans l’édifice, ce qui est très agréable. Comme d’autres lieux de Jérusalem, elle a été reconstruite et détruite plusieurs fois au gré de l’histoire religieuse. La « version actuelle » date de 1954.

L’église Dominus Flevit a été créée par l’architecte italien Antonio Barluzzi, qui a signé beaucoup d’autres édifices religieux en Terre Sainte. Sa famille travaillait déjà pour le Saint-Siège, et il a suivi cette voie lui aussi. On lui doit par exemple l’Église de Toutes-les-Nations sur le Mont des Oliviers, l’Église de la Flagellation à Jérusalem ou encore la Basilique du Mont Thabor.
L’église Dominus Flevit est généralement ouverte de 8h à 12h et de 14h à 18h entre avril et septembre, et de 8h à 11h45 et de 14h à 17h entre octobre et mars (horaires d’ouverture à jour ici). On peut y entrer librement.
A côté de l’église Dominus Flevit, vous pourrez voir les vestiges d’une petite nécropole avec des tombes du 1er et 2e siècle de notre ère.

Le cimetière juif du Mont des Oliviers
Le cimetière juif du Mont des Oliviers est partout à la fois, il vous accompagnera sur le bord de la route tout au long de votre visite du Mont des Oliviers, tant il est gigantesque. On y dénombrerait entre 100 et 150 000 tombes… et je crois que le plus parlant est de regarder cette vue aérienne, qui vous montre son étendue :

Pourquoi le Mont des Oliviers a-t-il une telle popularité ? Tout simplement parce que la Bible raconte en ces termes le jour où le Messie reviendra sur Terre :
« L’Eternel paraîtra […]. Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’orient ; la montagne des oliviers se fendra par le milieu, à l’orient et à l’occident, et il se formera une très grande vallée : […] Et l’Eternel, mon Dieu, viendra, et tous ses saints avec lui…
Par tradition, bon nombre de Juifs sont ainsi convaincus que le jour où Jésus reviendra sur Terre, il apparaîtra en premier sur le Mont des Oliviers… et qu’il accordera donc la vie éternelle en premier lieu à ceux qui seront enterrés ici.
Le Mont des Oliviers était déjà utilisé comme cimetière juif plus d’un millénaire avant l’époque de Jésus… mais depuis l’Antiquité, ces motifs bibliques l’ont rendu extrêmement central.
La partie basse du cimetière, aux portes de la vieille ville de Jérusalem, est la plus ancienne. A la fin de votre visite du Mont des Oliviers, vous pouvez d’ailleurs aller y voir des tombes célèbres (tombe de Benei Hezir, grotte de Josaphat, tombe d’Absalom). Cette partie du cimetière juif date de l’époque du Second Temple de Jérusalem (entre l’an 516 avant notre ère et l’an 70 de notre ère).

Je profite de l’occasion pour vous parler de deux traditions célèbres dans les cimetières juifs.
Mettre des pierres sur les tombes – Vous verrez souvent sur les tombes juives de gros galets. On donne plusieurs explications à cette tradition : elle pourrait venir de l’époque du Temple de Jérusalem, où empiler des pierres sur les lieux de sépulture permettait d’avertir les prêtres de leur présence. Les prêtres juifs devenaient en effet impurs s’ils s’approchaient trop près d’une tombe.
Certains pensent aussi que les pierres tiennent les démons à l’écart, ou permettent de retenir l’âme dans la tombe. D’autres interprétations disent que les pierres, contrairement aux fleurs, ont un caractère permanent et permettent de montrer son attachement au défunt de manière durable.
La deuxième tradition concerne justement les prêtres, que l’on appelle les « kohanim » (« kohen » ou « cohen » au singulier). A l’époque du Temple de Jérusalem, ces prêtres étaient chargés du service dans le Temple et des sacrifices. La pureté était une dimension très importante : le prêtre devait se plonger dans un bain rituel avant de s’habiller et d’aller exécuter ses devoirs sacrés.
Aujourd’hui, les kohanim jouent encore un rôle dans les cérémonies religieuses. Chez les orthodoxes, ce sont souvent eux qui débutent la lecture de la Torah (la Bible juive). Les kohanim doivent aussi se soumettre à des règles de pureté : par exemple, en Israël, ils n’ont pas le droit d’épouser une femme convertie ou une femme divorcée.
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce qu’un kohen n’a pas le droit de se trouver en présence d’un mort. Seule exception moderne : si c’est de la famille proche (parents, enfant, conjointe, frère ou soeur à condition que la soeur ne soit pas mariée). En-dehors de ces cas, un kohen n’a pas le droit d’entrer dans un cimetière. De ce fait, dans un cimetière juif, vous verrez souvent près de l’entrée une « enclave » spéciale pour les kohanim, afin qu’ils ne soient pas enterrés au même endroit que tout le monde.
L’église orthodoxe Sainte Marie-Madeleine
Continuons à visiter le Mont des Oliviers… avec quelques mots sur l’église orthodoxe Sainte Marie-Madeleine, construite en 1888 par l’architecte russe David Grimm.
Elle a des horaires d’ouverture très limités (en général, les mardis et jeudis de 10h à 12h) car elle fait partie d’un couvent.
Elle a la particularité d’abriter la tombe de la belle-mère de la reine Elizabeth II, Alice de Battenberg, princesse de Grèce et de Danemark née à Windsor. C’est la mère de Philip Mountbatten, le mari de la Reine.
Pour cette raison, les membres de la famille royale anglaise peuvent demander à accéder à cette église à toute heure !
Si vous êtes orthodoxe, vous pouvez aussi demander à entrer en-dehors des heures d’ouverture au « grand public », en sonnant la cloche du couvent.

Le jardin de Gethsémani et l’église de Toutes-les-Nations
Autre étape importante d’une visite du Mont des Oliviers : le jardin de Gethsémani et l’église adjacente, l’église de Toutes-les-Nations. Le nom « Gethsémani » vient du grec ancien et signifie « pressoir à huile », probablement parce que c’est l’activité qui était pratiquée à cet endroit.
Le jardin de Gethsémani (parfois orthographié « Gethsemane ») est à l’origine un lieu biblique. Après la Cène (dernier dîner du Christ), Jésus serait allé marcher à Gethsemani en compagnie de quelques disciples. Sentant qu’il allait être trahi, il aurait éprouvé ici une grande angoisse… et c’est là même, dans ce « Jardin des Oliviers », alors que les apôtres succombaient au sommeil parmi les oliviers, que Jésus aurait vu arriver les soldats envoyés par Judas pour l’arrêter.
En réalité, l’emplacement exact du jardin n’est pas connu mais on a bâti à Jérusalem ce jardin d’oliviers portant ce nom. C’est en réalité un tout petit carré planté d’oliviers, que je m’attendais à trouver beaucoup plus grand. C’est là que les papes successifs vont souvent se recueillir quand ils viennent en Terre Sainte.

On ne peut pas y marcher librement, simplement en faire le tour donc c’est vite bondé avec tous les pèlerins qui s’y pressent. Grâce à une datation au carbone 14, les experts ont pu déterminer que certains oliviers du jardin avaient près de 1000 ans ! D’autres pourraient être encore plus vieux mais leur tronc s’étant creusé avec l’âge, il n’a pas été possible de les dater.
A côté du jardin, se trouve l’église de Toutes-les-Nations. Construite entre 1919 et 1924, elle doit son nom au fait que plusieurs pays aient donné des fonds pour la financer. Vous verrez des références à ces différents pays dans la décoration de l’église, notamment au niveau de la voûte.

L’église de Toutes-les-Nations mêle de la pierre de Jérusalem et de la pierre de Bethléem. Elle est vraiment très belle, on peut y voir un bout du rocher au pied duquel Jésus aurait prié avant son arrestation. En référence à cet épisode biblique, elle porte aussi le nom de « Basilique de l’Agonie ».
L’accès est gratuit, en général l’église est ouverte à partir de 8h30 environ le matin, jusqu’à 16h ou 17h selon la saison, avec une courte pause de fermeture le midi.
L’église du sépulcre de la Sainte Vierge
Dernière étape sur notre chemin au Mont des Oliviers en Israël : l’église du sépulcre de la Sainte Vierge.
La Bible ne dit rien du destin de Marie, la mère de Jésus… mais la tradition chrétienne considère qu’elle est décédée de mort naturelle. Comme son fils, elle aurait été ressuscitée, sa tombe étant retrouvée vide.
On a construit une petite église à l’emplacement de cette tombe, au 5e siècle. Comme d’autres monuments dont je vous ai parlé, elle a été successivement détruite et reconstruite au gré des invasions… mais la crypte a toujours été préservée, car les musulmans considèrent eux aussi que la mère du prophète Issa (Jésus, dans le Coran) est enterrée ici.
Aujourd’hui, l’église est co-gérée par l’église orthodoxe grecque et l’église apostolique arménienne… et elle a une drôle de particularité ! Elle est souterraine. Autrement dit, au lieu de monter des marches pour entrer dans l’église, on descend un long escalier d’une cinquantaine de marches, qui date du 12e siècle.

Ce faisant, on croise une chapelle dédiée aux parents de la Vierge Marie (Anne et Joachim) et une autre dédiée à Joseph le charpentier, son mari.
En bas, on trouve la chapelle abritant la tombe de Marie. C’est une église totalement « multi-religions » : on y trouve des autels pour les grecs orthodoxes, les arméniens, les syriens ; on y trouve aussi un mihrab indiquant la direction de la Mecque pour les musulmans. Il y a aussi des services religieux à destination des communautés coptes et éthiopiennes… et bien entendu, pour les Catholiques, c’est aussi un lieu très symbolique !
Une visite très surprenante ! L’église est ouverte de 6h à midi et de 14h30 à 17h. Vous pouvez retrouver les horaires d’ouverture ici. L’accès est gratuit.

La visite du Mont des Oliviers à Jérusalem, un incontournable en Israël
Voilà, nous arrivons au terme de cette visite du Mont des Oliviers. Comme vous avez pu le voir, le lieu est très riche historiquement, symboliquement et a la particularité d’être souvent « partagé » par différentes religions.
De ce fait, il existe pour certains monuments de ce que l’on appelle le « Status Quo » : c’est un accord conclu entre les autorités religieuses pour préserver en commun certains lieux saints, qui sont au nombre de 9. On compte notamment plusieurs églises de Bethléem mais aussi plusieurs sites de Jérusalem, notamment l’église du Saint-Sépulcre, la tombe de Rachel et le Mur des Lamentations (dans la vieille ville), ainsi que la chapelle de l’Ascension et la tombe de la Vierge Marie sur le Mont des Oliviers.
Un fragile équilibre pour que chacun, quelles que soient ses croyances, puisse accéder à ces lieux si particuliers !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Tout simplement merci pour tous les articles. Nous partons en Israël au mois de Mars et je trouve toutes les informations dont j’ai besoin, claires, documentées et agréables à lire. Merci encore, continuez comme cela
Bonjour Jean-Pierre, merci pour le message, j’espère que vous vivrez un séjour mémorable dans ce pays si riche à découvrir !
merci pour ce document. j’ai pu refaire mon chemin à Jérusalem. J’y ai passé 12 jours et le périple a été dense.
Merci Patricia pour le message ! C’est effectivement un pays d’une richesse inouïe, je trouve qu’il faut un peu de temps après être rentrée pour « digérer » toutes les images que l’on a emmagasinées.
Un document bien friand.Visiter Israel est un de mes rêves.
C’est littéralement l’impression de marcher dans un livre d’histoire à chaque coin de rue, je ne peux que le conseiller. C’est un voyage dense, épuisant même tant il y a de choses à voir, même au bout de deux semaines sur place je suis repartie avec le sentiment d’avoir juste effleuré la surface… mais quelle richesse !