Itinéraire dans le quartier de Montmartre à Paris, au fil des secrets de la Butte


Aujourd’hui, je vous emmène dans le quartier de Montmartre à Paris. La Butte Montmartre et ses abords constituent probablement l’un des lieux les plus populaires de la capitale mais aussi l’un de ceux où il y a le plus de choses à voir : musées, jolies rues, anecdotes historiques, curiosités insolites, on ne cesse jamais d’y faire des découvertes !

Ce « quartier des artistes », comme on le surnomme parfois, est si riche que bien souvent, on ne sait pas par quel bout le visiter… alors dans cet article, je vous propose un itinéraire à Montmartre.

Itinéraire dans le quartier de Montmartre à Paris

Montmartre avant Paris

Impossible de commencer la visite sans quelques éléments d’histoire ! Au départ, Montmartre ne faisait pas partie des limites de la capitale. La colline accueillait un village avec son église, Saint-Pierre de Montmartre, puis son abbaye des Dames de Montmartre, fondée par Louis VI au 12e siècle.

La commune est devenue un quartier de Paris dans les années 1860. A cette période, on a « divisé » Montmartre : une toute petite partie du village a été rattachée à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis… tandis que la plus grosse partie a été rattachée à Paris, prenant le nom de « Butte Montmartre ».

On trouvait sur place des carrières de gypse et de nombreux fours à chaux où l’on préparait un plâtre de grande qualité surnommé le « blanc parisien ». Les carrières ont été exploitées pendant des siècles, elles ont depuis été comblées ou foudroyées pour la plupart et le cimetière de Montmartre est construit en grande partie au-dessus des vestiges de ces carrières.

Il existe un dicton qui, en raison de l’usage répandu de ce plâtre de Paris, dit qu’il y a « plus de Montmartre à Paris que de Paris à Montmartre ».

Si, aujourd’hui, Montmartre attire touristes et investisseurs, ça n’a pas toujours été le cas… et je vais vous montrer au fil de notre itinéraire que le quartier a bien changé !

La Butte Montmartre et les toits de Paris
La Butte Montmartre et les toits de Paris

Au sud de Montmartre

Vous allez peut-être arriver à Montmartre par le métro et je commencerai la balade au niveau de la station Anvers (ligne 2). Avec Pigalle (lignes 2 et 12), Blanche (ligne 2), elle marque le sud du quartier, délimité par le boulevard Marguerite de Rochechouart et le boulevard de Clichy.

Si vous êtes curieux, sachez que ces 2 boulevards bien urbanisés (et sans charme, diront certains !) cachent déjà quelques anecdotes :

  • Le boulevard de Rochechouart a vu naître Jean Gabin (au n°23). Un peu plus loin, au n°55, l’hôtel Rochechouart était autrefois une adresse prisée par les stars du music-hall comme Mistinguett, Maurice Chevalier ou Joséphine Baker. Au n°84, on se pressait au cabaret Le Chat Noir, fréquenté notamment par Verlaine. Aujourd’hui, on trouve sur le boulevard la célèbre salle de spectacle de La Cigale (au n°120) et le théâtre Le Trianon (n°80).
  • Le boulevard de Clichy a quant à lui logé de nombreuses personnalités : Edgar Degas, Boris Vian, Picasso ou Jacques Prévert… Il abrite le célèbre cabaret du Moulin Rouge.

Nous passerons par le boulevard de Clichy au retour. Pour l’instant, profitez de la perspective que l’on entrevoit par la rue Briquet, avec la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre qui se détache à l’arrière-plan.

Vue sur le Sacré-Coeur depuis la rue Briquet
Vue sur le Sacré-Coeur depuis la rue Briquet

Puis empruntez la rue des Martyrs, siège du célèbre cabaret « Chez Michou » et de la salle de spectacle Le Divan du Monde. Cette rue assez longue déborde dans le 9e arrondissement voisin et abrite les seules publicités peintes de France classées aux Monuments historiques (au niveau du n°10, dans le 9e arrondissement). Autrefois, il y avait ici plusieurs maisons closes.

L’occasion de rappeler que le quartier n’a pas toujours eu bonne réputation. Au 18e siècle et au début du 19e, la colline de Montmartre ressemblait plutôt à un bidonville (le « maquis de Montmartre »), avec des cabanes en bois où vivait une population précaire n’ayant bien souvent pas les moyens de se loger dans Paris : des ouvriers, des chiffonniers, des ferrailleurs, des artistes sans le sou mais aussi des gens travaillant sur la butte comme meuniers, laboureurs, vignerons ou carriers.

On venait à Montmartre pour se distraire et « s’encanailler », aussi bien dans les maisons closes que dans des guinguettes et cabarets parfois improvisés. Mais cela attirait aussi une population moins fréquentable de voleurs et petits délinquants qui se cachaient dans les carrières ou dans les ruelles du maquis. Ce sont hélas ces gens qui, à l’époque, ont donné au quartier une mauvaise image, plus que les habitants précaires qui, en dépit de leur pauvreté, entretenaient un esprit « village ».

La place des Abbesses et le Mur des Je t’aime

Poursuivons la visite du quartier de Montmartre, en rejoignant la Place des Abbesses, qui offre un peu d’ombre lorsqu’il fait très chaud. Elle doit son nom à l’époque où il existait une abbaye à Montmartre, qui occupait tout de même 13 hectares. On y trouvait des jardins, des vignobles et à l’époque, il y avait tant d’aspirantes religieuses souhaitant entrer dans cette abbaye qu’il avait fallu imposer une limite.

Elle a fini par être démolie au moment de la Révolution française… mais le nom de la place est encore un clin d’œil à l’abbaye (et Marguerite de Rochechouart, dont j’ai cité le nom, était une abbesse de Montmartre).

Sur cette place, vous verrez une bouche de métro très typique, surmontée d’un édicule en fer et verre, créé par l’architecte Art nouveau Hector Guimard. A une époque, il y en avait 167 à Paris mais beaucoup ont été détruits après la Première Guerre Mondiale car l’Art nouveau s’était démodé au profit de l’Art déco. Aujourd’hui, ceux qui restent sont protégés aux Monuments historiques.

La station Abbesses, sur la ligne 12 du métro, qui se trouve ici, est la station la plus profonde de Paris. Les quais se situent à 36 mètres de profondeur !

Sortie du métro Abbesses
Sortie du métro Abbesses

A côté de la place, vous verrez l’église Saint-Jean de Montmartre, construite en brique et béton armé. De mon propre avis, ce matériau en fait un lieu un peu froid… mais non dénué d’originalité !

Intérieur de l'église Saint-Jean de Montmartre
Intérieur de l’église Saint-Jean de Montmartre

Plus convivial, de l’autre côté de la place des Abbesses, dans le square Jehan-Rictus, vous pouvez aller voir le « Mur des Je t’aime », une œuvre de Frédéric Baron et Claire Kito où 612 carreaux de lave émaillée montrent le mot « Je t’aime » en 250 langues, dont certaines langues rares (inuit, navajo, etc).

Un fragment du Mur des Je t'aime
Un fragment du Mur des Je t’aime

Empruntez ensuite la rue des Trois-Frères. Mais qui sont ces frères ? La rue a tout simplement pris le nom des « trois frères Dufour » qui étaient propriétaires des terrains à l’époque où la voie a été créée.

Au n°23, Georges Clemenceau (qui était médecin avant de mener une carrière politique) a tenu pendant des années un dispensaire, où il a continué à exercer jusqu’à ce que ses activités de sénateur l’en empêchent.

Sur une note plus légère, pour les amateurs de cinéma, vous pouvez faire un détour jusqu’au n°56, à l’angle avec la rue Androuet : vous trouverez l’épicerie « Au marché de la Butte » qui apparaît dans le film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain.

Mais de notre côté, nous allons nous diriger vers le pied de la butte Montmartre proprement dite.

Autour du Sacré-Cœur de Montmartre

Pour rejoindre le sommet de la Butte, vous avez le choix entre l’alternative sportive et l’alternative tranquille !

Côté sportif, la rue Foyatier vous fera grimper 222 marches (avec de mini-paliers toutes les 23-25 marches).

Et côté tranquille, il existe un petit funiculaire électrique, sans conducteur, pour rejoindre la gare supérieure de la butte, proche de la basilique du Sacré-Cœur. Le trajet ne dure que 1m30, vous pouvez emprunter le funiculaire pour le prix d’un ticket de métro. Si vous disposez d’un pass Navigo ou d’un pass Paris Visite, c’est même compris dans votre titre de transport. Les horaires sont par ailleurs très étendus, de 6h à 00h45 en général.

Le funiculaire de Montmartre
Le funiculaire de Montmartre

Une fois en haut, vous pourrez rejoindre la basilique du Sacré-Coeur et profiter d’une belle perspective sur les toits de Paris et le square Louise-Michel en contrebas. C’est un lieu apprécié des Parisiens lorsqu’il fait beau… et quand il a neigé sur Paris certains hivers, certains se sont même essayé à skier ici !

La basilique peut se visiter gratuitement de 6h30 à 22h30, tous les jours. Les photos sont interdites à l’intérieur et il n’y pas de visite guidée. Néanmoins, un guide papier est vendu sur place dans la librairie de la basilique (fermée le lundi) et des informations sont disponibles via des QR Codes.

Vous pouvez aussi monter dans le dôme moyennant l’ascension de 300 marches, c’est ouvert tous les jours (horaires variables selon la saison, cf le site officiel). L’accès s’effectue à gauche de la basilique et est payant.

Après la visite, vous pouvez faire le tour de l’édifice pour profiter de son architecture, en empruntant la rue du Chevalier de la Barre. Au n°40, vous apercevrez l’entrée de la très chic voie privée de la cité du Sacré-Cœur, petit îlot de tranquillité dans le quartier.

Le Sacré-Coeur de Montmartre
Le Sacré-Coeur de Montmartre
Le Sacré-Coeur de Montmartre
Le Sacré-Coeur de Montmartre

Si vous voulez vivre une expérience aussi insolite que mémorable, sachez qu’il est possible d’avoir accès à la basilique du Sacré-Coeur en pleine nuit, lorsqu’elle est fermée au public, et ce en toute légalité. Il existe en effet sur place un centre d’hébergement assez spartiate et relativement méconnu qui perpétue l’une des missions de la basilique : l’adoration eucharistique. L’objectif est que les croyants se relaient jour et nuit dans leurs prières. Depuis le 1er août 1885, la tradition n’a jamais été interrompue.

Le principe est simple : vous payez un petit montant (entre 10€ et 40€ selon si vous souhaitez dormir en dortoir, en chambre partagée ou en chambre simple) et séjournez à l’hôtellerie Ephrem, dans l’enceinte même de la basilique de Montmartre (35, rue du Chevalier de la Barre). A votre arrivée, on vous demandera quel « tour de garde » vous souhaitez prendre pour la prière de l’adoration, entre 23h et 7h du matin. A l’heure choisie, vous devrez vous lever en silence et aller prier dans la basilique, spécialement ouverte pour l’occasion, pendant au moins une heure.

Pour les croyants, c’est une expérience spirituelle forte mais pour toute personne, c’est un moment de recueillement particulier dans un monument livré à la contemplation silencieuse.

A partir de 6h30, vous pouvez quitter les lieux. Un petit-déjeuner est servi moyennant une petite participation financière. Pour vivre cette expérience unique, vous devez vous inscrire au préalable (toutes les informations sont disponibles ici).

La place du Tertre et ses abords

Pour poursuivre la balade, vous pouvez emprunter la rue Azaïs, bordée par un réservoir de Montmartre. Montmartre abritait au départ 3 réservoirs d’eau. Celui-ci a été construit à la place du pressoir à vin qui appartenait à l’abbaye, à la fin du 19e siècle. Une usine de relevage située au pied de la Butte, 9 Place Saint-Pierre, permet d’y faire monter l’eau pour alimenter le quartier.

L'usine de relevage de Montmartre
L’usine de relevage de Montmartre

Vous pouvez ensuite jeter un œil dans l’église Saint-Pierre de Montmartre, souvent très calme car boudée par les touristes qui lui préfèrent le Sacré-Cœur. C’est l’une des deux plus vieilles églises de Paris encore debout après l’Église de Saint-Germain-des-Prés. Elle jouxte un petit cimetière de 80 sépultures et abrite la tombe d’Adélaïde de Savoie, Reine des Francs décédée à l’abbaye.

Direction ensuite la Place du Tertre. Lieu touristique par excellence (attention aux pickpockets !), elle est célèbre pour les artistes peintres qui s’y installent afin de réaliser des portraits des passants. C’est là qu’autrefois, se situait le cœur du village de Montmartre.

Le restaurant « A la mère Catherine » que vous y croiserez a été fondé en 1793, c’est dire si cette place a une histoire ! Elle existerait depuis a minima le 14e siècle. C’est aussi que Louis Renault (à l’origine d’un constructeur automobile que vous connaissez bien aujourd’hui) a pour la première fois réussi à conduire une voiture fonctionnant au pétrole.

La place est assez largement occupée par les cafés et terrasses de restaurants et avec l’essor du tourisme, ce n’est pas forcément là que vous aurez l’impression la plus authentique de Montmartre. Néanmoins, son côté animé et convivial ne manque pas d’intérêt !

Les abords de la place du Tertre
Les abords de la place du Tertre
Place du Tertre à Paris
Place du Tertre à Paris

Autour de la place du Tertre, vous pouvez découvrir quelques rues du Vieux Montmartre : la rue Poulbot, qui accueille l’espace Dali (exposition permanente dédiée au sculpteur) ; la rue Norvins, qui accueille souvent des portraitistes et abrite la « folie Sandrin », une ancienne maison de campagne (à l’époque où ici, c’était la campagne !) ; la rue du Calvaire, une belle volée de marches au sommet de laquelle on peut admirer Paris.

Vous croiserez beaucoup d’artistes de rue au fil de la balade. Des musiciens, des chanteurs, des « artistes statues »… J’avais particulièrement aimé l’homme avec son balai ci-dessous, qui changeait des « classiques » du genre et s’inscrivait parfaitement dans l’histoire de Paris.

Artiste de rue à Paris
Artiste de rue à Paris

Au nord du quartier de Montmartre

Nous allons plutôt nous diriger vers le nord de la place du Tertre. Le temps de croiser la rue Saint-Rustique, première rue de Paris à avoir été piétonne et plus vieille rue de Montmartre puisqu’elle existait déjà au 11e siècle. Charles Aznavour a vécu brièvement dans l’immeuble qui abrite le restaurant « La Bonne Franquette ».

Vous pouvez faire une jolie photo de la basilique du Sacré-Cœur depuis cette rue, en prenant un peu de recul.

Un peu plus au nord, la jolie rue Cortot (qui a logé le compositeur Erik Satie) abrite le musée de Montmartre, un très bel espace qui raconte toute l’histoire du quartier et de ses artistes, avec un jardin et un café (le café Renoir) très agréable quand il fait beau. La visite dure environ 1h30.

Rue Cortot à Paris
Rue Cortot à Paris

Vous pouvez continuer à remonter vers la rue Saint-Vincent… où il ne faut pas rater les vignes de Montmartre, alias le « Clos-Montmartre », voisines du célèbre cabaret « Au Lapin Agile ». Chaque année, une Fête des Vendanges est organisée. Le vin créé à partir de ce raisin dans les caves de la mairie du 18e arrondissement est vendu aux enchères, les bénéfices permettant de soutenir les œuvres sociales de la Butte Montmartre.

Vignes de Montmartre
Vignes de Montmartre

A proximité se trouve aussi le cimetière Saint-Vincent. C’est la dernière demeure de bon nombre d’artistes et personnalités, comme l’écrivain Marcel Aymé, les peintres Eugène Boudin et Maurice Utrillo mais aussi, plus récemment, Michou, directeur du cabaret transformiste légendaire de Montmartre.

On peut ensuite monter par la rue des Saules (où il n’y a plus de saules). Au début du 20e siècle, elle abritait un centre d’accueil pour les réfugiés juifs ayant fui la Pologne ou la Russie. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, une rafle dans la rue a coûté la vie à de nombreux enfants. Une communauté juive est encore présente ici, avec une synagogue dans la rue (située plus loin).

Les vignes de Montmartre au niveau de la rue des Saules
Les vignes de Montmartre au niveau de la rue des Saules

Rejoignez la rue de l’Abreuvoir, qui fait partie pour moi des plus belles rues de Montmartre, avec sa « Maison rose » représentée par bon nombre de peintres, sa perspective sur le Sacré-Cœur, son cadran solaire (au n°4)…

Rue de l'Abreuvoir à Paris
Rue de l'Abreuvoir à Paris

Au bout, la place Dalida rend hommage à la chanteuse, qui vivait à deux pas dans la rue d’Orchampt. Un buste lui est dédié.

Buste de Dalida
Buste de Dalida

Vous pouvez ensuite emprunter la rue Girardon : on peut y voir le moulin de la Galette, seul moulin à vent fonctionnel qui subsiste. Au 19e siècle, il y avait ici un célèbre bal public.

C’est d’ailleurs au 19e siècle que les cabarets et les guinguettes ont commencé à prendre leur essor (même s’ils existaient déjà avant). Paris était en pleine modernisation sous l’impulsion du baron Haussmann et dans un contexte où pas mal d’anciens immeubles étaient démolis, certains ouvriers et employés sont venus s’installer à Montmartre, conduisant à la gentrification du quartier. Le loyer y était encore abordable et le coût de la vie était moins élevé qu’à Paris car Montmartre était dispensée de certaines taxes.

Moulin de la galette
Moulin de la galette

Rue Girardon, vous croiserez aussi au n°13 une belle demeure du 18e siècle, le « château des Brouillards », peinte par des artistes réputés dont Renoir.

En passant par l’avenue Junot, vous pourrez accéder à la Villa Léandre, jolie voie arborée et tranquille qui ne donne pas l’impression d’être en plein Paris ! Ne ratez pas aussi le passage Depaquit, plus connu sous le nom de « Passage de la Sorcière ».

On y trouve un gros rocher, sans doute les restes de ce qui était autrefois une fontaine. La légende raconte qu’on l’appelait « La Sourcière »… et que ce sont les gamins du quartier qui l’ont surnommé « La Sorcière », une référence aussi à la femme âgée qui vivait seule dans la demeure voisine.

Le passage est aujourd’hui privé… mais vous pouvez y entrer pour aller boire un verre (ou loger) à l’Hôtel Particulier Montmartre (ancienne maison de la fameuse « sorcière » !). Un petit havre de paix bien agréable, surtout quand il fait beau et que l’on peut profiter de la terrasse !

Ensuite, rejoignez la place Marcel Aymé. Tout au fond, vous pouvez admirer une sculpture de Jean Marais représentant le « Passe-Muraille », célèbre héros de l’écrivain.

Sculpture du Passe-Muraille
Sculpture du Passe-Muraille

Direction ensuite la rue Lepic, haut lieu de la vie artistique montmartroise. C’est au 19e et au 20e que les artistes ont commencé à fréquenter les lieux. On y croisait des auteurs, des sculpteurs mais surtout des peintres, de Toulouse-Lautrec à Picasso en passant par Pissarro, Braque, Matisse, Van Gogh ou Modigliani. Vincent van Gogh a habité rue Lepic, Degas y avait son atelier, entre autres…

Les artistes fréquentaient la place du Tertre et ses abords, que j’ai déjà évoqués, mais aussi le Bateau-Lavoir (13, place Emile Goudeau). L’endroit a été presque entièrement détruit par un incendie en 1970 mais a été reconstruit et abrite toujours 25 ateliers d’artistes.

A sa « grande époque », les ateliers consistaient en petits studios pourvus d’une grande verrière apportant beaucoup de luminosité, séparés les uns des autres par de simples planches de bois. C’était insalubre, glacial en hiver et suffocant en été… mais le loyer ne coûtait rien et les artistes pouvaient s’y soutenir. Aujourd’hui, on aperçoit l’arrière du Bateau-Lavoir depuis le jardin Louise-Weber-dite-La-Goulue.

Le n° 15 de la rue Lepic apparaît dans le film Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, c’est au « Café des 2 Moulins » que travaille Amélie, la héroïne de l’histoire.

Vous pouvez ensuite emprunter la rue d’Orchampt, où a vécu et est morte la chanteuse Dalida (au n°11 bis).

Si vous en avez l’envie, vous pouvez vous rendre enfin rue Joseph de Maistre. Le Terrass’ Hotel, aux n°12-14, était autrefois un lieu fréquenté par des personnalités comme Colette, Pierre Brasseur ou encore Jean Genet. L’hôtel a toujours une excellente réputation.

Le cimetière de Montmartre, à côté, peut aussi faire l’objet d’une visite. C’est là que reposent Dalida mais aussi de nombreuses personnalités de tous univers : les physiciens Ampère et Léon Foucault, le neurologue Jean-Martin Charcot, les compositeurs Berlioz, Offenbach et Léo Delibes, le peintre Edgar Degas, les auteurs Alexandre Dumas, Bernard-Marie Koltès, Alfred de Vigny, Eugène Labiche, Théophile Gautier et Georges Feydeau, les frères De Goncourt, la danseuse de cabaret « La Goulue », le couturier Pierre Cardin, Michel Galabru, Jean-Claude Brialy, Michel Berger, France Gall, Sacha Guitry, Fred Chichin des Rita Mitsouko, François Truffaut…

Retour vers le boulevard de Clichy

Notre balade touche à sa fin. Avant d’aller reprendre le métro à Blanche ou à Pigalle, vous pouvez admirer la façade du Moulin Rouge sur le boulevard de Clichy dont je vous ai déjà parlé (je vous dévoile les petits secrets de ce cabaret parisien ici) ou céder à la gourmandise en essayant les pâtisseries de la boutique « Aux Merveilleux de Fred » (2, rue Lepic).

Le Moulin Rouge de nuit
Le Moulin Rouge de nuit

Faites aussi un saut à la Cité Véron, une petite impasse fermée aux voitures où ont vécu Boris Vian et Jacques Prévert… et à la Cité du Midi, où se trouvaient les anciens bains-douches de Pigalle.

Ils avaient fleuri à l’époque où l’on souhaitait améliorer l’hygiène et où la plupart des habitations ne possédaient pas de douche ou de baignoire. Il existe encore des bains-douches à Paris, qui permettent notamment aux personnes en grande précarité de rester propres.

Pour conclure cet itinéraire dans le quartier de Montmartre, sachez aussi que de nombreuses rues du quartier que je n’ai pas mentionnées avant restent liées à des artistes et personnalités du monde de la culture passé ou présent : on citera par exemple…

  • La rue Paul Féval où a vécu l’écrivain Marcel Aymé au n°9 ter ;
  • La rue Ramey où est né Fabrice Luchini (n°7) et où est établi le célèbre label de musique électronique Ed Banger ;
  • Le passage Cottin, où les parents de Fabrice Luchini tenaient un magasin de fruits et légumes à l’angle avec la rue Ramey ;
  • La rue Durantin, où le compositeur Laurent Boutonnat et le chanteur Etienne Daho ont investi.
  • La rue Cauchois, où vivait l’auteur dramatique Bernard-Marie Koltès au n°15 bis ;
  • La rue Tourlaque, qui a accueilli au n°22 une longue liste d’artistes dont Max Ernst et Joan Miró ;
  • La rue Houdon, où Auguste Renoir a occupé un atelier pendant plusieurs années au n°18 ;
  • La Villa de Guelma où, au n°5, ont défilé des artistes comme Georges Braque et Suzanne Valadon.

Visiter Montmartre à travers le prisme de cette vie culturelle peut être une approche intéressante !

Visiter la Butte Montmartre de nuit

Notez qu’il est aussi possible de profiter du quartier sous un jour différent en le visitant de nuit. Vous ne verrez pas tous les détails des rues mais certains monuments apparaîtront d’autant plus majestueux.

Montmartre de nuit
Montmartre de nuit

La basilique du Sacré Coeur sur la Butte Montmartre

Comment découvrir le quartier de Montmartre avec un guide ?

Comme vous avez pu le constater, le quartier de Montmartre est un vrai labyrinthe. J’ai essayé de vous concocter un itinéraire permettant de voir l’essentiel sans trop revenir sur ses pas mais il est bien dense.

Sachez qu’il existe des visites avec guide pour se laisser porter à la découverte des essentiels du quartier, comme ce circuit à petit prix proposé par UTG Experience ou cette visite guidée en famille, pensée pour ceux qui viennent à Paris avec leurs enfants.

Que visiter dans le quartier de Montmartre ?

Si vous avez lu le reste de l’article, vous aurez sans doute noté au fil de l’eau quelques lieux d’intérêt à visiter qui correspondent à vos goûts.

Si je devais récapituler les essentiels, au-delà de l’incontournable balade dans les rues du Vieux Montmartre, pensez à aller voir…

  • La basilique du Sacré-Cœur et son dôme, pour la vue imprenable sur Paris ;
  • La place du Tertre, pour sa convivialité malgré le côté « tourisme de masse » ;
  • Le Musée de Montmartre ;
  • L’espace Dali, pour plonger dans l’œuvre de la figure de proue du surréalisme ;
  • Le cimetière de Montmartre et le cimetière Saint-Vincent, si vous aimez ce genre de lieu ;
  • Le mur des Je t’aime ;
  • La vigne de Montmartre, pour son côté insolite.

Je trouve que le Musée Toulouse-Lautrec de Paris ne vaut pas vraiment le détour (avis personnel bien sûr) par rapport à celui de sa ville natale d’Albi.

Si vous venez à Paris sur plusieurs jours, le GoCity Pass (qui comprend l’accès à de nombreuses attractions et musées) inclut l’accès à l’espace Dali, au petit Train de Montmartre qui permet de découvrir l’essentiel du quartier sans trop marcher, ainsi qu’une visite guidée de Montmartre et du Sacré-Cœur. Vous pouvez acheter ce pass en ligne pour la durée de votre choix.

Les meilleurs hôtels de Montmartre

Le quartier de Montmartre est très riche en hôtels. Commençons par 4 établissements qui figurent à mes yeux parmi les meilleurs :

  • L’hôtel Monsieur Aristide (3 rue Aristide Bruant, 4 étoiles) – Si vous avez envie d’un accueil exceptionnellement chaleureux, filez dans cet établissement très bien décoré avec l’esprit du Paris traditionnel, permettant de tout faire à pied dans le quartier.
  • Le Terrass’ Hotel (12-14 rue Joseph De Maistre, 4 étoiles) – Je vous en ai parlé dans l’article, c’est un ancien repaire d’artistes mais surtout, un très bon hôtel. Il possède un restaurant-bar sur le toit permettant d’admirer tout Paris, les chambres sont globalement lumineuses et modernes, il y a un spa Nuxe et un personnel aux petits soins.
  • Le Best Western Marcel Aymé (16 rue Tholozé, 4 étoiles) – Si vous aimez la littérature et Marcel Aymé en particulier, vous apprécierez cet hôtel thématisé avec des références à l’auteur. L’accueil est au top, certaines chambres possèdent un balcon et surtout, l’hôtel jouit d’une situation idéale, proche du cœur de Montmartre mais aussi du métro Blanche (ligne 2), qui permet de visiter Paris facilement.
  • Le Relais Montmartre (6 rue Constance, 4 étoiles) – La déco travaillée un peu « à l’ancienne », les poutres au plafond dans la plupart des chambres, séduiront ceux qui veulent du charme typique. La salle du petit-déjeuner se trouve dans une cave voûtée et l’hôtel est à quelques minutes de marche de la Place des Abbesses.

Si vous cherchez quelque chose « à plus petit prix », jetez un œil à l’appart’hôtel Odalys Paris Montmartre et au Timhotel Montmartre. Il faut s’y prendre à l’avance pour bénéficier des meilleurs prix mais vous pouvez trouver une chambre à un tarif raisonnable pour Paris.

Si vous avez un tout petit budget, l’auberge de jeunesse Le Village Montmartre figure parmi les solutions les moins chères dans le coin et l’emplacement, presque au pied de la Butte, est idéal.

Bons restaurants et cafés à Montmartre

Il y a beaucoup de bons restaurants à Montmartre et il serait difficile de tous les citer dans l’article. La rue des Trois Frères est un bon spot pour bien manger, avec des adresses comme l’Annexe, Le Potager du Père Thierry, La Vache et le Cuisinier, Signature (si vous aimez la cuisine fusion franco-coréenne, foncez !)… et, à deux pas, la crêperie Rozell. Juste à côté, il y a une petite boutique de Bubble Tea assez sympa, pour les amateurs de cette boisson. Le restaurant italien Al Caratello (5 rue Audran) est aussi très bien.

Aux abords de la place du Tertre, La Boîte aux Lettres et Le Poulbot. Et j’ajoute Le Petit Moulin (à l’angle des rues Durantin et Tholozé).

Pour un brunch, « La Bossue » ou « The Hardware Société » sont de bonnes adresses. On m’a aussi conseillé « Bleu Matin » (74 Rue Lamarck), un peu à l’écart des zones les plus touristiques, je ne l’ai pas encore testé !

Vous trouverez enfin plein d’endroits pour faire du shopping à Montmartre, notamment si vous cherchez des produits typiques du savoir-faire français : citons par exemple la Maison Laulhère pour ses bérets, Les Bougies de Charroux pour ses bougies artisanales ou encore L’Atelier des Créateurs dédié à la mise en avant d’artisans français (on y trouve aussi bien des bijoux que de la déco, de la vaisselle, des produits d’épicerie fine ou encore des produits de beauté).

Voilà, nous arrivons au terme de cet itinéraire à Montmartre. J’espère que vous aurez envie par ce biais d’aller visiter par vous-même ce coin de Paris. Il y aurait encore mille anecdotes à raconter, mille détails à préciser… mais c’est aussi ce qui fait tout le charme des rues de Paris ! On peut y revenir cent fois et, cent fois, apprendre ou découvrir des choses que l’on ne connaissait pas avant.

Pour en profiter pleinement, l’idéal est d’arriver dans le quartier très tôt le matin et hors week-end car ça devient vite bondé ! Si vous voulez faire d’autres découvertes parisiennes au cours de votre séjour, je vous conseille aussi mon itinéraire dans le quartier du Marais.


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