Dans ce reportage, nous allons visiter Birkenau. Un camp de travail et d’extermination gigantesque, qui fait partie du complexe d’Auschwitz.
« Auschwitz » est en effet une appellation générale qui désigne en réalité trois camps principaux :
- Auschwitz I, camp de concentration avec son tristement célèbre portail « Arbeit macht frei », partie qui accueille aujourd’hui un musée (j’ai consacré un reportage à Auschwitz I ici) ;
- Auschwitz II, le camp de Birkenau, qui a joué le double rôle de camp de concentration et d’extermination ;
- Auschwitz III Monowitz-Buna, qui a été lourdement touché par les bombardements. Il n’en reste aujourd’hui que des ruines (abris anti-aériens, quelques blockhaus et bâtiments).
Notez qu’il existait également une foule de camps secondaires plus petits.
Après ma visite du musée d’Auschwitz I, je pensais avoir pris toute la mesure de l’horreur qui s’est déroulée dans cette petite ville de Pologne. Mais c’était avant d’entrer dans le camp de Birkenau. L’article que vous allez lire est rédigé comme un témoignage de ce que j’ai vu et ressenti sur place. Si vous recherchez plutôt des informations pratiques, lisez en complément cet autre article pour préparer votre visite d’Auschwitz Birkenau.
Conseils voyage
- Aux portes du camp de Birkenau, la Judenrampe
- Visiter Birkenau, ce camp auquel rien ne vous prépare
- Le camp des femmes à Birkenau
- Les crématoriums II et III du camp d’extermination de Birkenau
- Le camp des hommes et des familles à Birkenau
- Des crématoriums IV et V du camp de Birkenau au « Sauna »
- Devenir un porteur de mémoire
Aux portes du camp de Birkenau, la Judenrampe
Le camp de Birkenau a été créé à l’automne 1941. Auschwitz I ne suffisait plus aux nazis. Ils ont donc créé un second camp, dans une zone marécageuse située à 3 kilomètres du camp initial.
Aujourd’hui, une navette permet de relier les deux camps sans trop marcher. Pour ma part, j’ai choisi de faire le trajet à pied, une coupure symbolique avec la charge émotionnelle de la visite d’Auschwitz I et l’occasion de déjeuner sur le pouce en marchant. Je ne vous conseillerais pas de faire la même chose car on marche au milieu d’une sorte de « zone industrielle » où rien n’est indiqué…
A 1 kilomètre environ de l’entrée du camp de Birkenau se trouve un endroit très symbolique, la Judenrampe.

Entre le printemps 1942 et le mois de mai 1944, c’est là qu’arrivaient la majorité des convois de Juifs en provenance d’Europe. 200000 déportés polonais, 63000 déportés français, 58000 déportés hollandais, 50000 déportés grecs, 24000 Belges, 22000 Allemands et Autrichiens, 20000 personnes originaires de Bohème-Moravie (actuelle République Tchèque) et tant d’autres nationalités… Sans oublier des minorités et des prisonniers déportés depuis d’autres camps.
La Judenrampe signait l’arrêt de mort de beaucoup d’entre eux. Ceux qui avaient survécu au voyage dans des wagons plombés devaient descendre et c’est là, un peu à l’écart du camp de Birkenau lui-même, que les nazis opéraient une « sélection » qui condamnait à mort 70 à 75% des trains. Des camions attendaient à côté pour emporter directement ces gens dans les chambres à gaz, tandis que les autres étaient emmenés dans le camp de concentration pour travailler.
La Judenrampe a été réhabilitée à l’initiative de Serge Klarsfeld (qui a beaucoup oeuvré pour la mémoire de la Shoah avec sa femme Beate), et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah en France.
Ici, comme lors de ma visite de certaines parties du camp d’Auschwitz I, j’étais seule. Étrange et triste spectacle que ce wagon posé au milieu de rails délaissés, à deux pas de maisons ordinaires où j’entendais un chien aboyer. Il y a des maisons neuves dans le coin, d’ailleurs. Le quartier se peuple et je me suis demandé si on finissait par s’habituer à voir un camp de concentration et des wagons plombés en sortant de chez soi…

A partir du printemps 1944, les nazis ne se cachaient plus… et ont fait en sorte de prolonger la voie ferrée jusqu’à Birkenau. La sélection s’effectuait alors à l’intérieur même du camp, comme en témoigne aujourd’hui un wagon présenté là.

Les images de ces sélections vous brisent le cœur car on a l’impression que les gens ignorent ce qui va leur arriver. On voit ces deux groupes qui se forment : l’un, avec des personnes âgées, des enfants en bas âge, des bébés dans les bras de leur mère… L’autre, composé d’hommes en grande majorité. On sait déjà quel groupe ne vivra pas et quel groupe devra s’efforcer de survivre.
Il est temps pour moi de quitter la Judenrampe. Après dix minutes de marche, me voilà aux portes du camp de Birkenau.

Visiter Birkenau, ce camp auquel rien ne vous prépare
RIEN, absolument RIEN ne peut vous préparer à la visite de Birkenau. Vous avez beau avoir lu des centaines de livres, avoir vu des centaines d’images, de documentaires, croyez-moi, RIEN ne peut vous laisser imaginer ce que l’on ressent sur place.
Rien ne vous prépare à l’immensité de ce camp, si grand que l’on n’en voit pas le bout quand on se tient sur un côté, si grand qu’il faut près de 25 minutes pour le traverser sur son plus grand côté. On marche, on marche, on marche, et les baraquements succèdent aux baraquements, les ruines aux ruines, les barbelés aux barbelés…

J’ai pris cette première photo au niveau du point violet sur ce plan (vous pouvez cliquer dessus pour le télécharger en PDF avec les légendes). Ça vous donnera une toute petite idée des proportions du camp.

Birkenau, ce sont 170 hectares. 2340 mètres par 720 mètres. Et notre cerveau n’est pas fait pour concevoir ce genre de choses avant de découvrir, en vrai, ce que ça représente concrètement. Tourner sur soi-même dans une immensité sans fin de barbelés.
Ici, on distingue à peine le bâtiment de l’entrée du camp… et derrière moi, il y a toute la zone des crématoriums KII et KIII. J’ai pris la photo au niveau du point bleu sur le plan.

Birkenau, ce sont des allées boueuses et caillouteuses, pleines de flaques avec, de chaque côté, de l’herbe et des blocks construits avec une régularité à faire peur. Ce sont 4 crématoriums, 90000 déportés survivant là simultanément à l’été 1944. Et plus d’un million de morts.
Le camp des femmes à Birkenau
J’ai commencé ma visite de Birkenau par le camp des femmes, à gauche de la voie ferrée quand on entre sur les lieux.
Une large part des baraquements de Birkenau a été détruite, tout comme les installations du camp en général.
D’abord, par les nazis qui ont commencé à effacer les traces de leurs crimes dès 1944 quand ils ont appris que les Soviétiques n’étaient plus qu’à 200 kilomètres d’Auschwitz. Ils ont œuvré de manière méthodique : éliminer les témoins, faire recouvrir les fosses contenant les cendres des victimes, brûler les listes des déportés exterminés et les documents compromettants, dynamiter les crématoriums (novembre 1944)…
Ensuite, le bois qui composait les baraquements a été largement récupéré par les populations locales pour se chauffer à la fin de la guerre… et certains Allemands en fuite ont mis le feu à d’autres baraquements avant de quitter les lieux.
De ce fait, les seuls baraquements qui tiennent encore debout sont en briques ou sont des reconstitutions de baraquements en bois… et souvent, vous verrez qu’il ne subsiste de ces baraquements que les parties en brique, à savoir les cheminées.
Le camp des femmes est la partie la mieux préservée.

Il y a, d’abord, l’un des bâtiments qui abritaient autrefois les cuisines.

On peut marcher librement parmi ces baraquements, prendre le temps dont on a besoin. Visiter Birkenau, c’est aussi ça. Pas de parcours imposé, pas la même abondance d’informations qu’à Auschwitz I… et plus de temps pour penser aux victimes, aux leçons que l’on peut tirer de la Shoah.

Le baraquement des enfants
A partir de décembre 1942, plusieurs dizaines d’enfants et leurs mamans ont été emprisonnés dans ce block, chassés par les nazis de la région de Zamosc puis de Varsovie. Les garçons de Zamosc avaient été séparés et envoyés dans le camp des hommes, la plupart ont été tués par injection létale. Les petites filles vivaient quant à elles dans des conditions si déplorables que beaucoup ont succombé au typhus ou sont mortes de faim.
Ici, tout reproduit en miniature ce que l’on voit chez les adultes. Les petits lavabos sont à hauteur d’enfant. Et il y a ces mêmes lits de planches et de briques, du sol au plafond, où les prisonniers devaient s’entasser.


Le « Block de la mort »
Dans cette partie du camp ont aussi eu lieu beaucoup d’expériences médicales, notamment des stérilisations forcées. Le block où elles se déroulaient a été entièrement détruit mais non loin, on trouve un témoignage de la violence des mauvais traitements infligés aux prisonniers, avec le « Block de la mort ».
C’est dans cet endroit, à une extrémité du camp, que les SS enfermaient les femmes jugées incapables de travailler avant de les envoyer dans les chambres à gaz. Souvent, elles devaient rester là durant plusieurs jours, sans eau et sans nourriture. Quand les baraquements étaient pleins, on installait les femmes dehors, dans la cour fermée.

A ce stade de la visite, j’ai eu le sentiment assez bizarre que mon cerveau n’était plus capable d’aller au-delà du niveau émotionnel atteint. Je pouvais marcher dans le camp de Birkenau, lire des panneaux explicatifs, photographier telle ou telle chose, me répéter encore et encore que c’était immense… mais impossible de décrire ce que je ressentais vraiment.
Ça m’a permis de mieux « comprendre » pourquoi certains livres de survivants de la Shoah paraissent extrêmement factuels. On sent l’émotion derrière les faits mais il n’existe pas de mots pour la décrire. Evidemment, en tant que visiteur d’un camp de concentration et d’extermination, notre situation n’a RIEN de comparable… mais ce sentiment « d’explosion émotionnelle jusqu’à l’anesthésie générale » permet de mieux comprendre la difficulté à mettre des mots sur cet endroit.
Les crématoriums II et III du camp d’extermination de Birkenau
Auschwitz-Birkenau n’était pas seulement un camp de travail forcé, c’était aussi et avant tout un camp d’extermination où les nazis mettaient en pratique ce qu’ils appelaient la « Solution finale », l’élimination systématique des Juifs.
Ils ont testé mille méthodes, expérimenté comme s’il s’agissait d’un défi ordinaire à relever, fait de savants calculs… qui ont abouti à ces quatre bâtiments : KII, KII, KIV et KV (KI étant le crématorium d’Auschwitz I).
Si vous allez visiter Birkenau dans le cadre d’une visite guidée, vous verrez la plupart du temps seulement les KII et KIII.
Après ma visite du camp des femmes, je suis remontée vers ces bâtiments, qui étaient cachés au fond du camp derrière une rangée d’arbres. Comme si ça pouvait empêcher les gens de savoir ce qui s’y passait… Le KII et le KIII ont été dynamités par les nazis eux-mêmes.

Des plans vous aident à comprendre la manière dont le bâtiment était structuré. Les prisonniers entraient par l’escalier que l’on aperçoit tout au fond sur la photo ci-dessous et accédaient à une salle de déshabillage dont vous voyez ici les ruines.

Ensuite, ils accédaient à la chambre à gaz elle-même. Les installations de crémation se trouvaient juste à côté, 5 fours crématoires par crématorium et un incinérateur distinct pour les documents retrouvés dans les affaires personnelles des prisonniers.
C’est entre les ruines de ces deux crématoriums (KII et KIII) qu’a été construit le Monument aux Victimes d’Auschwitz en 1967. Des marches, un sol pavé, de grosses pierres qui symbolisent les victimes… et des plaques, dans une multitude de langues :
« Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des Juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement ».
C’est terrible, ça vous émeut aux larmes…

Mais l’image qui me reste de ce monument, c’est la plaque écrite en allemand, sur laquelle quelqu’un avait déposé des fleurs portant l’inscription « Ihr seid nicht vergessen » (« On ne vous oublie pas »). Témoignage d’un peuple qui doit aujourd’hui vivre avec les crimes de son passé, encore si frais…

Aujourd’hui, l’Allemagne est d’ailleurs le plus gros donateur à la Fondation d’Auschwitz, qui collecte l’argent nécessaire à la préservation des camps (en tant que visiteur, on peut aussi participer).
Le camp des hommes et des familles à Birkenau
La partie la plus imposante du camp de Birkenau, à droite de la voie ferrée quand on entre dans le camp, regroupait de nombreux profils de déportés : des hommes, des femmes déportées depuis le camp-ghetto de Theresienstadt, des familles Tziganes…
Ici, il y a des baraquements à perte de vue, en grande partie détruits. Sur un côté du camp, certains de ces baraquements ont été reconstitués afin de vous montrer ce qui se trouvait à l’intérieur.
Birkenau abritait deux types de baraquements : certains en briques (dans la partie la plus ancienne du camp, le camp des femmes) et certains en bois (au niveau du camp des hommes et des familles).
Sur les 300 baraquements construits (incluant les baraquements médicaux, administratifs, les cuisines et les blocks destinés à l’hébergement des prisonniers), il reste aujourd’hui 45 baraquements en briques et 22 baraquements en bois. Leur préservation est pour le musée d’Auschwitz un enjeu essentiel et c’est à ça que sont affectés une bonne partie des dons reçus par la Fondation.

Chacun de ces baraquements pouvait héberger jusqu’à 700 détenus à la fois, avec 4 personnes dormant à chaque étage d’un châlit comme ceux que vous voyez ci-dessous :

En réalité, ce nombre montait souvent beaucoup plus haut en fonction des transports arrivant dans le camp de Birkenau.
Les blocks étaient pourvus d’un système de chauffage rudimentaire, qui ne suffisait pas du tout à maintenir une température acceptable à l’intérieur. Un foyer à chaque bout du baraquement, un conduit à même le sol, traversant le baraquement sur toute sa longueur, avec des cheminées pour évacuer la fumée. On le voit sur la photo ci-dessus.
Quant à l’hygiène, il a fallu attendre 1944 pour que quelques lavabos soient installés dans chaque block, on en distingue des vestiges dans certaines parties du camp des hommes.

Et pour les toilettes, les prisonniers devaient aller dans les latrines. Un banc rudimentaire, percé de 58 trous. Pas d’intimité, un lieu facilitant la contagion de toutes les maladies qui faisaient des ravages dans le camp.
Il n’y a pas de mot dans le dictionnaire capable de décrire ce degré de déshumanisation.

Dès que l’on s’éloigne un peu de ces zones où la foule se presse, on se retrouve vite au milieu des ruines, sans voir une seule personne à la ronde…


Des crématoriums IV et V du camp de Birkenau au « Sauna »
Autant j’ai croisé beaucoup de monde autour des crématoriums II et III d’Auschwitz-Birkenau, autant il n’y avait personne quand je me suis dirigée vers cette partie du camp, souvent laissée de côté lors des visites guidées.
On débouche subitement sur un joli petit bois. Joli, jusqu’à ce qu’on lise le panneau qui s’y trouve.
« A leur arrivée à Auschwitz, la plupart des Juifs étaient envoyés à la mort immédiatement par les SS dans les chambres à gaz.
Cependant, ils étaient souvent contraints d’attendre leur tour dans ce groupe d’arbres si la chambre à gaz était pleine à ce moment là ».
En d’autres termes, ce petit bois servait de « salle d’attente de la mort ». Le crématorium se trouve juste derrière, impossible d’imaginer que les gens rassemblés là n’aient pas anticipé ce qui les attendait.

C’est cet endroit qui a été le théâtre de l’une des plus grandes manifestations de résistance dans le camp : la révolte du Sonderkommando. Ces prisonniers, employés dans les chambres à gaz pour en sortir les cadavres – ceux de leurs proches, parfois – ont réussi à faire exploser en octobre 1944 le crématorium IV.
J’avais choisi d’aller à Auschwitz cette semaine là, 73 ans plus tard, pour rendre hommage à leur courage. Cette révolte a été le fruit d’une collaboration gigantesque dans le camp : des femmes juives faisant passer en secret de la poudre à canon en provenance d’une usine de munitions située dans le complexe concentrationnaire d’Auschwitz, un relais pris par le réseau de résistants hommes et femmes… pour organiser cette explosion.
Les Sonderkommando ont payé un lourd tribut, avec 451 morts (souvent fusillés a posteriori par les SS en guise de représailles)… mais combien de vies épargnées en ralentissant la marche de la « machine de mort » ? Et quel message adressé aux prisonniers et aux SS, leur rappelant qu’il y a toujours des gens pour lutter, même quand tout espoir semble vain.

Le crématorium V, lui, a été dynamité par les nazis. Une rose solitaire était posée là, au milieu des ruines, belle et triste…

A côté de chaque groupe de crématoires (KII+KIII et KIV+KV), on se retrouve face à un petit bassin. C’est là que les nazis abandonnaient les cendres des déportés tués dans les chambres à gaz. D’autres étaient jetées dans la Vistule, fleuve qui traverse la ville de Cracovie.

Un peu en retrait, au fond du camp, on distingue l’un des plus grands bâtiments préservés du camp de Birkenau, qui était surnommé le « Sauna ». Ce bâtiment se visite, je n’y ai cependant pas fait de photos.

C’est là que se trouvaient les seules douches (réelles) du camp de Birkenau (les douches des crématoriums étant factices, stratagème honteux pour que les prisonniers entrent volontairement dans le bâtiment sans lutter).
Le « Sauna » abrite aussi des appareils qui servaient à désinfecter les vêtements (soit à la vapeur, soit à l’air chaud) pour enlever les poux et essayer d’endiguer la propagation d’épidémies. C’est là, aussi, que l’on remettait aux déportés leur uniforme de prisonnier.
C’est à deux pas du Sauna que les nazis entreposaient tous les biens extorqués aux déportés, dans un endroit que les prisonniers surnommaient « Canada » (« Kanada »), ce pays riche leur semblant comparable à toutes les richesses pillées entassées dans ces entrepôts. Ce « Kanada » était situé entre le Sauna et les crématoriums… sorte de carrefour de la honte entre les biens volés aux vivants et ceux volés aux morts.
Devenir un porteur de mémoire
Quand j’ai quitté la zone des crématoriums KIV et KV, j’étais seule. La nuit commençait à tomber sur Birkenau. Le silence était glaçant, loin de la zone où les derniers groupes des visites guidées déambulaient. Des baraquements, encore, à perte de vue. Pas un seul être vivant visible à des centaines de mètres à la ronde.

Plus de 25 minutes de marche par des allées isolées pour retourner à l’entrée du camp de Birkenau. Soudain, j’ai croisé une voiturette avec un homme qui assurait la sécurité du camp. Il m’a adressé un sourire bienveillant… et je crois que je n’ai jamais été aussi heureuse de voir un être vivant. Au milieu de la mort, la vie prend subitement une saveur très particulière.
Et puis, je suis retournée à l’entrée d’Auschwitz-Birkenau. J’ai regardé, une fois encore. La voie ferrée interminable dont je sais, à présent, qu’elle file tout droit vers les chambres à gaz, au fond dans le lointain.

Les miradors, régnant sur les baraquements et sur les 10 kilomètres de routes qui parcourent le camp.

Les 16 kilomètres de barbelés qui circonscrivent l’enceinte du camp de la mort et des miradors, encore. Des abris anti-aériens pour les sentinelles.

Et la réalisation que je suis, à mon tour, devenue l’un de ces « porteurs de mémoire ». J’ai vu, alors je dois raconter. Je peux aussi, à mon petit niveau, essayer de renseigner ceux qui souhaitent accomplir le même voyage et c’est dans cette perspective que j’ai écrit un article dédié avec plein d’informations pratiques pour organiser sa visite d’Auschwitz.
On n’en revient pas tout à fait indemne. Visiter Birkenau – et Auschwitz dans sa globalité – influence chacun d’une manière qui lui est propre : revoir ses priorités, relativiser ce que l’on pense grave et qui ne l’est VRAIMENT pas, s’impliquer dans la transmission de la mémoire… On rentre, avec beaucoup de questions sans réponse, avec la conscience de ne rien savoir du tout par rapport à ce que l’on a vu.
Auschwitz-Birkenau vous rend aussi prudent. Si l’Homme a pu imaginer une telle machine de mise à mort, concevoir des tortures à la cruauté si invraisemblable, persécuter des millions de gens sans que nul ne puisse mettre un terme à la barbarie pendant de nombreuses années… qu’est-ce qui nous protège de la répétition ?
Si cela vous intéresse, vous pouvez découvrir ma visite du mémorial de Yad Vashem en Israël, gigantesque centre dédié à la mémoire de la Shoah.
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Merciiii 🙏
Bonjour Marlène et merci à vous,
Je viens de lire votre témoignage sur Auschwitz Birkenau. C’est bouleversant.
J’ai moi-même lu énormément de livres de déportés sur les camps et notamment birkenau, sur les sonderkommandos.
Je pense un jour me rendre sur ces lieux, mais suis-je prêt, je me pose souvent la question. Que vais-je ressentir vraiment, n’est-ce pas trop lourd encore pour moi.
Comment appréhender ce lieu si obscur où tant de gens ont disparus.
Bonjour Norbert, je pense qu’on n’est jamais « prêt »… et heureusement, dans un sens. Ça me paraît plutôt sain d’être choqué ou perturbé par cet environnement. Après, il est certain que ça fait réfléchir et que ça touche à des émotions très profondes.
Bonjour à vous Marlène,
Que dire ici après avoir lu votre récit et votre témoignage?
Mille fois merci pour cette pureté.
Pouvons nous échanger par mail? j’aimerai avoir quelques précisions car je compte y aller fin novembre. Encore merci
Merci Farah pour le message, je vous conseille plutôt de poser vos questions sur mon article dédié à la visite d’Auschwitz. J’y donne beaucoup d’informations pour organiser la visite des camps (billets, trajet, conseils) et les réponses données publiquement permettent aussi d’aider de futurs voyageurs à organiser leur propre déplacement.
Merci Marlène pour ce témoignage émouvant où l’on ressent toute l’horreur de ces lieux. J’espère pouvoir un jour aller sur place pour ne pas oublier toutes ces personnes, ces enfants qui ont vécus l’inimaginable et se rappeler aussi que l’homme, dans toute sa bonté, peut être capable du pire.
Merci Sandrine pour ce message plein de sensibilité, aller là-bas donne un petit « supplément » à la lutte contre l’oubli mais elle peut aussi commencer près de chez nous… Le Mont-Valérien à Suresnes, l’ancien camp de Natzweiler-Struthof dans le Bas-Rhin, des villages martyres comme Oradour-sur-Glane, le mémorial de Drancy par exemple.
Demain je me rendrai à Birkenau et cette article, avec toute sa sensibilité me sera d’une grande aide.
Remarquable
Une pensée en ce jour particulier… merci d’avoir laissé un message ici !
Bonjour et merci pour la qualité de votre reportage. Votre témoignage, vos informations et la qualité de vos photos et documents sont une excellente ressource pour s’instruire et ressentir ce que signifie un camp d’extermination. En outre, rappeler le contexte actuel de ces lieux cernés par la vie ordinaire, alors qu’ils sont vestiges d’une mémoire traumatique donne un peu le vertige. Avec toute ma reconnaissance
Bonjour Olivier, merci beaucoup pour ce message. Ce contraste entre la « vie qui reprend », autour, et le lieu de mémoire lui-même, frappe beaucoup. Il m’a énormément marquée à Plaszow, près de Cracovie, un camp devenu une sorte de « jardin public » où les gens vont promener le chien et faire un footing sur les lieux mêmes où des milliers de gens sont morts. Il y a un projet de musée mais ça arrive si tard…
FELICITATIONS POUR CE REPORTAGE SI DETAILLE .
C’était en 2005. La soixantième année de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz. Nous y sommes allés avec la communauté juive de Livry Gargan pour voir cet endroit maudit et nous recueillir dans ce lieu de torture et d’extermination.
C’était une journée très froide et nous avions vu toutes la journée les différents lieux de torture, de tri, de gazage, la rampe et les baraquements , avec l’écoeurement particulier réservé à ceux qui découvrent la réalité dont ils ont tellement entendu parler. C’était encore plus horrible que ce que nous avions pu lire ou voir dans des reportages.
Vers la fin de la journée, le soleil se couchait et notre guide nous a amené dans cet endroit que vous verrez au début du film. Il nous a expliqué que ce trou était ce qui restait des chambres à gaz du camp après que les allemands les aient fait sauter à l’explosif, espérant peut-être pouvoir nier les atrocités commises.
C’est là qu’est arrivé un groupe d’une centaine de jeunes adolescentes israéliennes avec leur accompagnateur. Elles sont descendues dans ce trou enveloppées dans des drapeaux Israéliens se sont prises par les épaules et ont entonné des chants liturgiques et AM ISRAEL HAI – LE PEUPLE D’ISRAEL VIT
C’était un spectacle d’une intensité émotionnelle incroyable et je me suis dit : Toute cette haine, toute cette machine de guerre, tous ces nazis qui avaient tenté de nous exterminer avaient échoué.
Israël était la réponse.
AM ISRAEL HAI- LE PEUPLE D’ISRAEL VIT
lien youtube : https://youtu.be/AuiIProkqoY
Bonjour Rémy, merci beaucoup pour ce témoignage et cette vidéo touchante. Voir ça « en vrai », sur place, prend effectivement une dimension qui n’a rien à voir avec le fait de lire des récits dans un livre.
Merci pour ton témoignage.
C’est bien normal. Merci pour le commentaire.
J’ai moi-même visité Auschwitz en septembre dernier et tout ce que vous rapportez a trouvé un écho en moi ; aujourd’hui, jour d’anniversaire de la libération du camp, j’ai pu enfin regarder mes photos et les envoyer à la ronde pour faire ma part du devoir de mémoire, de la transmission. Après Auschwitz où je suis allée seule, comme vous, je n’avais plus la force de visiter Birkenau ; votre présentation m’en donne une idée. Merci.
Bien cordialement.
Rose Marlène.
Bonjour Rose Marlène, merci beaucoup pour ton message, je peux comprendre que cette visite crée un trop-plein sur une seule journée. Birkenau, par son gigantisme, est de surcroît tout aussi « marquant » et glaçant qu’Auschwitz I.
Bonjour, j’ai une question pratique, y a t’il une consignes a l’entrée ?
Nous ne sommes pas sur car aucune info.
Un grand merci !
Bonjour Isabelle, il y a bien une consigne (elle est d’ailleurs mentionnée dans les CGV : « Persons who refuse to undergo the inspection or to leave the luggage in the storage area shall not be admitted on the Museum grounds. The maximum size of bags and backpacks allowed to carry on the Museum grounds is 30 x 20 x 10 cm » => taille maximale de bagage autorisée… sinon, les bagages doivent être laissés en consigne).
Bonjour ,merci de prévenir d’être préparer pour faire ce voyage dans ces camps,
et dans ce passé, d’avoir connu des personnes revenues de ces camps
je peux faire le lien par vos images et texte , je ne comprends toujours pas…?
comment des hommes ont pu agir dans ces extrêmes , Gabriel
Bonjour Gabriel, merci pour le message. Comprendre me semble terriblement complexe : il y a ce mélange entre des individus isolés animés par la « haine de l’autre », des croyances ancrées dans la société et aux origines complexes (l’antisémitisme, par exemple, n’est pas né avec les nazis, il a un historique long et compliqué), la mécanique de désinformation, les organes de pouvoir qui se mettent au service d’une « machine de déshumanisation »… Il y a tant d’acteurs et de facteurs que je crois que l’on ne comprendra jamais vraiment.
C’est aussi pour cette raison que je trouve qu’il faut continuer à en parler. Les victimes sont bien sûr essentielles, elles donnent un visage, une âme et une responsabilité au « devoir de mémoire »… mais au-delà de ça, souhaiter que ça ne se reproduise pas implique d’essayer d’analyser quels déterminants ont rendu ça possible.
Bonjour Marlène,
Je viens de parcourir ces pages et voulais vous remercier de votre témoignage. De votre témoignage et de votre hommage. J’ai pu reconnaître et partager beaucoup de sentiments que vous exprimez ici avec sobriété et respect. Merci encore.
Merci beaucoup Nathalie pour le message.
Bonsoir merci pour votre témoignage qui m’a beaucoup touché. Bravo à vous d avoir été témoin de ces horreurs. D avoir pris le temps de devenir gardienne et passeuse d histoire. Ayons foi en l humanité pour que rien de tel ne se reproduise un jour.
Merci pour le message, impossible d’aller là-bas sans en parler, c’est le genre de lieu qui laisse une marque profonde.
Bonjour Marlène,
Comme beaucoup de lecteurs, je tiens à vous dire merci pour le travail que vous faites afin de partager vos expériences.
Avec mon père, nous envisageons d’aller à Auschwitz depuis de nombreuses années. C’est décidé pour le mois prochain, ça y est. Je ne sais pas vraiment si je suis « prêt » à y aller mais le cœur m’y pousse. Mon père et moi avons pas mal de connaissances sur l’histoire de la seconde guerre mondial ainsi que sur Auschwitz & les autres camps mais j’hésite encore concernant la visite… Guidée ou pas ? Difficile à anticiper… Je tiens à prendre le temps, et je ne veux pas me retrouver au milieu de 20 ou 30 personnes prenant selfie et/ou en train de rigoler car je pense que ça ne passera pas du tout. Mon niveau d’Anglais est très bon donc je pense pouvoir nous aiguiller mon père et moi. J’ai écrit au site visit.auschwitz.org pour demander si dans le cas d’une visite de 3.5 heures avec guide nous pouvions continuer seul. On m’a répondu que oui mais si je voulais retourner à Auschwitz I, je devrais reprendre un ticket alors… Je pense y aller sans guide pour prendre le temps mais j’ai peur de rater des choses importantes… Y a t’il un bon livre sur le camp à acheter avant par exemple ? J’en ai trouvé quelques uns mais pas facile de trouver le bon.
Belle journée à vous.
Romain
Bonjour Romain, j’ai conseillé dans cet article « The Auschwitz-Birkenau Memorial. A Guidebook », que j’ai trouvé très intéressant pour compléter les informations disponibles sur les panneaux. Rien ne vous empêche aussi d’opter pour un guide privé qui saura s’adapter davantage à vos attentes… ou de réserver à la fois un billet sans guide et une visite guidée le même jour.
Bonjour Marlène,
Merci pour ce blog. Vous écrivez très bien et je suis contente de pouvoir lire le ressenti de quelqu’un d’autre.
Je suis rentrée her de Pologne et étais à Auschwitz il y a 4 jours à peine. Je dois dire que je digère encore assez peu ce que j’ai vu. J’y suis allée avec mon compagnon et mon petit de 2 ans. Il était difficile de faire la visite à cause de la foule et qu’il fallait que l’un de nous reste en dehors des baraquements avec notre fils (nous ne voulions pas qu’il voie quoi que ce soit).
En gros, nous sommes allées à Birkenau le lundi après-midi et à Auschwitz 1 le lendemain matin très tôt (nous faisions déjà la queue à 7h). Toutefois, nous n’avons vu que partiellement Auschwitz 1 en 2h30 sans guide.
Malgré les difficultés pratiques pour entrer dans le camps à cause des files interminables et de la fatigue, j’ai été bouleversée…
C’est une visite qui marque l’âme et y laisse une empreinte… elle nous rappelle qu’oublier et douter comme en font certains, c’est trahir la mémoire de ceux qui ont enduré ces atrocités.
C’est aussi une visite indispensable pour l’avenir, car savoir est une chose, mais voir de ses propres yeux une infime partie de l’horreur commise par la folie haineuse, en est une autre.
La stèle française de Birkenau le dit très bien: « Que ce lieu (… ) soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement ».
Espérons que cet avertissement soit entendu.
Encore merci pour ce blog qui me permet de partager mon ressenti, car celui-ci pèse encore lourd.
Bien à vous
Je n’oublierai jamais ces visages, ni ces objets. J’ai l’impression que l’on repart avec quelque chose…
Même notre fils qui est d’ordinaire très énergique et turbulent, était patient pendant la visite. Il a senti que ce lieu n’était pas comme les autres. Mais comment ne pas le sentir?
J’ajouterai que l’ensemble des villes que nous avons visitées en Pologne portent cette marque.
Merci beaucoup beaucoup pour ce beau témoignage, plein d’émotion et de mémoire. On repart clairement avec quelque chose en soi, une autre vision de la vie, une autre motivation à relativiser certaines choses…
bonjour j’ aurais une question a vous posez en quoi cette visite participe au travail de la mémoire ?
Bonjour, à mon sens le fait d’aller sur place permet de prendre conscience de ce que les victimes ont subi, avec une dimension émotionnelle bien plus forte que dans n’importe quel livre. Pour prendre un exemple qui m’a marquée à Birkenau, ce n’est pas du tout la même chose de voir les chiffres de la taille du camp dans un livre et de mesurer ce que ça représente vraiment.
C’est ensuite prendre conscience, à travers les expositions proposées, des responsabilités de chacun dans cette machine de mise à mort : les nazis, les industriels qui ont coopéré (en concevant par exemple les fours des chambres à gaz), les gouvernements qui ont laissé faire.
Le devoir de mémoire, c’est justement cette reconnaissance que les victimes sont des victimes, et qu’il y a des coupables. C’est comprendre comment quelque chose a pu se mettre en place pour essayer de faire en sorte que ça ne se reproduise pas. C’est se souvenir de ces gens qui, souvent, n’ont même pas bénéficié de la dignité d’avoir une tombe.
Aller à Auschwitz-Birkenau contribue à cette compréhension globale de la Shoah et donne aussi une émotion qui pousse à en parler à d’autres. Quand j’étais en Pologne, TOUS les voyageurs que j’ai rencontrés m’ont demandé « si j’étais allée à Auschwitz » ou « si j’allais aller à Auschwitz » en évoquant leur propre expérience.
Pour répondre à la dernière phrase de votre article, je dirais : notre vigilance.
J’aime vraiment beaucoup votre style, à la fois pudique et précis, soucieux de partage et d’une grande bienveillance. Pour ma part, je ne me sens pas capable d’aller à Auschwitz, mais des articles cmmme le vôtre permettent malgré tout de se reposer la question.
Merci pour ce partage de votre expérience, très personnelle et sincère.
Je comprends tout à fait que l’on puisse ne pas être prêt. Et même le jour où l’on croit l’être, on ne l’est pas vraiment car fort heureusement pour l’humanité, rien ne peut « préparer » à ce genre d’expérience…
Merci pour toutes ces photos et comptes rendu. J’ai visité Auschwitz il y a 10 jours avec un guide anglais … j’aimerais pouvoir le refaire un jour sans guide aussi et à « ma façon ».
Merci pour toutes ces explications que je n’avais pas forcement compris en anglais …
Merci pour le message Pauline. A vrai dire, je ne sais pas exactement ce que racontent les guides car je n’ai pas choisi ce mode de visite. Je suis contente en tout cas que tu aies eu l’impression en lisant de « mieux cerner » les lieux.
Bonsoir Marlène,
Merci pour votre superbe blog qui m’a permis de réserver pour A. I début mai.
Malheureusement, l’entrée n’est prévue qu’à 17H40…. Mais grâce à votre superbe travail, j’ai compris pouvoir aller sur Birkenau avant.
Merci pour ce beau partage !
Amicalement,
Vladimir
Bonjour Vladimir, effectivement je vous conseille de passer du temps à Birkenau avant. J’espère que votre passage dans ce lieu chargé émotionnellement se déroulera pour le mieux.
Bonjour Marlene,
Merci beaucoup pour la qualité de vos articles emplis d’émotions et de respect. Je compte partir en mars pour Cracovie, Auschwitz-Birkenau. J’ai lu avec attention vos articles et pense opter pour une visite sans guide.
Actuellement, j’ai lu les ouvrages de Charlotte Delbo & Primo Levi, auriez-vous d’autres conseils de lecture pour préparer ce voyage ?
Merci d’avance,
Mel.
Hello Mel, il en existe tant… Parmi ceux qui m’ont marquée sur Auschwitz, il y a le témoignage de Shlomo Venezia qui a fait partie des Sonderkommando à Auschwitz, des détenus contraints d’aider les Allemands à exterminer les Juifs ; le récit de Thomas Geve, déporté à Auschwitz à l’âge de 13 ans. Concernant Cracovie, lire aussi le témoignage de Mietek Pemper, secrétaire juif d’un commandant nazi à Cracovie, dont l’histoire a inspiré le film La Liste de Schindler.
Et bien sûr, lire Simone Veil, déportée à Auschwitz à 17 ans ; « Et tu n’es pas revenu » de Marceline Loridan-Ivens (déportée à 15 ans à Birkenau) ; « J’ai pas pleuré », d’Ida Grinspan (déportée à Auschwitz à 14 ans) ; « Je me suis évadé d’Auschwitz », de Rudolf Vrba…
Bonjour Marlene,
Je suis tomber au hasard sur votre page et je dois dire que j’en suis ravie. Je compte faire ce voyage en février de la France à la Pologne. Quel hôtel est le plus proche ? Je vous remercie infiniment pour votre partage
Bonjour Charlène, je ne recommanderais pas forcément de séjourner à Oświęcim, la ville est assez « morne ». La plupart des gens séjournent dans une ville un peu plus animée, comme Cracovie. J’ai donné quelques recommandations d’hôtels dans mon guide de voyage sur la ville.
Bonjour, tous d’abord je tiens à vous féliciter chaleureusement pour votre travail de mémoire sur ce lieu ;traumatisant, marquant ,pour la plus part des gens .
Je suis aussi passionné par ces événements comme le débarquement en Normandie ou les différents crimes commis pendant la guerre. Et je tiens aussi à réaliser ce devoir de mémoire dès l’année prochaine et ainsi le réaliser seul comme vous l’avez aussi fait. Mais après coup , conseilleriez-vous de le faire plus tôt accompagné ? Car personnellement j’ai déjà été touché en lisant vos articles…
Je crois que c’est un ressenti très personnel, idéalement on s’appuie sur « sa connaissance de soi-même » pour faire un choix. Je ne regrette pas du tout, pour ma part, de l’avoir vécu seule… mais j’aimerais un jour y emmener des gens, qui justement n’osent peut-être pas faire la même démarche.
Merci Marlene pour ce partage. Votre récit est vraiment très intéressant et poignant. Ma fille, est passionnée d’histoire et en particulier l’histoire de cette période. Elle me réclame un voyage là bas. Elle a 14 ans et demi. Pensez-vous qu’elle ne soit pas trop jeune pour que je l’y emmène ?
Bonjour Doriane, le musée recommande un âge minimum de 14 ans pour effectuer la visite… mais je pense que la décision dépend avant tout du ressenti individuel de chaque enfant/adolescent. C’est quoi qu’il arrive une visite marquante, quel que soit notre âge. Si votre fille est demandeuse, qu’elle se sent prête à voir ce qu’il y a à voir là-bas, pourquoi pas ? L’important à mes yeux, c’est d’accompagner cette visite : par des explications, des échanges (y compris après !) pour mettre des mots sur ce qu’elle aura vu.
Bonsoir Marlene, je viens de parcourir votre blog, je suis a Cracovie et je visite Auschwirtz demain. Je tenais simplement a vous remercier car ma visite en sera plus intense et difficile peut etre, mais vous me confortez dans le fait de se rendre compte sur place de l’horreur absolue
Bonjour Arnaud, merci d’avoir pris le temps de laisser un message. J’espère que cette journée difficile vous a aussi, à sa manière, permis de cheminer intérieurement…
Marlène,
Birkenau. Que dire de plus sur l’immensité du lieu ? On a beau avoir lu, vu des photos on est loin d’imaginer un lieu aussi étendu…. Ce qui permet aussi de se retrouver au calme mais curieusement on a du mal à penser qu’il y a plus de 70 ans ce lieu était plein de « vie ». J’ai eu besoin d’un « support mental ». J’ai utilisé l’album d Auschwitz de Lili Jacob et effectué le « trajet » des convois des juifs Hongrois de mai 1944. Le lieu le plus émouvant pour moi, a été la petite foret de bouleaux. Un des rares endroits où il y des bancs. Le ciel était gris bleu, une douce brise bienvenue dans la moiteur et la chaleur de ce mercredi 5 septembre. Le silence était total. Je me suis posée et j’ai écrit… Ensuite j’ai continué le chemin vers le petit étang aux cendres ( si bucolique si on fait abstraction de ce qui s’y est passé). Arrivée au niveau du crématoire III mes pensées ont été pour Zalmen Gradowski et ses compagnons des sonderkommandos…
Je me sentais vidée à la fin de la visite et pourtant une bouffée de bonheur m’a été offerte par un petit garçon d’une dizaine d’année qui visitait le camps avec son papa. J’étais à quelques mètres devant eux et j’entendais cet enfant poser des questions à son père… C’était très touchant, car le père était très pédagogue, doux dans ses réponses sans pour autant édulcorer l’Histoire…. La mémoire est transmise.
Merci pour ce beau témoignage… J’ai eu le même ressenti dans cette clairière, que j’ai découverte dans la jolie lumière du soir, si apaisante alors qu’il s’y est passé des choses si noires…
Merci à vous Marlène, je vous fait grâce de l’émotion avec laquelle j’ai parcouru votre écrit!!!Il arrive aux hommes de pleurer aussi!!!!Nous irons très certainement mon fils et moi cet hiver en Pologne. Je respecte l’avis de mon épouse qui ne se sent pas de faire ce déplacement et surtout cette visite. Merci encore et je reviendrai certainement vers vous plus tard. M.M.
C’est une belle preuve d’amour que de comprendre son sentiment ;) Vous avez raison de respecter ce ressenti, c’est tellement marquant qu’il est important à mon sens de se sentir prêt(e) à recevoir cette mémoire douloureuse. J’espère en tout cas que l’expérience vous grandira tous les deux avec votre fils. C’est poignant mais ça fait aussi voir la vie sous une tout autre perspective.
Bonsoir,
Un grand merci pour ce partage j’ai lu avec beaucoup d’émotions.. Je projette de visiter le camp l’année prochaine et certainement en visite libre.. Merci à vous.
Merci Sandrine, je vous souhaite d’accomplir ce voyage ! N’hésitez pas à revenir poster un commentaire si vous avez des questions lorsque vous préparerez ce séjour.
Superbes articles, pleins d’émotions, de mots justes… Merci pour votre visite guidée virtuelle. Je pense y aller, peut-être à l’automne, si j’ai le courage de faire ce voyage mémoriel toute seule…
Bonjour Vanessa, merci beaucoup pour le message. Je vous souhaite de le faire, cette année ou plus tard… car c’est vraiment une expérience qui marque.
Bonjour, quelle est la meilleure période de l’année pour visiter Auschwitz-Birkenau
( saison – climat – fréquentation touristique etc. )
Merci
Bonjour, je ne pense pas qu’il y ait de « meilleure saison », tout dépend de ce que l’on va chercher là-bas. Certains ne supportent pas le froid alors que pour d’autres, visiter Auschwitz-Birkenau sous la neige sera au contraire un moyen de se projeter davantage dans ce qu’ont vécu les gens enfermés là-bas…
Concernant la fréquentation, elle est régulée à Auschwitz I donc jamais excessive… et Birkenau est un endroit tellement grand que l’on peut échapper à la foule.