Cette année encore, j’ai pu profiter de l’opération Paris Face Cachée que je vous conseille vivement si vous êtes curieux de découvrir les petits secrets que recèle Paris, loin de la foule des Journées du Patrimoine. Paris Face Cachée ouvre chaque année – sur réservation – les portes de lieux habituellement fermés au public, en petit groupe, dans des conditions privilégiées. Les réservations s’effectuent exclusivement sur le web au mois de janvier.
Après avoir visité les coulisses de l’aéroport d’Orly, les secrets de la Tour Eiffel, un centre de tri postal ou encore découvert les mystères de l’atelier d’Yves Saint-Laurent, je vous emmène cette année au sommet de la Tour de l’Horloge, située à la Gare de Lyon, à Paris !

La Tour de l’Horloge, symbole d’une nouvelle gare
La Gare de Lyon à Paris ? Voilà une logique qui a de quoi déboussoler les voyageurs de passage ! Le bâtiment porte ce nom car il a été construit à l’initiative de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), bien avant la création de la SNCF. Chaque région avait sa Compagnie et les départs pour le Sud de la France s’effectuaient depuis un embryon de gare construit en planches au milieu du 19ème siècle.
Des débuts pas franchement glorieux… et encore moins glorieux quand on sait que cette jeune gare de Lyon (qu’on appelait à l’époque un « embarcadère de chemin de fer », c’est plus exotique !) était située en face d’une grande prison, qui occupait toute la zone orangée ci-dessous… La prison avait tout de même accueilli quelques célébrités comme Victor Hugo et Arthur Rimbaud.

Le chemin de fer devenant de plus en plus populaire, on construit une vraie gare de 5 voies en 1855, que l’on agrandit à 13 voies à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1900. C’est un tel événement à Paris que l’on décide par la même occasion de détruire la prison, afin qu’elle ne choque pas les voyageurs arrivant en Gare de Lyon pour assister à l’Exposition Universelle.
Cette toute nouvelle gare voit apparaître la Tour de l’Horloge et ses 67 mètres de hauteur. Après tout, c’était le maître-mot de l’Exposition Universelle : il fallait marquer les esprits ! D’ailleurs, la toute première ligne du métro parisien – desservant la Gare de Lyon – a aussi ouvert ses portes à cette occasion.
Dans la Tour de l’Horloge
La Tour de l’Horloge abrite aujourd’hui des bureaux et toute une partie du bâtiment a été modernisée (ascenseur, etc). Mais nous pénétrons dans une zone réservée au personnel… et la visite commence dans une pièce exiguë où sont entreposés des drapeaux.

A une époque pas si lointaine, les chefs d’Etat européens qui venaient en visite officielle en France se déplaçaient souvent en train et s’ils passaient par la Gare de Lyon lors de leur séjour, un accueil en grande pompe leur était réservé. Ces drapeaux constituent une mémoire de la façon dont on décorait les trains en leur honneur.
Quelques marches plus haut, on débouche sur une salle carrée dont les murs portent les premières affiches originales de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Le PLM était un peu la « route des vacances » car les trains desservaient la Provence, les Cévennes, la Côte d’Azur et les Alpes.

Cette salle est aussi le point de départ du phénoménal escalier de la Tour de l’Horloge. Amis de la cuisse musclée, bonjour ! Il comporte… 400 marches ! C’est 116 de plus que l’Arc de Triomphe et 40 de plus que le premier étage de la Tour Eiffel. Oui, on ne plaisante pas avec le sport.
On ne distingue même pas le haut de l’escalier qui s’enroule et disparaît dans les hauteurs du plafond… et le sol s’éloigne vite quand on commence l’ascension.


400 marches à pied, ça use, ça use…
On débouche dans une salle étonnante, qui se situe juste derrière les cadrans de l’horloge. Comme Big Ben, la Tour de l’Horloge comporte 4 cadrans, un sur chaque face, ce qui permettait à tout Paris de lire l’heure à une époque où les montres n’étaient pas si répandues qu’aujourd’hui. Les cadrans sont entièrement recouverts de vitraux (140 m² au total) et mesurent chacun 6.4 mètres de diamètre.
La Tour de l’Horloge a été restaurée en 2005. Elle avait beaucoup souffert suite à la grande tempête du 26 décembre 1999 et le mécanisme de l’horloge s’était arrêté. On l’a remis en état avec un système de motorisation moderne.


L’horloge est aujourd’hui éclairée grâce à des néons et fonctionne à l’électricité depuis 1929 (au début du 20ème siècle, il fallait pas moins de 250 becs à pétrole pour l’illuminer à la nuit tombée !). Et pour continuer sur les chiffres, le poids des aiguilles est assez impressionnant : 38 kilos pour la grande et 26 pour sa petite sœur !

Le « train de la forêt »
A l’occasion de Paris Face Cachée, de très nombreuses photos d’époque étaient exposées. L’impressionnante crue de la Seine de 1910, par exemple, où l’eau arrivait jusqu’au pied de la Gare ; le départ des scouts en vacances dans les années 60 ; ou encore cette photo qui m’a marquée, montrant le « Train de la Forêt ».
C’était le nom très poétique donné à un train qui desservait la Forêt de Fontainebleau, uniquement les dimanches et fêtes. Les Parisiens pouvaient ainsi aller profiter de l’air pur et sur cette photo de P. Ramette, prise le 1er mai 1952, on s’y verrait presque ! La liaison ferroviaire existe toujours aujourd’hui.

Le panorama : vue sur Paris depuis la Tour de l’Horloge
Restent quelques escaliers, quelques efforts… mais le jeu en vaut la chandelle. On débouche dans une salle possédant 4 étroits balcons, un sur chaque façade. Ne reste plus qu’à en prendre plein la vue !





La Tour de l’Horloge est souvent ouverte au public lors des Journées du Patrimoine, profitez-en si vous avez aimé cet article !
Hello ! Je suis en congé maternité jusqu'à l'été 2023. Pendant cette période, les commentaires sont fermés.
Oh! C’est ce genre de choses qui m’intéressent à Paris, les cata, les lieux historiques pas forcément accessibles, voir cette ville d’autres angles. Sympas ces photos, perspectives;-D
Paris Face Cachée est vraiment top pour ça… et puis, il faut aussi être à l’affût des sorties insolites, souvent organisées par des associations ! C’est comme ça que j’ai pu entrer dans la carrière des Capucins, située sous l’hôpital Cochin (via une association d’archéologie). Il y a parfois des visites d’imprimeries de nuit aussi.
Un article tres interesant et bien ilustres. Tes photos sont belle.
Cordialement Cathychi28
Merci !