Aujourd’hui, nous partons au Reichsparteitagsgelände à Nuremberg, alias les « Nazi party rally grounds », une partie de la ville qui donne parfois l’impression de plonger quelques décennies en arrière, dans les heures sombres de l’Allemagne. C’est l’un des volets du passé complexe de Nuremberg.
Le Reichsparteitagsgelände est une zone située au sud de Nuremberg, qui a été aménagée par l’architecte d’Hitler, Albert Speer, pour accueillir les congrès annuels du parti nazi dans les années 30-40. 11 km² de superficie (il en reste environ 4.5 km² aujourd’hui), une taille qui rivalise avec celle de pas mal de communes françaises !
Les congrès accueillaient entre un demi-million et un million de participants… et les installations sont à la hauteur de ce gigantisme. Il fallait à la fois pouvoir gérer la foule dans de bonnes conditions et, au passage, montrer toute la grandeur du régime pour que la propagande nazie entre en action.
Le Reichsparteitagsgelände au fil du temps
Avant mon départ à Nuremberg, j’avais imprimé un plan des installations telles qu’elles étaient dans les années 40… et même quelques photos d’époque. Je voulais pouvoir comparer passé et présent car une question m’intriguait beaucoup : comment la ville a-t-elle fait pour cacher toutes les traces du nazisme après la guerre ?
Voici le plan des Reichsparteitagsgelände tels qu’ils étaient en 1940.

En réalité, tout n’a pas disparu. Evidemment, les symboles nazis ont été détruits mais malgré tout, certaines zones restent très reconnaissables. Aller là-bas donne l’impression étrange de rentrer dans les photos de ses livres d’histoire…
Les Nazi Party Rally Grounds : un projet mégalo
Hitler était un passionné d’architecture… mais un passionné totalement mégalo, qui imaginait des bâtiments toujours plus grands, toujours plus impressionnants, voulant à tout prix créer du « jamais vu ». Un jamais vu qui consistait souvent à s’inspirer fortement de monuments existants et à en multiplier les proportions pour « gagner » la bataille.
Albert Speer, qui allait rapidement devenir son architecte attitré, raconte dans ses mémoires que tout a commencé en 1933 : « A peine avais-je terminé [le réaménagement de l’appartement de Goebbels] qu’on me téléphonait, au mois de juillet 1933, de Nuremberg. On y préparait le premier congrès du parti, désormais parti gouvernemental. Par leur architecture, les décors devaient exprimer cette nouvelle puissance du parti victorieux ».
Speer se rend à Nuremberg, réalise quelques esquisses rapides et obtient la validation d’Hitler. Par la suite, on lui demande de créer sur place des bâtiments permanents.
En sortant du tramway de Nuremberg à la station Dokuzentrum (lignes 6 et 8), l’exploration commence, à la rencontre de l’histoire….
La Luitpoldarena et le Luitpoldhain
De l’autre côté de la route se trouve un parc en apparence banal, avec des allées bucoliques où l’on peut s’installer pour lire…

Soudain, on débouche sur une sorte d’immense plaine. Pour vous donner une idée, à l’époque, jusqu’à 150000 personnes pouvaient s’y tenir (membres de la SA et des SS). Petit aperçu de ce que c’était à l’époque…

Les tribunes de pierre ont été détruites pour laisser place à des pentes herbeuses plus accueillantes, où l’on a planté des arbres. Voilà ce que ça donne aujourd’hui :

Le bâtiment que l’on voit au bout est reconnaissable entre mille : il s’agit de l’Ehrenhalle (le « Hall d’Honneur »). Il a été imaginé par l’architecte Fritz Mayer et achevé en 1930. A l’origine, il n’avait rien à voir avec le nazisme puisque c’était un monument destiné à rendre hommage aux soldats de Nuremberg tombés pendant la Première Guerre Mondiale.
Hitler, trouvant l’endroit bien pratique, a détourné le monument pour y « commémorer » le putsch de la Brasserie de Munich, quand il a essayé de prendre le pouvoir par la force en 1923 (et a été jeté en prison suite à cet épisode). Au cours du putsch, plusieurs membres de la garde rapprochée d’Hitler se seraient jetés devant lui pour le protéger, leur sang venant imprégner un drapeau nazi.

Le drapeau en question est alors devenu pour les nazis une véritable relique, le Blutfahne. Les nazis considéraient que le sang sur ce drapeau avait été versé pour protéger la vie de leur Führer. Le drapeau a donc été religieusement conservé pendant qu’Hitler était en prison, lui a ensuite été rendu puis a été gardé avec le plus grand soin.
Il servait de « support » à une cérémonie, la Blutfahnenweihe, qui avait justement lieu dans la Luitpoldarena : les nouveaux drapeaux des SA et SS étaient mis en contact avec le Blutfahne comme si on voulait leur transmettre un « pouvoir ». No comment.

Aujourd’hui, le bâtiment de l’Ehrenhalle porte une inscription en hommage aux victimes des deux guerres mondiales et « du despotisme entre 1933 et 1945 ».

L’architecture reste très reconnaissable, en particulier l’apparence des dalles de l’esplanade… J’étais d’ailleurs assez mal à l’aise de marcher au milieu.
Et la même esplanade à l’époque, pendant un congrès du parti nazi :

A l’époque, une immense allée partait de l’Ehrenhalle vers les tribunes, on la voit très bien sur la photo ci-dessus. Elle a disparu aujourd’hui mais si vous regardez la zone en vue aérienne sur Google Maps, on voit encore l’emplacement de l’allée, plusieurs décennies après :

Le Kongresshalle
En retraversant la route de l’autre côté du parc, on peut visiter la plus grosse partie des Nazi Party Rally Grounds. Je vous ai déjà présenté dans un précédent article l’énorme Kongresshalle inspiré du Colisée (mais, en accord avec la folie des grandeurs d’Hitler, il devait être plus grand, plus haut, plus fou).

La Große Straße
On peut ensuite emprunter la Große Straße, une rue de plus de 40 mètres de large. Clairement, elle n’a aucun attrait esthétique puisqu’elle sert aujourd’hui de gigantesque parking.
Elle devait permettre à l’armée allemande de parader sur un trajet de 2 kilomètres de long, légèrement plus que les Champs-Elysées à Paris : « La Wehrmacht devait y défiler devant Hitler sur des rangs d’environ 50 mètres de large. Cette route fut terminée avant la guerre et pavée de lourdes plaques de granit, assez résistantes pour pouvoir aussi supporter le poids des tanks » ; la surface en était rugueuse pour offrir aux soldats défilant au pas de parade un appui suffisant » (Albert Speer, architecte d’Hitler).
La route, en raison de sa solidité, a d’ailleurs pu servir de terrain d’aviation à l’armée américaine après la guerre.

Si vous la descendez depuis le Kongresshalle, vous tomberez sur un lac sur votre droite à un moment donné, le Silbersee. En fait, ça correspond aux gigantesques fondations de ce qui devait être un stade. Hitler voulait qu’il puisse accueillir 400 000 spectateurs (re-folie des grandeurs bonjour), avec une enceinte de 100 mètres de haut.
Pour vous donner un élément de comparaison, le Stade de France, qui est le plus grand stade du pays, peut accueillir un peu plus de 80000 spectateurs pendant un match de foot… et fait 46 mètres de hauteur.
La guerre n’a pas permis au projet de stade de voir le jour et le gigantesque trou laissé par les fondations creusées dans le sol s’est peu à peu rempli d’eau. C’est un peu ironique mais il se trouve que le Silbersee est un lac maudit… car ses eaux sont extrêmement toxiques. Elles sont chargées de sulfure d’hydrogène, qui dégage une odeur d’oeufs pourris.
Plus d’une cinquantaine de personnes sont mortes depuis la guerre pour avoir essayé de s’y baigner, malgré les interdictions clairement affichées autour du lac. Ça vous donne une idée de la toxicité de l’eau.
La ville a essayé de traiter le lac pour le rendre moins dangereux mais rien à faire, la concentration de sulfure d’hydrogène finit toujours par revenir à son niveau initial, témoignage maudit de l’époque ! Autant dire que je n’ai pas trop traîné aux abords du lac.
Le Zeppelinfeld et la tribune Zeppelin (Steintribüne)
C’est un édifice très important des Nazi Party Rally Grounds puisqu’il a été le premier à être commandé par Hitler, dès 1934.

Voici ce que raconte l’architecte Albert Speer dans ses mémoires : « Au début de l’année 1934, Hitler me surprit en me passant ma première grande commande. On me demandait de remplacer la tribune provisoire en bois de l’esplanade Zeppelin à Nuremberg par un édifice en pierre ».
Speer décide de s’inspirer du Grand autel de Pergame (construit initialement en Turquie, il a été déplacé en 1886 dans un musée de Berlin… et se trouvait donc en Allemagne à l’époque, une source d’inspiration accessible et pratique).

Speer invente par la même occasion une théorie destinée à flatter l’ego d’Hitler : la « théorie des ruines ». Il simule le vieillissement du bâtiment au fil des siècles et fait en sorte que la tribune reste très reconnaissable malgré les effets du temps.
Speer gardera toute sa vie une affection très particulière pour cet édifice, associé à ses plus grandes émotions d’architecte.
« Le résultat dépassa tout ce que j’avais imaginé. Les 130 projecteurs, placés tout autour de l’esplanade, à 12 mètres seulement les uns des autres, illuminaient le ciel de leurs faisceaux qui, d’abord bien détachés, se fondaient à une hauteur de 6 à 8 kilomètres en une vaste nappe lumineuse. On avait ainsi l’impression de se trouver dans une immense pièce aux murs d’une hauteur infinie soutenus par de puissants piliers lumineux. Parfois un nuage traversait cette couronne de lumière et ajoutait au spectacle grandiose un élément d’irréalité surréaliste.
Je suppose que cette « cathédrale lumineuse » fut la première architecture lumineuse. Pour moi, elle ne reste pas seulement ma plus belle création spatio-architecturale, mais également la seule à avoir, à sa façon, acquis une certaine pérennité. ‘C’était en même temps solennel et beau, on se serait cru dans une cathédrale de glace’, écrivit l’ambassadeur britannique Henderson ».
Voici une photo de la fameuse « cathédrale lumineuse » à l’époque. Toutes les arches que l’on voit au fond ont été détruites, sauf la partie centrale.

Aujourd’hui, on reconnaît encore très bien le Zeppelinfeld, le grand champ face à la Steintribüne, qui pouvait accueillir 320 000 personnes, dont 70 000 dans des tribunes. Elles sont très endommagées mais tiennent encore debout. Il y avait 34 gros piliers pour porter les drapeaux du parti nazi.


La photo que j’ai prise ici montre l’endroit où se tenait Hitler pour faire ses discours et, face à la tribune Zeppelin (désormais appelée Steintribüne), les restes de l’enceinte du Zeppelinfeld avec ses gros piliers (regardez sur la gauche de la photo). Au fond, on distingue un stade, le Franken Stadion (stade de l’équipe de foot de Nuremberg, qui accueillait les défilés des Jeunesses Hitlériennes).

C’est plus parlant de visualiser avec une photo d’époque prise sous le même angle :

Puis on arrive près de la tribune elle-même. C’est très impressionnant de voir ce genre de monument « en vrai » après l’avoir vu dans les livres d’histoire. J’ai commencé par aller voir l’arrière de la tribune.
Voilà ce à quoi elle ressemblait à l’époque :

Maintenant, ce n’est plus qu’un édifice à l’abandon. Ça permet aussi de bien se rendre compte des parties de l’architecture qui ont disparu.


Les nazis adoraient les énormes vasques, qui permettaient d’allumer de grandes flammes pour créer une atmosphère particulière lors des rassemblements. C’est étrange de voir l’une de ces vasques posée là, au milieu…

Autour de la tribune Zeppelin, les panneaux sont très clairs : vous y montez à vos risques et périls car l’endroit est jugé peu sûr par la ville. Concrètement, rien n’empêche de monter dans les gradins et sur la tribune Zeppelin elle-même mais disons qu’on vous informe qu’il y a des risques à le faire.
Dans les années 80, on pouvait encore entrer dans la tribune, la ville avait installé une petite exposition à l’intérieur. L’endroit n’était plus assez sûr et les visiteurs étaient de plus en plus nombreux, c’est comme ça que le Centre de Documentation de Nuremberg a vu le jour en 2001.
L’énorme croix gammée qui trônait en haut de la Zeppelintribune a été dynamitée (il existe d’ailleurs une vidéo de l’explosion tournée en avril 1945). La ville a aussi détruit dans les années 70 les innombrables arches qui se trouvaient de chaque côté de la Zeppelintribune, car elles étaient en très mauvais état et présentaient un réel danger pour les passants.

J’ai vécu sur cette tribune quelques moments étonnants, tour à tour choquants, amicaux et émouvants.

J’ai d’abord eu la vague impression d’halluciner en voyant des gens prendre la pose et se faire photographier de dos, bras écartés, face au Zeppelinfeld, à l’emplacement exact où Hitler saluait la foule et faisait ses discours. Personne n’est allé jusqu’à faire le salut nazi mais honnêtement, c’était du pareil au même vu la pose de la photo…
C’est là qu’on réalise que ces endroits peuvent potentiellement servir de « lieux de pélerinage » pour des gens sensibles aux idées nazies… ou tout simplement de lieu d’expression pour des abrutis qui ne mesurent absolument pas la gravité de leur attitude. Hum.
Mais j’ai aussi vu un couple gay s’embrasser tout en haut de la tribune, devant la porte par laquelle Hitler faisait son apparition. Quand on sait à quel point les homosexuels ont été persécutés pendant la guerre, j’ai trouvé ça très symbolique et touchant.
Et puis, en attendant qu’un groupe s’éloigne du sommet des marches pour pouvoir prendre une photo, j’ai échangé avec un photographe américain (qui patientait pour les mêmes raisons !). Nous avons parlé du fait de « voir tout ça en vrai ». Nul ne sait combien de temps cette tribune tiendra encore debout, si la ville la laissera se délabrer « jusqu’à ce que mort s’ensuive » ou si elle optera pour sa préservation. Alors avoir pu monter dessus restera pour moi un souvenir aussi marquant qu’insolite.

Aujourd’hui, on croise devant la tribune des touristes, des passants, des enfants qui jouent au hockey en rollers… et la route sert aussi de circuit automobile, le Norisring.
Il reste bien d’autres vestiges au Reichsparteitagsgelände mais ils présentent moins d’intérêt à mon sens : une ancienne gare, ou encore ce transformateur converti en Burger King, qui permettait d’alimenter toutes les installations du Reichsparteitagsgelände en électricité…

Le futur du Reichsparteitagsgelände
Actuellement, Nuremberg a mis en place beaucoup de panneaux d’information sur le passé du Reichsparteitagsgelände, dans plusieurs langues. A chaque « lieu clé », on peut s’informer de ce qu’il représente. Pour compléter cette approche éducative, la ville aimerait organiser des événements artistiques au sein de ces Nazi Party Rally Grounds pour donner une perspective différente aux lieux.
A l’automne 2016, la ville a aussi fait chiffrer de manière plus précise le coût des travaux nécessaires pour préserver la structure du Zeppelinfeld et de la Zeppelintribüne : 73 millions d’euros pour 12 ans de travaux.
Ils ont enfin mené une véritable enquête auprès des visiteurs du Reichsparteitagsgelände pour savoir ce qu’ils venaient chercher ici. On y apprend que 237000 personnes ont visité le site en 2015, plus de 20000 ont été interrogées : seulement 20% de visiteurs étrangers et seulement 0.2% de Français et de Belges parmi les gens sondés ! Quand je vous disais dans un précédent article que Nuremberg était une destination insolite…
Evidemment, la majorité des gens viennent pour des raisons historiques (48%)… mais les locaux sont nombreux à y venir pour se détendre (39%). La ville a réalisé que les touristes étaient très demandeurs d’informations complémentaires : un fléchage plus précis des « itinéraires » possibles (actuellement, c’est mieux de venir avec son propre plan et son GPS !), des audioguides à utiliser sur le terrain, etc.
Impossible de savoir comment le lieu évoluera dans le temps… mais en tout cas, si cette période de l’histoire vous intéresse, c’est une visite qui ne laisse pas indifférent. On peut facilement y passer plusieurs heures. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à écrire mes articles sur le passé de Nuremberg car face à ce genre d’endroit, les impressions et les émotions se bousculent, on essaie aussi de trouver le bon équilibre pour raconter les lieux sans tomber dans le « cours d’histoire »…
Nuremberg n’a pas que ça à vous offrir. C’est une très belle ville, avec des rues pavées, une rivière aux eaux calmes enjambée par de jolis ponts, un château exceptionnel… et je vous conseille vraiment de lire mon guide pour savoir que faire à Nuremberg car c’est une super destination week-end en Europe !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Merci pour ce reportage tout en photos !
Merci Marguerite, je conseille vraiment de visiter cette ville, au-delà de son histoire compliquée c’est une jolie destination !
Salut ! Mariene,
Merci pour les infos infos et le témoignage contenus dans ce blog et cela prouve que les nazis avaient programmé de titanesques projets. Une construction telle que ce palais de congrès de Nuremberg est inimaginable en ce moment là.
Bonjour, merci pour le message. Oui, les projets étaient démesurés, je pense qu’ils avaient en tête l’idée que toutes les grandes civilisations avaient aussi accompli de grandes « prouesses architecturales » ayant laissé des traces dans l’histoire… et qu’ils aspiraient à reproduire ça.
Bonjour Marlène, je viens de tomber par hasard sur ce post passionnant ! Merci bcp ! Nous sommes de Lille mais vivons à Nuremberg depuis 2 ans (contrat d’expat). Et si au départ cette ville ne me faisait pas rêver, je dois dire que je n’arrive plus à m’imaginer vivre ailleurs… la quitter sera un creve cœur. J’essaie de la visiter en long en large et en travers. Je suis raide dingue de cette ville. J’ai découvert cette partie de Nürnberg il y a peu en fait… je l’ai exploré plusieurs fois à vélo et je cherchais l’histoire exacte de ce lieu… et je suis tombée sur votre guide ! Moi qui détestais entendre parler de la 2nde guerre mondiale… depuis que je suis ici je me suis passionnée et fortement intéressée par tout ce qui s’est passé et en particularité à Nürnberg… j’aime le côté paisible de ce parc, les pique nique en été… les pelouses grouillent de famille avec leur bbq, leur plaid… je trouve ça genial. Je suis allée au dokuzentrum avec un couple d’amis allemands de Nürnberg qui n’y avait js été et je n’en suis pas sortie indemne… c’est dur… très dur… on a fini dans les bras les uns les autres avec des larmes dans les yeux et des pardons qui n’avaient pas lieu d’être dans leur bouche. Je pense qu’il faut maintenir ces édifices car il faut garder en mémoire ce que ça représente mais en les transformant en d’autres choses
Merci en tout cas pour votre reportage. Je file regarder les autres
Sophie
Bonjour Sophie, en soi je trouve ça dommage que la ville soit méconnue des touristes français car elle est très agréable et jolie. C’est aussi l’occasion de mettre des images plus positives sur un nom qui résonne de manière dramatique dans les livres d’histoire.
Je suis tellement d’accord avec toi ! Tous nos amis et famille qui ont pu venir nous voir sont repartis sous le charme de cette ville que j’aime tant ♥️ ! Bon week-end à vous !
Bonjour,
Je suis tombé par hasard sur votre récit de voyage. Je cherchais des informations sur l’emplacement d’un camp d’officiers français à Nuremberg (Oflag XVIII sans plus de précision), suite à la lecture du récit de Guy Deschaumes Derrière les barbelés de Nuremberg.
Grâce à votre plan des Reichsparteitagsgelände j’ai pu visualiser l’emplacement de ce camp : quartier de Langwasser dans les casernes où logeaient les SA.
Je vais régulièrement en Bavière/Franconie et je connais bien ces lieux que j’ai visités plusieurs fois en compagnie d’un ami allemand d’où mon intérêt pour ce livre trouvé dans une brocante.
Je partage tout à fait votre sentiment de malaise à la visite de ces lieux chargés de la sombre histoire de la montée du nazisme. D’autant plus que j’ai vu un jour un homme faisant le salut nazi à la tribune Zeppelin se faire photographier par sa femme apparemment heureuse de cette transgression !
La lettre que j’ai écrite au maire de Nüremberg pour dénoncer ce comportement et le porter à sa connaissance m’a valu une réponse très détaillée de sa part, rappelant que le salut nazi est passible de la loi en Allemagne et qu’il est très attentif au fait qu’aucune manifestation nazie ne puisse avoir lieu sur le site et il ajoutait que les visiteurs avaient aussi une responsabilité et qu’ils pouvaient approcher les gens (des touristes étrangers pour la plupart d’après lui) qui s’adonnent à ce genre de comportement, pour leur expliquer la gravité de leur geste.
Il pensait que ce serait plus efficace que de placer des policiers pour interpeller ces personnes…
Je pense que la réponse à apporter n’est pas simple en effet, et que la ville fait des efforts sincères pour conserver ces installations historiques tout en en faisant un objet pédagogique, en témoigne le Dokumentationszentrum sur ces mêmes lieux.
Merci pour votre récit de voyage et vos remarques fort pertinentes sur les lieux que vous avez visités.
Bien cordialement,
Yannick
Merci beaucoup Yannick pour ce témoignage… Je sais que d’autres lieux que Nuremberg sont aussi confrontés à ce risque (souvent réalité) d’être un lieu de « pèlerinage » pour des sympathisants des idées nazies. Je pense à Braunau-am-Inn, ville natale d’Hitler, où la ville a engagé une complexe bataille juridique contre la propriétaire de la maison où il est né afin de la faire raser pour éviter les dérives.
C’est délicat car profondément perturbant, on préférerait, je crois, se dire que « ça n’existe plus », que ces idées sont mortes avec la chute du Troisième Reich. Sauf que la réalité rappelle régulièrement que ce n’est pas le cas… et ça implique de réfléchir à la nature « hybride » de ces lieux.
Merci beaucoup pour ce magnifique récit de voyage. Je m’apprête a faire un exposé d’allemand sur le site étant en école d’architecture. J’avais visité le centre de documentation déjà mais pas l’ensemble. Ton récit va m’aider. Encore merci pour l’émotion transmise :)
Merci à toi pour ton commentaire, contente que ça puisse t’aider !
Merci Marlène, toujours aussi intéressant.
J’attends impatiemment ton retour d’Auschwitz et la lecture de ton article sur ce « voyage » hors du commun.
Je sais que tu y es en ce moment (ou sur le retour) et j’espère que tu vas bien.
Hello, je vais me laisser le temps d’écrire cet article… ou plus probablement ces articles car il y a beaucoup de choses à dire, certaines pour les gens qui envisagent d’y aller et d’autres pour ceux qui s’intéressent vraiment à cette période de l’histoire. Ce n’est pas le genre de visite dont on veut bâcler le récit, clairement ;)
Marlène,
Je me doutes que tu a beaucoup à dire.
J’espère que tu y parlera également de toi et de ton ressenti.
Merci d’avance.
Quel intensité dans ce voyage… Après avoir suivi ton périple sur Instagram, lire cet article continue de me nouer le ventre. Ces pans de l’histoire nous sont si proches (par tous ces clichés, vus et revus dans nos livres d’histoires et documentaires) et à la fois si étrangers. Poser les pieds dans ces lieux emblématiques doit effectivement donner le vertige, un certain malaise, et pourtant il est essentiel de ne pas oublier. Merci pour ce billet, qui remue et intrigue à la fois.
Merci pour ton message ♥ A Nuremberg, j’ai davantage ressenti un sentiment de malaise qu’à Auschwitz, paradoxalement. Peut-être parce qu’il y a, quelque part, la peur de s’associer à ce passé par le simple fait d’être là. Est-ce « normal » de donner de la place à un lieu clairement associé aux nazis sur un blog voyage ? C’est un peu par hasard que je me suis retrouvée dans cette ville et j’avoue que je me suis posé pas mal de questions après avoir vu tout ça, notamment sur le risque d’attirer des gens malsains. Pas plus tard que cet été, il y a eu un défilé d’un demi-millier de néonazis à Berlin pour « fêter » les 30 ans de la mort de Rudolf Hess… donc bon, l’humanité n’est pas totalement sauvée :(
Auschwitz a suscité chez moi plus de compassion et de respect que de « malaise » à proprement parler. On s’attend à voir l’horreur et pour ma part, ce qui est passé au premier plan est le désir de porter la mémoire de tous ces gens et d’en tirer une leçon de vie qui remet bien à leur place certaines priorités. Il y a des petits soucis du quotidien qui, après ce genre de visite, paraissent vraiment dérisoires…
Bonsoir Marlène, et merci pour cette longue réponse que j’ai mis un temps fou à lire à tête reposée ! Je comprends tout à fait le malaise que cela peut susciter… Et quand on voit à quel point le moindre billet peut devenir viral sur la toile, il y a de quoi prendre des pincettes lorsque l’on traite de sujets avec un si lourd passif. Mais pas de souci avec cet article je pense, tu sais rester objective et en retrait, d’une certaine façon. Nier l’histoire ne sert pas à grand chose, et je trouve important de continuer à communiquer autour de ces évènements (ou lieux chargés d’histoire), qui trouvent parfois encore, comme tu le dis, si tristement écho dans notre quotidien contemporain.